Rêves : incendie sur la rue où j’habite, les flammes sont si véridiques qu’elles me réveillent; je me rendors et me trouve en présence de déclarations d’une connaissance affirmant qu’il aime tuer des animaux “pour le plaisir puisque c’est un sport”, on se moque de mon indignation, on me critique, apparemment, je n’ai plus que des défauts , je sais que je pourrais interpréter Minnie dans Oh les beaux jours ! de Beckett mais qu’on ne me proposera jamais puisque personne ne me connaît; puis, en rêve, je m’éveille dans un lieu inconnu, tous les oiseaux migrateurs ont pris leur envol et je suis radicalement seule.

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Pour l’incendie, sans doute l’un des deux qui m’ont tant impressionnée lorsque j’étais gamine – celui dans l’immeuble face à celui que nous habitions, rue Van Horne, où un chaton se tenait sur le bord d’une fenêtre dans l’immeuble en feu, puis la maison des Haus que Billy avait mis en feu parce qu’il voulait tuer sa grand-mère (mais elle s’en était tirée, c’est lui qui en avait été retiré en piètre état).

Hier soir, j’en étais au 5e rêve dans La Course de Boulgakov* quand j’ai posé le livre, sur le point de suffoquer. Ce qu’ils ont dû lui rendre la vie impossible, à cet homme – oser écrire une pièce de théâtre pareille ! Et les autres, et les récits, ne parlons même pas du Maître et Marguerite !

Juste avant d’en commencer la lecture, j’avais lu un compte-rendu du procès de Sarkozy dans lequel il charge constamment son directeur de cabinet de l’époque, Claude Guéant, sans que ce dernier ne proteste, et sans même se rendre compte qu’il lui aurait fallu une naïveté incommensurable pour se laisser manoeuvrer de la sorte, lui, le Sarkozy pontifiant ne songeant qu’au bien-être des Français et au triste sort des infirmières bulgares retenues par Khadafi. Le mensonge comme élément essentiel dans lequel il vibrionne, déjà condamné dans une autre affaire, inconscient de sa transparence.

Mentir. C’est plus qu’une mode mainteant, dire la vérité, c’est tellement passé. La règle du jour exige qu’on fanfaronne.

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La course des cancrelats à Constantinople, dans La Course de Boulgakov. Souvenir d’une nuit à Tel Aviv, réveillée par la soif, je me rends à la cuisine pour un verre d’eau, j’allume et devant moi, le mur semble recouvert d’un rideau rose, ondoyant – une masse de bébés cancrelats comme des crevettes miniatures qui se déplacent à toute vitesse et disparaissent comme une illusion.

*Mikaïl Boulgakov, La Course, préface et traduction d’André Markowicz, Editions Mesures 2025

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Illustration : les balles de jonglage en tissu – une façon de se re-centrer quand la tête devient trop lourde.

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Dreams: fire on the street where I live, the flames are so realistic that they wake me up; I go back to sleep and find myself facing declarations by an acquaintance stating he loves killing animals “for the fun of it since it’s a sport”, I am made fun of because of my indignation, I’m criticized, apparently I have nothing but failings, I know I could interpret Minnie in Becket’s Oh Happy Days! but I will never be offered the role since no one knows me; then, in the dream, I wake up in an unknown place, all the migrating birds have flown away and I am radically alone.

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For the fire, no doubt one of the two that impressed me so much when I was small – the one in the building facing the one where we lived, on Van Horne Street, where a kitten was standing on the window ledge in the burning building, then the Haus’ house that Billy had set on fire because he wanted to kill his grand-mother (but she made it out safely, he’s the one who was pulled out in sorry shape.)

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Last night, I had reached the 5th dream inn Bulgakov’s The Race when I put down the book, feeling as if I was about to suffocate. What an impossible life they led to that man – daring to write such a play ! And all the rest, the stories, let’s not even mention The Master and Margarita !

Just before starting to read it, I had read an account of the Sarkozy’s trial in which he is constantly laying the blame on Claude Guéant, his chief of staff at the time, without a word of protest from the man and without realizing how it would have taken an unmeasurable amount of naiveté on his part to let the man maneuver him in that way, him, the pontificating Sarkozy whose only thoughts were for the well-being of the French and the sad fate of the Bulgarian nurses held by Khadafi. Lies as the essentiel element in which he flutters, already condemned in another trial, unconscious of how transparent he is.

Lying. It’s more than a fashion now, truth-telling is so passé. Blustering is the rule of the day.

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The coakroach race in Constantinople, in Bulgakov’s The Race. Brings up the memory of a night in Tel Aviv when thirst awoke me, I headed to the kitchen for a glass of water, turned on the light and saw before me a wall that seemed to be covered by a pink curtain waving back and forth – a mass of baby cockroaches like miniature shrimp, moving out of sight in all speed and disappearing like an illusion.

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Illustration : juggling balls made of fabric, as a means of re-centering when thoughts get too heavy.