
Rêves : famille totalement excentrique avec des parents qui se feraient congédiés s’ils disaient ce qu’ils pensent vraiment et il faut s’y résigner; puis, description de planques pour skieurs où il est possible de vivre tranquilles et qu’on leur fiche la paix; puis, je donne un cours d’anglais à des ados français; puis j’appelle ma mère en me faisant passer pour mon père afin de lui faire croire qu’il n’est pas mort, elle marche dans la combine pour un moment, avant de demander pourquoi je parle dans ma voix si je suis mon père, et je m’éveille. En ouvrant les yeux, mentalement, je suis sur le palier où les Boulgakov et les Mandelstam ont voisiné pour quelques mois en 1934.
Ceci parce que j’étais plongée dans La Quatrième Prose* quand je me suis endormie hier soir, avec toute l’histoire du “maître” dans Le Maître et Marguerite mais aussi dans la question posée à ce sujet par Staline à Pasternak.
*Ossip Mandelstam, La Quatrième Prose et autres textes complémentaires rassemblés, présentés et traduits par André Markowicz, Editions Mesures, 2025.
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Mais une fois levée, mes pensées refluent vers la réflexion que je me faisais hier – au sujet de cette transition qui a vu l’humanité passer d’une collectivisation monstrueuse, sans la moindre considération pour l’individu, unique et précieux pour cette raison même, à cette hyper-individualisation entièrement contrôlée par des intérêts commerciaux et dans laquelle se dissout tout notion d’empathie, de lien ou d’intérêt réel pour l’autre, donnant naissance à des affrontements en ligne vides de sens et une crétinisation généralisée du discours partout. (Dans le rêve de la nuit dernière où j’enseignais l’anglais, les jeunes ne voulaient apprendre qu’une chose : des slogans avec lesquels s’en prendre “aux imbéciles là-bas.”) Pendant que les véritables imbéciles font la loi.
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Allez. Ce matin, je vois que les Américains se sont dotés d’un chef des armées d’un crétinisme avéré, en attendant la nomination des autres imbéciles voulus par un président voyou.
L’oxygène de l’intelligence humaine, plus essentiel que jamais.
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Dreams : totally eccentric family with parents who would get fired if they said a word of what they truly think, and you have to put up with it; descrptions of shacks for skiers where they can be quiet and left in peace; then I’m giving English lessons to a bunch of French teenagers; then I’m calling my mother, passing off for my father so she’ll think he’s not dead yet, she goes along with this for a while before asking why I’m speaking in my own voice if I’m my father and I wake up. Opening my eyes, mentally, I’m on the landing where the Bulgakovs and the Mandelstams were neighbors for a few months in 1934.
That because I was deep into La Quatrième Prose when I went to sleep last night.
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But once on my feet, my thoughts flow back to the though I had yesterday – concerning this transition that saw humanity go from a monstrous collectivization, without the slightest respect for the individual, to this hyper-individualization totally controlled by commercial interests and in which is dissolved any notion of empathy or or real interest for the other, giving rise to empty and meaningless online confrontations and overall dumbing down of discourse everywhere. (In that dream last night where I was teaching English, all the kids wanted to learn were slogans attacking “all those idiots over there”. ) While the true idiots rule.
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Onward. This morning, I see the Americans have named a declared cretin as chief of their armies, while awaiting the nominations of the other cretins desired by their hoodlum of a president.
The oxygen of human intelligence, more essential than ever.