
Rêve : vague, très vague souvenir-impression d’un enfant errant. Et c’est tout.
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Journée comblée hier. D’abord, par l’arrivée des titres illustrés ci-haut que je regarde, que j’ouvre, que je feuillette. Impression d’avoir gagner à une lotterie sans même en avoir eu conscience de m’y inscrire.
Puis, parce que le colis était arrivé le 23, j’ai lu le poème d’Iliazd portant cette date :
23 janvier
La nuit qui vous protège c’est janvier
elle est inépuisable et magnanime
les objets nains que dis-je coutumiers
fondent non vus volant de cime en cime
L’étoile brille cesse de briller
sa loi est de se taire loi sublime
et votre coeur nordique tout entier
aime est aimé bat dans le iambe et rime
Mais la vague enfermée dans le glaçon
ne rêve que débâcle et en prison
dans son éther son éternité blanche
le nuage n’attend qu’un vent frivole
La neige se prépare à l’avalanche
le condamné à mort à la parole
Iliazd
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Puis, Camille Messager arrive et nous passons plus de trois heures à parler des récits et des personnages de L’Horloger des Brumes, mais aussi de l’environnement physique de la Vallée des Brumes, de ses habitants, de l’apparence de L’Horloger, des gamins, de l’Ogresse…pendant qu’elle joue avec ses impressions dans son carnet d’esquisses et que nous regardons d’autres de ses dessins en lien avec les récits. Etonnant, inhabituel, tant de points de convergence dans l’approche et la compréhension. En soirée, je lis La Folie Tristan dans la traduction de Françoise Morvan*. De là vient peut-être le chevalier errant, une fois endormie ? sauf que dans le rêve, il s’agit bien d’un enfant. Un peu comme l’ami imaginaire avec lequel j’ai passé tellement de temps quand j’étais petite. Il habitait au loin, très loin, et c’était très bien comme ça, puisque ça voulait dire que je serais très, très loin, un jour, moi aussi.
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Voilà. Il n’y aura rien d’autre ici ce matin, au dehors, tempêtes, horreurs et stupidités font rage, je n’en doute aucunement. Mais, hier, quand j’ai ouvert Un An de Guerre, à la fin de la chronique du 2 janvier 2022, j’ai lu ceci : “Qu’est-ce que j’appelle la beauté ? C’est quelque chose qui existe en soi — quelque chose dont, même si (et surtout si) on ne le comprend pas, on sent que ça possède son harmonie, sa cohérence…”**
C’est là-dessus que je souhaite commencer ma journée.
*La Folie Tristan suivi de Le Lai du Chèvrefeuille, texte établi, traduit et présenté par Françoise Morvan, Editions Mesures 2021
**André Markowicz, Un An de Guerre, Partages, 2022, Editions Mesures 2025
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Dream : vague, very vague memory-impression of a wandering child. And that’s all.
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Fulfilling day yesterday. First by the arrival of the titles illustrated above I look at, open, leaf through. Feeling as if I’ve won at a lottery without even being aware I had entered in one.
Then, since the parcel arrived on the 23rd, I read the poem by Iliazd bearing that date.
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Then, Camille Messager arrives and we spend over three hours talking about the tales and the characters, but also the physical environment of the fog-filled Valley, of its inhabitants, of the Time Keeper’s appearance, of that of the children…while she plays with those impressions in her sketchbook and we look at some other of her drawings related to the tales. Astonishing, unusual, so many points of convergence in the approach and the understanding. During the evening, I read the medieval tale of Tristan’s folly in Françoise Morvan’s translation. Perhaps this is where the wandering knight emerged from while I slept ? Except in the dream, he was but a child. Something like the imaginary friend I spent so much time with when I was small. He lived far, far away, and that was truly fine because it meant that I would also be far far away, some day.
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Voilà. There will be nothing else here this morning, outside, storms, horror and stupidities rage on, I don’t doubt it in the least. But yesterday, when I opened Un An de Guerre (One Year of War), at the end of the column for January 2nd 2022, I read the following : “What do I call beauty ? It’s something that exists in itself – something of which even if (and mostly if) one doesn’t understand it, one senses that it carries its harmony, its coherence…”
On that I wish to begin my day.