
Du rêve, au réveil, ne reste que l’impression qui se dissipe déjà, l’impression de ce moment où deux êtres font l’expérience d’une harmonie qui semble dire oui, voilà, voilà l’état dans lequel la vie se déroulera dorénavant. Héloïse et Abélard au moment où ils cessèrent de lire, où leurs doigts se touchèrent sur la page, où la vérité de leur rapport fut une évidence bénie, et non pas encore l’horreur que les autres en firent.
Au réveil, comme une consolation pour le rêve envolé, si fugace malgré sa sensation d’éternité, en boucle, un extrait de l’Oratorio de Noël. Pas l’ouverture éclatante de cuivre, tambours et trompettes, l’un des passages, lyrique comme un état de grâce.
Dehors, un ciel gris et maussade. Hier, j’ai mis au four une plaque entière de chaussons au mincemeat pour celles qui les apprécieront peut-être – la Sud Africaine, et mon amie l’instit’ avec qui je mangerai demain – quoique manger soit une opération délicate pour moi ces jours-ci, j’ai toujours plaisir à préparer de la nourriture et à voir d’autres l’apprécier. Puis, j’ai regardé des danseurs sur Arte – danseur étoile dans le cas de Guillaume Diop, mais aussi les “graines d’étoile” – ce que sont devenus quelques-uns des “petits rats” de l’Opéra de Paris après les sept examens internes fixant leur statut dans la hiérarchie. Etre ou ne pas être membre de la “quadrille” jusqu’à ce que le corps ne le puisse plus.
Au moment d’aller me coucher, Jean-Marc Adolphe dispensait encore texte sur texte sur facebook – tous du plus grand intérêt, sans aucun doute, mais trop, et il est inutile de le lui dire, il ne peut pas s’en empêcher. Je les lirai tous, bien sûr, (avant ou après la prochaine livraison ? Qui sait.) Mais je ne partage pas cette frénésie qui est la sienne et je peux comprendre que certains s’en agacent, d’autant que c’est toujours accompagné d’un appel à dons, nécessaires, essentiels, mais… Trouver le bon équilibre dans les sollicitations – pas évident.
Pendant que de mon côté, l’Horloger n’a réussi qu’à se soulever péniblement en préparation de son ultime Cérémonie du Nommage – je suis peut-être l’exact opposé de Jean-Marc en matière de vitesse d’exécution.
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Pendant que l’alto continue de chanter “Shlaff, mein Liebster, geniesse der Ruh” dans ma tête.
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Of the dream, upon waking, only remains the impression already drifting away, the impression of that moment when two beings experience a harmony that seems to say yes, here it is, here is the state in which life will play out from now on. Heloise and Abelard, at the moment when they stopped reading, when their fingers touched on the page, when the truth of their relationship was like a blessed obviousness, and not yet the horror others turned it into.
Upon waking, like a consolation for the dream drifting away, so fleeting despite its sensation of eternity, over and over again, an excerpt of the Christmas Oratorio. Not the opening, sparkling with drums and trumpets, one of the excerpts, as lyrical as a state of grace.
Outside, the sky is grey and glum. Yesterday, I baked a trayful of mincemeat turnovers for those who might appreciate them – the South African woman, my friend the school teacher with whom I’ll be eating tomorrow – although eating is a tricky proposition for me, these days, I still enjoy preparing food and seeing others enjoy it. Then, I watched dancers on Arte – a star like Guillaume Diop, but also the “seeds of stars” – what has become of some of the Paris Opera’s “little rats” following the seven internal exams establishing their status in the hierarchy. To be or not to be part of the “quadrille” while the body can still take it.
As I was getting ready for bed, Jean-Marc Adolphe delivered another slew of texts on facebook – all of them most interesting, undoubtedly, but too much, and telling him so is useless, he can’t help himself. I will read them all, of course (before or after the next delivery ? Who knows.) But I don’t share this frenzy of his, and I can understand that it be annoying for some, since it always comes with an appeal for funds – necessary, essential even. Finding the right balance – not always obvious when it comes to money sollicitations.
While at this end, l’Horloger only managed to raise himself painfully to a standing position in preparation for his ultimate Naming Ceremony – I may be Jean-Marc’s exact opposite when it comes to speed in execution.
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While the alto goes on singing “Shlaff, mein Liebster, geniesse der Ruh“ in my head.