7 décembre 2024

Rêves : pour une raison non spécifiée dans le rêve, je devais participer à un repas avec un groupe de chasseurs de renards, stupides et prétentieux, la chose était non négociable; puis, on me donnait un testament sur papier parchemin à relire pour les coquilles, je cherchais à m’isoler pour le faire mais on m’interrompait sans cesse et on me surchargeait d’autres documents et je me demandais à quoi bon; puis un article dans Le Devoir de Montréal recensait les textes soumis à un concours d’écriture, y compris le mien qui avait été refusé, dans l’article mon “nom de jeune fille” était suivi des mots “auteure mineure”, on faisait ensuite la critique du texte en question, je tentais de faire la lecture de la critique à l’une de mes soeurs que la chose n’intéressait pas du tout, alors je montais dans ma chambre y pleurer toutes les larmes de mon corps, comme Alice, parce qu’on s’autorisait à critiquer un texte déjà refusé, et en raison de ce jugement de “mineure” comme un rejet public asséné par un parfait inconnu qui avait, lui ou elle, droit de cité dans le journal le plus respecté du Québec.

Comme Alice, oui, pleurant tellement qu’elle se retrouve à nager dans ses larmes.

Tout ça pourquoi ? Je ne sais pas. Hier, la Sud-Africaine au mari irlandais est venue me porter des fruits confits et un pot de “mince meat” qu’elle commande d’Angleterre (je lui avais mentionné les tartes chez ma grand-mère maternelle) et je me suis couchée en pensant à ‘Nen’ la bonne d’enfant, gouvernante, femme de ménage et bonne à tout faire qui avait travaillé toute sa vie chez ma grand-mère, sans jamais recevoir le moindre salaire, et qui se serait retrouvée à la rue si les enfants ne s’étaient pas cotisés pour lui obtenir une place dans une maison de retraite anglophone à Montréal. Les méchancetés et les bontés gratuites, rien à y comprendre. (D’où les chasseurs de renards stupides et prétentieux, je suppose, ‘Nen’ était anglaise et aurait été chassée de son emploi de bonne en Angleterre, après avoir été engrossée par le proprio ou son fils.)

*

Je me sens à mille lieues des inepties journalistiques, ce matin et, toute “auteure mineure” que je sois (et bien contente de ne pas être soumise au jugement de qui que ce soit), je continue à prendre des notes dans le gros cahier noir, et à placer des morceaux de ces textes dans la version sur écran. Sans la moindre envie de verser toutes les larmes de mon corps; de toute façon, la soeur dans le rêve que la chose n’intéressait en rien n’a jamais eu le moindre intérêt pour la lecture, alors…

Mise à part la cuisine délicieuse de Nen détruisant à jamais la notion d’une cuisine britannique insipide, my deux choses préférées chez ma grand-mère: la collection des premières éditions du National Geographic avec ses photos colorées à la main; et nourrir les tortues de Nen avec de la laitue lorsque j’étais exilée à la cuisine pour une raison ou pour une autre (ce qui ne me faisait jamais l’effet d’une punition, loin de là.)

*

Et je joue avec ma collection de pierres et de cailloux lorsque les mots mettent du temps à s’assembler correctement dans ma tête. Electron libre, autant que faire ce peut.

*

Dreams : for some reason unspecified in the dream, I had to participate in a meal with a group of stupid and pretentious fox hunters, this was non negotiable; then, I was given a will on parchment paper to read for typos, I tried to isolate myself but was constantly interrupted and loaded down with documents and I asked myself what the point was to all of it; then an article in Montreal’s Le Devoir discussed the texts submitted to a writing contest, including my own which had been refused, under my “maiden name” followed by the words “a minor author”, the text was critiques, I tried to read it to one of my sisters who wasn’t the least bit interested, so I went up to my room and cried all the tears in my body, like Alice, because someone was authorized to criticized a text that had already been refused, and because of that judgment qualifying me as “minor” like a public rejection delivered by a total unknown who had the benefit of writing in Quebec’s most respected newspaper.

Like Alice, yes, crying so much she finds herself swimming in her own tears.

All that for what reason? I don’t know. Yesterday, the South African with an Irish husband came over to bring me candied fruit and a jar of mince meat she orders from England (I had mentioned the pies at my maternal grandmother’s) and I went to bed thinking of ‘Nen’, the combination baby sitter, governess, cleaning lady and all-round housemaid who worked her entire life at my grandmother’s, without ever receiving a penny as salary and who would have found herself out on the street had the children not pitched in to pay for her final days in an English-speaking retirement home in Montreal. Gratuitous nastiness and kindness, there’s nothing to understand about either. (Which explains the stupid and pretentious fox hunters, I suppose, since ‘Nen’ was British and was said to have been thrown out from her work as a maid after the owner or his son had impregnated her.)

*

I feel a thousand miles away from journalistic ineptitudes this morning, and no matter how “minor” an author I may be (and perfectly happy not to be subjected to appraisals by anyone) , I go on taking notes in the thick black notebook and placing pieces of these texts in the typed screened version. Without the slightest urge to shed every tear in my body; in any event, the sister in the dream who showed no interest has never had the slightest interest in reading, so…

Apart from Nen’s delicious cooking that put to rest every notion of British food being tasteless, the two favorite things at my grandmother’s : the collection of first-generation National Geographic magazines with hand-colored photographs; and feeding lettuce to Nen’s turtles when I was banished to the kitchen for some reason or other (which never felt like a punishment, far from it.)

*

And play with my collection of pebbles and stones, when words need time to assemble correctly in my head. Free spirit, as much as possible.

Leave a comment