3 décembre 2024

Rêves – il ne me reste que le dernier : dans une région ressemblant beaucoup aux Territoires du Nord-Ouest canadien, on a trouvé des artefacts très anciens et un débat s’engage à savoir s’il faut les verser à un fonds muséal ou les remettre à des gens qui pratiquent encore le même style de vie que ces anciens, quelqu’un m’inclue de façon non-officielle dans le fil de discussion.

Au réveil, mes premières pensées, en lien avec ce rêve, sont pour deux peuples dont l’anthropologue Nastassja Martin fait état dans le livre À l’Est des Rêves*: les Gwich’in d’Alaska et les Even au Kamtchatka. Livre que je n’ai pas relu depuis son acquisition en 2022; je le ressors, et note que j’ai marqué au crayon une section de la Troisième Partie intitulée Cosmologies Accidentelles, celle sur la naissance des pensées dans rêver avec, rêver sans, rêve projectif et rêve animique et rêver sans chamane. À relire, donc.

* Nastassja Martin À l’Est des Rêves, réponses Even aux Crises Systémiques, éditions la découverte, 2022

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Manifestement plus en lien avec ce que j’écris en ce moment qu’avec l’actualité politique où en France, notamment, les batailles d’égos et d’appareils l’emportent largement sur les intérêts des citoyens dans la crise gouvernementale – oui, le gouvernement va “tomber”, non les deux motions de censure ne se rejoindront pas, et ainsi de suite – pendant que le commun des mortels se demande ce qu’il en sera de divers “avantages sociaux” qui permettent à certains d’atteindre les fins de mois. Quant à “l’étranger”, qu’il soit ailleurs ou parmi nous…(passage de Nathalie chez-moi hier, résidant toujours dans la zone grise des sans-droits qui doivent tout de même loger et nourrir leurs enfants, n’est-ce pas ?)

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Allez, un regard sur les infos. Dans les mails, la Sud-africaine qui vient pour de la conversation française me demande si je ressens “a sense of darkness” – un sentiment de noirceur et de malaise. Je lui réponds qu’au vu de la situation générale, le contraire serait étonnant et lui propose que nous en parlions cet après-midi.

Idlib, Kherson, Hebron, Biden utilisant ses pouvoirs présidentiels pour un pardon à son fils, analyse des erreurs de Michel Barnier amenant les motions de censure, tout tout tout dans le mode superficiel qui est maintenant obligatoire dans les “infos en continu” – le temps dépecé en millisecondes comme des lamelles de vie sous un microscope – était-ce un rein ? un foie ? comment le savoir ?

J’ouvre À l’Est des Rêves – un passage marqué au crayon aux pages 161-162 au sujet des rêves : “L’un dérive des états d’âme et de corps, l’autre anticipe sur les événements. L’un manifeste des souvenirs, des désirs ou des manques, l’autre est un signe qui vient du dehors vers l’âme, susceptible de modifier sa trajectoire. “Comment reconnaître si on a affaire à un rêve d’état ou à un songe d’événement ?demande Foucault. Voilà une question à laquelle on entraîne les enfants à penser dès leur plus jeune âge dans la forêt d’Icha : comme les Ojibwa, “ils vont à l’école lorsqu’ils rêvent.”

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Dreams – I only remember the last one: in a region very similar to that of the Canadian Northwestern Territories there has been a find of very ancient artefacts and a debate takes place as to whether they should be turned over to a museum collection or handed over to people who still have the same lifestyle as those ancients, someone unofficially works me into the discussion thread

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Upon waking, my first thoughts relative to this dream, are for the two peoples anthropologist Nastassja Martin studies in her book À l’Est des Rêves*: theGwich’in in Alaska and the Even of Kamtchatka. A book I haven’t re-read since its acquisition in 2022; I pull it out and note that I marked off in pencil a section in the Third Part titled Accidental Cosmologies, the one on the birth of thoughts in dreaming with, dreaming without, projective and animistic dreaming, and dreaming without a shaman. So, I must read again.

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This is clearly more related to what I am writing at the moment than to the political realities where here in France, notably, the battles of egos and political machines vastly outweigh the citizens’ interests in a governmental crisis – will the government “fall” yes or no, will the two votes of no confidence join together or not, and so on – while the common man or woman’s concern is what will become of various “social benefits” allowing some to make it to the end of the month. As for the “stranger” in our midst or elsewhere…(Nathalie came by yesterday, still a resident of the grey zone of those without rights but who must feed and shelter their children nonetheless, yes ?)

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All right, a glance at the news. In the emails, the South-African woman who comes over for French conversation asks me if I have “a sense of darkness” and unease. I answer that in light of the overall situation, the opposite would be surprising, and suggest we talk about it this afternoon.

Idlib, Kherson, Hebron, Biden using his presidential powers to pardon his son, analyses of Michel Barnier’s errors that lead to the motions of no confidence in France, all of it, absolutely all, in the superficial mode that is now required in the ongoing news feeds – time reduced to milliseconds like specimens under a microscope – was this a kidney ? a liver ? who’s to know ?

I open À l’Est des Rêves (East of Dreams)- a passage marked in pencil on pages 161-162 concerning dreams: “The one derives from states of soul or body, the other anticipates on events. The one manifests memories, desires or lacks, the other is a sign arriving from the outside of the soul, susceptible of modifying its trajectory.How to recognize if we are dealing with a dream of a state or of an event?” asks Foucault. That is a question to which children are trained to think from a very young age in the forest of Icha: like the Ojibwa, they “go to school in dreams”.

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