
Rêves : Un membre du personnel politique de l’époque était furieux contre moi, je croyais qu’il partait en claquant la porte, au contraire, il était en train de la barricader de l’intérieur, je me tenais très droite sans savoir ce qui m’attendait, mais m’attendant à tout (sans savoir ce que cela voulait dire); puis, dans une revue du type Vogue ou Vanity Fair, des portraits d’hommes compatissants – une vedette de cinéma philantrope, un environnementaliste, un sergent parlant de son attitude evers “ses” soldats; puis je suis en visite chez une amie Turque, on toque à la porte, j’ouvre et je vois un petit gamin à l’oeil malicieux (4? 5 ans?) qui me dit “ta mère a oublié de te dire quelque chose” et le quelque chose, ben, c’est lui, le petit Piero qui doit veiller sur moi. Je le prends dans mes bras, ma copine veut le tenir aussi, il est à la fois un gamin et pourtant un homme; puis je cherche le chat, Miss Rosa, je l’appelle, je l’entends bouger au-dessus de moi, apparemment, elle a découvert l’accès à des combles dont j’ignorais l’existence.
Après une journée à lire au sujet des êtres qu’on aligne pour notre plus grand malheur à tous, des rêves tout à fait les bienvenus. Que faut-il pour créer des monstres pareils ? Un égoïsme hors-norme, quelle que soit l’origine qu’on veuille lui trouver, une surestimation de ses propres talents comme seule valeur qui importe, accompagnée d’un mépris à base de crainte des autres (au cas où ils découvriraient les failles et les exploiteraient).
Entretemps, au ras les pâquerettes, on toque à ma porte hier; c’est mon voisin qui n’a pas payé sa facture d’électricité. Chose qui arrive chez ceux dont les revenus sont si limités qu’ils alternent entre la facture d’électricité, la facture d’eau, l’achat de nourriture, le règlement du loyer… Il me demande : “Tu as encore du courant ? – Oui, pourquoi ? – Ben, c’est mort chez moi.” Et effectivement, à l’entrée de la trève hivernale (interdiction de couper le courant entre le 1er novembre et le 31 mars) , il se retrouve sans chauffage. (En attendant un règlement de la situation, l’école de cirque derrière chez-nous l’a autorisé à “tirer une ligne”. Parce que, c’est vrai, il ne fait pas chaud – 2° à 4° ici, la nuit.)
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Le renard de cendre, l’un des contes dans L’Amour des Trois Oranges de Françoise Morvan*. Il y a souvent des renards dans ses livres, dont les fourrures dans un coffre dans Brumaire, semblables aux renards aux yeux de vitre et à l’odeur indéfinissable que ma mère portait autour du cou. Mais le renard de cendre est mon préféré avec celui qui joue à l’esquive ailleurs dans ses poèmes et ses récits – à peine vu, jamais pris.
Oui, journée vraiment épuisante hier, à lire au sujet de cette bande ultra-toxique d’oligarches traitant le monde comme leur terrain de jeu. J’espère avoir fourni assez d’éléments à Jean-Marc Adolphe pour qu’il y trouve matière à tisser son texte. De toute façon, aujourd’hui, il y a cirque en matinée, conversation française avec l’Africaine du Sud en après-midi, et, juste, peut-être, quelques minutes pour aller voir ce que le chat a découvert sous les combles dans le rêve de la nuit dernière ?
*Françoise Morvan, L’Amour des Trois Oranges, Editions Mesures 2023
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Dreams : A member of the political staff from yesteryear was furious against me, I thought he was leaving, slamming the door shut but no, quite the contrary, he was barricading it from the inside, I was standing very straight without knowing what to expect, but ready for anything (without knowing what that meant); then, in a magazine like Vogue or Vanity Fair, portraits of compassionate men – a movie star philanthropist, an environmentalist, a sergeant talking about his attitude toward “his” men; then I was visiting a friend from Turkey, there was a knock on the door, I opened it and saw a little boy with a mischievous twinkle in his eye (he was 4? 5 years old?) who tells me “your mother forgot to telle you something”, and the something is none other than him, little Piero who must look after me. I take him into my arms, my friend wants to hold him also, he is both a little kid and yet a man; then I’m searching for the cat, Miss Rosa, I call out, I can hear her moving around above me, apparently she’s discovered an access to an attic I knew nothing about.
After a full day of reading about beings lining up for the greater misfortune of all, the dreams were a welcome respite. What do you need in order to create such monsters? An extraordinary amount of egotism, whatever origin you may wish to find for it, an over-evaluation of one’s own talents as being the value value that matters, matched by a disdain for others tinged with fear (in case they should discover the flaws and take advantage of them.)
Meanwhile, in the down-to-earth world, there was a knock on my door yesterday morning; it was my next door neighbor who hadn’t paid his electricity bill. This is something that happens with folks whose revenues are so limited that they alternate between paying the power bill, the water bill, buying food, paying the rent… “Any power in your place?” – Yes, why? – Well, it’s dead at my place.” And sure enough, despite the winter break (between November 1st and March 31st, power cuts are forbidden in this country), his electricity was shut off yesterday morning. (Until the situation is resolved, the circus school behind our place has authorized him to “run a line” to his place. Because, really, it isn’t warm over here (2° C- 4° at night).
Le renard de cendre, (The Ashen Fox, but it sounds better in French), one of the tales in Françoise Morvan’s L’Amour des Trois Oranges. Foxes often show up in her books, including the furs in the closet in Brumaire, similar to the foxes with glass eyes and the peculiar smell my mother wore around her neck. But the ashen fox is my favorite, along with the one who keeps slipping away elsewhere – barely glimpsed at, never caught.
Yes, a truly exhausting day yesterday, reading about the bunch of ultra-toxic oligarchs treating the world like their playground. I hope I’ve provided Jean-marc Adolphe with enough material for him to weave into his text. In any event, today is circus in the morning, French conversation with teh South African woman in the afternoon, and, maybe a bit of time to go see what it was the cat had discovered under the eaves in the dream last night?