21 octobre 2024

Rêves : sous le poids de fausses accusations, la tête du chat est mise à prix; puis, je sors d’une maison – sorte de combinaison de toutes les maisons familiales de l’enfance – je m’en vais faire des courses en ville et je trouve ma soeur cadette qui m’attend sur le trottoir pour m’accompagner, je compte prendre le bus parce que c’est loin, pas question, tranche-t-elle, nous irons à pied, non j’irai en bus, dis-je et, son ton devenant plus autoritaire et querelleur, j’abandonne mon projet de sortie, rentre à la maison où je jette quelque chose aux ordures dans la cuisine, depuis le salon, ma mère veut savoir ce qui se passe, je la retrouve entourée de chiens et de chats (elle qui ne pouvait pas les supporter), je lui explique que je retourne travailler dans ma chambre; puis, je suis sous des combles en voie de transformation en logement de style loft et, ensuite, invitée au lancement d’un disque d’une nouvelle vedette, une femme me fait déplacer vers une des tables de devant et explique son geste à l’organisateur qui l’approuve et me sourit.

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Evidemment, mon espace ne se transformera pas en loft de sitôt, mais il est vrai que des amis viendront me donner un coup de main la semaine prochaine pour déplacer des meubles et ré-organiser mon espace de travail; en prévision de quoi je suis en train de disposer d’une accumulation de vieux papiers et de livres que je ne relirai jamais. Tout en revisant des sections initiales dans L’Horloger des Brumes, réfléchissant aux années qui se déroulent dans “le monde d’en-haut” avant la section se déroulant en 2180. Avant de retomber dans le très grand foutoir du monde – dans lequel, préoccupation prioritaire ici, le contact avec un avocat au sujet du dilemne dans lequel se trouvent Nathalie et ses enfants suite au rejet de sa demande de recours.

En arrière-plan dans ma tête: le poème Vertumne de Joseph Brodsky.

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Hier soir, j’ai regardé un documentaire sur Arte sur l’occupation soviétique de l’Europe de l’est, avec l’impression de simplement vivre dans les suites de ces horribles déchirures. Ce matin, le texte magnifique de Mandelstam, traduit par André Markowicz et présenté sur sa page facebook. Ecrit en 1923, il dit, entre autres : “L’œuvre de droit des dernières générations s’est montrée incapable de protéger ce pour quoi elle est née, ce sur quoi elle s’est acharnée, sur quoi elle a si vainement philosophé.

Aucune loi sur les droits de l’homme, aucun principe de propriété et d’inviolabilité n’assurent plus l’habitation humaine, les maisons ne nous préservent plus des catastrophes, ne donnent plus ni protection ni couverture.”

Et aussi : “Que les valeurs de l’humanisme soient aujourd’hui si rares, qu’elles soient souterraines et comme exclues de la consommation, c’est loin d’être mauvais signe. Les valeurs humanistes n’ont fait que s’éloigner, que se cacher, comme les devises d’or, mais, comme les réserves d’or, elles conditionnent le mouvement idéologique de l’Europe contemporaine, et, souterraines, elles le dirigent plus puissamment.”

Ne reste qu’à y croire. Et à agir en conséquence.

(Illustration : oui, je sais, au moment où j’écris ces lignes, l’Ukraine est loin d’avoir vaincu la Russie; mais considérant ses frappes sur les réserves d’armes, de pétrole et de composantes électroniques dans les usines russes, encore et toujours, son armée continue de se battre non seulement pour la libération de son propre pays, mais pour la sécurité de l’Europe dans son ensemble.)

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Dreams: under the weight of false accusations a price is put on the cat’s head; then, I step out of a house – a kind of combination of all the family homes from childhood – I’m off to do some shopping in town and find my middle sister waiting for me on the sidewalk, I want to take the bus because it’s far, out of the question, she decrees, we will go on foot, no, I’m taking the bus I say and her tone becoming ever more authoritarian and quarrelsome, I drop my project, go back inside where I throw something out in the garbage in the kitchen, my mother calls out from the living room to know what’s going on, I find her surrounded by cats and dogs (she wouldn’t stand either), I explains I’m going back to work in my room; then, I’m under the eaves in a space being transformed into a loft-style appartment, after which I’m invited to the launching of a recording by a new star, a woman moves me to one of the tables in the front and explains her gesture to the organizer who approves and smiles at me.

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Of course, my space won’t turn into a loft any time soon, but it is a fact that friends will come give me a hand next week to move some furniture around and re-organize my work space; in anticipation of which I’m busy getting rid of an accumulation of old papers and of books I will never read again. While revising earlier bits. of L’Horloger des Brumes, and thinking about the in-between years above ground prior to the section in 2180. Then dropping back into the messy messes in the outside world – as a priority over here, contacting a lawyer about the dilemna in which Nathalie and her children are put given the rejection of her request for a re-examination of the case.

In the background in my head: the poem Vertumnus by Joseph Brodsky.

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Last night, I watched a documentary on Arte about the Soviet occupation of Eastern Europe with the impression of simply living in the sequels of these horrible rips and tearings. This morning, the magnificent text by Mandelstam, translated by André Markowicz on his facebook page. Written in 1923, it says, among other thing: “The legal work of the last generations has proven incapable of protecting that for which is was born, that on which it labored, that on which it philosophized in vain.

No bill on the rights of man, no principle on property and its inviability protects the human dwelling, homes no longer preserve us from catastrophes, no longer providing protection or security.”

And also : “That should humanistic values should prove so rare nowadays, that they be subterranean as if excluded from regular consumption, is far from being a bad sign. Humanistic values have not ceased distancing themselves, hiding like gold currency but, like gold reserves, they condition the ideological movement of contemporary Europe and, from being subterranean, they only govern in that much more of a powerful way.”

All that remains is to believe this is so. And to act accordingly.

(Illustration : yes, I know, as I write these lines, Ukraine is far from having vanquished Russia; but considering its strikes on the stocks of weapons, petrol and electronic components in Russian factories, over and over again, its army continues the fight, not only for the liberation of its own country, but for the security of Europe in its entirety.)

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