13 octobre 2024

Rêves : trois shorts de boxeurs, avec des fermetures différentes – une ceinture, un lacet et une fermeture en métal; puis je monte à bord d’un minibus (mini, en raison de vacances scolaires) où se trouvent des femmes et des hommes turcs, je porte un filet contenant des pommes de terre et des aubergines, je pèle l’une des aubergines et la coupe en tronçons que je remet dans le filet en prévision de sa cuisson, sous les regards très intéressés des autres passagers; puis, je suis en Turquie, vêtue de bleu avec un voile bleu drapé sur l’épaule, j’y croise certaines des femmes qui étaient à bord du minibus, l’une d’elles me demande si je suis turque, je peine à lui répondre que je ne le suis pas, des hommes nous observent, l’un d’eux s’approche en faisant un geste indiquant qu’il a besoin d’un bol ou d’une tasse et je me dirige vers la maison pour lui en chercher un ou une.

Je m’éveille sur la chanson américaine ‘Bang-bang‘ des années ’70 dans laquelle une femme raconte comment son petit ami l’a abattue.

(Parfois, pendant la journée, l’oeil ne fait qu’effleurer quelque chose qui revient plus tard dans les rêves; ce fut le cas hier, je crois, l’entre-aperçu d’un article de femmes en Turquie manifestant contre les vagues de féminicides qui se succèdent là-bas, sans jamais cesser, puisque les femmes, c’est bien connu, ont vocation à faire ce que père, frère et maris leur disent de faire, sinon, tchak, tu meurs.)

*

Sans rapport avec ce qui précède (enfin…sans rapport direct, s’entend), entre réflexions et écriture sur L’Horloger des Brumes, j’ai ressenti le besoin d’écrire pour moi-même une lettre sur pourquoi je lis ce que je lis et j’écris ce que j’écris, sans même chercher ou me préoccuper que cela soit lu ou pas. J’en connais la raison fondamentale, liée à un besoin fondamental de liberté intérieure. En l’écrivant, m’est revenu un souvenir – parmi bien d’autres – de cette “razzia” opérée par les bonnes soeurs sur ma cellule d’interne lorsque j’avais 15 ans et de mon indignation (qui subsiste toujours) devant l’hypocrisie de nous permettre de fermer notre cellule à clé…tout en se réservant le droit d’ouvrir et de fouiller avec un passe-partout. La razzia en question – et l’interrogatoire qui s’en était suivi – portaient sur des “lectures interdites” – La Peste de Camus et le premier volume des Chemins de la liberté de Sartre (j’avais adoré le premier et pas du tout aimé le second). Pour cette raison (et pour combien d’autres que je n’évoque pas ici), qu’on présume de me priver de mon droit à me faire ma propre idée au sujet des mots des autres m’est intolérable. Non pas que je refuse de discuter de mes opinions (ou même, de me laisser convaincre par le point de vue d’un autre), mais parce que ma conscience m’appartient, au final, c’est peut-être même la seule chose dont je puisse dire qu’elle n’appartient absolument à personne d’autre.

*

Hier, Camille Messager a mis en ligne sur facebook quelques 200 de ses dessins, parmi lesquels certains m’inspirent directement pour la quatrième section de L’Horloger des Brumes, section se déroulant en 2180, après la “quatrième déflagration.”

Le tout évoluant lentement entre lectures (y compris sur le désastre de Tchernobyl et les symptômes de la “maladie des rayons”), et réflexions personnelles.

Et non, je ne suis pas à risque de sombrer dans une dépression sans recours. En fait, créer et maintenir la distance requise pour écrire est la meilleure façon que je connaisse d’éviter cela, justement, et ne prive aucunement du plaisir d’un beau ciel bleu ensoleillé un dimanche matin, avant la visite au marché.

*

Dreams: three boxer shorts with different ties – a belt, a shoelace and a metal closing; then, I board a minibus (mini because of school holidays) in which are Turkish men and women, I’m carrying a net containing potatoes and eggplants, I peel one of the eggplants and cut it in quarters I put back in the net to cook it later, all this under the most interested looks of the other passengers; then, I’m in Turkey, dressed in blue with a blue veil draped on my shoulder, I come across some of the women who were aboard the minibus, one of them asks me is I’m Turkish, I have trouble answering that I am not, some men are observing us, one of them approches gesturing to show he needs a bowl or a cup and I head toward the house to go get him one.

I wake up on the American song from ‘Bang-bang’ from the seventies in which a woman tells how her boyfriend shot her.

(Sometimes, during the day, the eye catches a glimpse of something that later comes back in the dreams; this was the case yesterday, I believe, when my eye half-caught an article about women demonstrating in Turkey against the waves of feminicides that keep on following one on the other over there, without cease, because women, it’s a well-known fact, have the calling of doing what father, brother and husbands tell them to do or else, tchak, you die.)

*

Unrelated to what comes above (with no direct relationship, that is), between reflections and writing on L’Horloger des Brumes yesterday, I felt the need to write myself a letter on the whys and wherefores of what I read and write without even bothering to be read or not. I know the fundamental reason for this, related to a fundamental need for inner freedom. While writing it, a memory came back – among many others – of that “raid” done by the nuns on my cell as a boarder when I was 15 and of my indignation (still subsisting) at the hypocrisy of providing us the means of locking our doors…while reserving themselves the right to open and search through our belongings with a passkey. The raid in question – and the interrogation that followed – had netted some “forbidden reading” – Camus’ The Plague and the first volume of Sartre’s The Age of Reason (I’d loved the first and not liked the second at all). For this reason (and for many others I am not evoking here), I find it intolerable to have my right questioned to forming my own opinion on the words of others. Not that I refuse to discuss my opinions (or even, to be convinced by someone else’s point of view) but because my conscience belongs to me, and that’s final, it may even be the only thing of which I can say it belongs to absolutely no one else.

*

Yesterday, Camille Messager put online on facebook some 200 of her drawings, among which some are a direct inspiration for the fourth section in L’Horloger des Brumes, a section taking place in the year 2180, following the “fourth explosion”.

All of this evolving slowly between readings (including about the Chernobyl disaster and symtoms of radiation sickness) and personal reflections.

And no, I am not at risk of falling into a depression with no further recourse. In fact, creating and maintaining the distance required for writing is the surest way I know to avoid just that and does not preclude enjoying the sight of a clear blue sky on a Sunday morning, prior to going to the outdoor market.

Leave a comment