11 octobre 2024

Rêves : ma fille, prisonnière, un tableau non fini sur son téléphone que j’ai obtenu : dans des teintes de gris, à l’avant-plan, le haut d’un mur en pierres derrière lequel se devinent des têtes et des mains tentant de s’y agripper. Je devine – oh combien ! sur le tableau lorsqu’il sera terminé, les feuilles multicolores tombées des arbres, luisantes sur le sol mouillé par la pluie; puis, je suis seule dans une chambre en train d’angoisser lorsque surgit mon jeune frère avec un revue de bandes dessinées, il me cite un paquet de noms célèbres comme influences et s’installe sur le lit pour lire; puis je déménage, puis…encore et encore des rêves qui me tiennent jusqu’à ce que je me réveille à … 9 heures !

*

Hier soir, avant de sombrer dans ce sommeil proche et loin de tout, j’ai relu le texte Morphine de Boulgakov en réfléchissant aux éléments qui lui correspondent dans Le Maître et Marguerite. Puis, parce que l’allégresse que mettent les méchants à célébrer leurs méchancetés me désole (me désole surtout la façon dont elle encourage beaucoup de gens à donner libre cours à leur propre fond de méchanceté), j’ai ressorti le conte d’Evguéni Schwartz, Le Dragon. Non pas pour le relire, juste pour l’avoir à mes côtés au moment où j’ai sombré dans ce sommeil si long et si animé.

Ce matin, via ma fille, les dernières nouvelles au sujet de son père dont la paralysie s’avère être permanente en raison de son refus d’une chirurgie qui aurait pu lui redonner l’usage de ses jambes; reste à espérer qu’il retrouve l’usage de ses doigts.

Je peine à retrouver le chemin vers l’écriture d’autres choses que des notes éparses – je semble vivre, ces jours-ci, dans une sorte de sidération permanente.

(L’illustration : Kasimiera est un personnage dans une des comptines dans L’Horloger des Brumes. Comptine qui se lit comme suit :

Ildefons Laporte et son compère

Dérangèrent moultes fois

La bergère Bérengère

Sur son soi-même concentrée.

Kasimiera l’apprenant

(Et avant Carême prenant)

Transforma les demeurés

En dolmens métallisés

Et leur dit :

« Il va pleuvoir, vous entendez

Le tonnerre approcher ? » 

Kasimiera s’éloigna

Quand le tonnerre arriva

Et du coup il furent tous deux

Changés en ferrugineux

On effrayait les petits 

En disant tu s’ras comme lui

Si jamais tu fous le feu

À la barbe de Barbe-Bleue

*

Dreams: my daughter, a prisoner, an unfinished painting on her phone which I’ve obtained : in shades of grey, in the foreground, the top of a stone wall behind which one can make out heads and hands attempting to grab onto it. I can guess – oh, and how ! on the painting once it will be finished, the multicolored leaves fallen from the trees, glistening on the rain-soaked ground; then, I am alone in a room, angsting, when my young brother shoax up with a magazine of cartoons, he quotes a number of famous names as influcnes and settles on the bed to read; then I’m moving, then…more and more dreams that keep me asleep until I wake up at …9!

*

Last night before falling into that sleep so close and so far from everything, I re)read Bulgakov’s text Morphine while reflecting on those corresponding elements in his Master and Margarita. Then, because the glee the evil ones take in celebrating their evil deeds saddens me (espeically because of the way it encourages other people to display their own supply of evilness), I pulled out Evgueny Schwartz’ tale in three acts ‘The Dragon’. Not in order to rre-read it, just to have it close by as I fell into that long and so animated sleep.

This morning, via my daughter, the latest news concerning her father whose paralysis will be permanent because of his refusal of a surgery that might have had him recovering use of his legs; there remains the hope of his recovering the use of his fingers.

I’m having a hard time making my way back to writing other things than random notes – these days, I seem to be living in a state of permanent astonishment.

(The illustration: Kasimiera is a character in a ditty in L’Horloger des Brumes. I don’t think I can translate it as it reads in French. Simply put, she transforms two buggers into metal dolmen as a storm approaches. Parents then threaten their children of the same fate whenever they talk of setting fire to Bluebeard’s beard.)

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