
Camille Messager
Rêves : Un père de famille sur un tronçon d’autoroute en spirale dans lequel sont imbriquées deux résidences familiales, dont la sienne; puis, avec un groupe, je visite deux développements résidentiels à “une journée de Marseille” dont les autres ont visité le port, mais pas moi; je me réveille sur “Yankee Doodle came to town riding on a poney”.
Et très désorganisée dans ma tête après un mois d’occupation partagée chez-moi avec ma fille, son petit chien et le chat. Idées en pagaille. Passé le plus clair de la journée d’hier dans le café de la Librairie Ombres Blanches à Toulouse où j’ai acheté plusieurs livres, grâce à la générosité dont a fait preuve ma fille, malgré ses propres soucis concernant son avenir financier.
D’aujourd’hui, au plan personnel, je sais prévoir rencontrer Camille Messager cet après-midi, au sujet de son projet de travail conjoint – elle, pour le dessin, moi, pour les textes d’accompagnement.
Et, surtout, retrouver mes repères concernant mes propres écrits.
*
Sur sa page facebook ce matin, André Markowicz publie Douloir de Françoise Morvan, tiré de son recueil Buée*. J’en ouvre ma copie et y retrouve à la page de Douloir, en marque-page, un texte de 2022 dont j’avais oublié l’existence. Il se lit comme suit :
Condamné à ne pas savoir
Dans le rêve je suis avec ma soeur dans un cimetière. Nous attendons ma fille qui a convenu avec ma soeur qu’elle viendrait nous voir. Pendant l’attente, quelqu’un vient pour réserver un espace où il veut transférer les restes d’un ami mort à l’étranger. Le prêtre lui dit qu’il lui en coûtera 57,10 – un peu plus cher à cause de l’emplacement, le tarif habituel étant de 50$. Je demande à ma soeur si d’après elle, il s’agit d’un tarif mensuel ou annuel, elle ne sait pas et je n’ose pas poser la question au prêtre qui s’apprête à partir puisque ma fille ne donne aucun signe de vie. Je veux qu’on en parle avec le prêtre – pourquoi ma fille ne vient pas – est-elle morte, vivante, souffrante – ma soeur dit que ça sert à rien d’en parler au prêtre mais j’insiste comme il est sur le point de partir, et je lui dis “je sais qu’il est trop tard mais quand même, nous étions venus pour ma fille. Elle n’est pas là, et j’ai besoin de savoir si…”
et je m’éveille. Et je pense à tante Ann et au cadavre en décomposition de son fils, mon cousin François, mort d’une overdose et retrouvé dans un logement à louer qu’il avait squatté. Je pense au mort dont les humeurs tombaient sur nous, goutte à goutte, depuis le plafond pourri dans ce meublé infect quand ma fille n’avait que 7 mois. Je pense à toutes les personnes attendant de savoir si l’être aimé est mort, vivant, blessé, prisonnier…Voilà.
C’était en 2022.
*Françoise Morvan, Buée, Éditions Mesures, 2019.
*
Dreams: A family man on a spiralling section of highway in which two family homes are enclosed, including his own; then, with a group, I’m visiting two residential developments “one day out of Marseille” where the others went to visit the harbor,, but I didn’t; I wake up on “Yankee Doodle came to town riding on a poney.”
And quite disorganized in my head after a month of sharing the space with my daughter, her little dog and the cat. Ideas in total disorder. Spent the better part of yesterday in the café at the Ombres Blanches bookstore in Toulouse where I acquired several books, thanks to the generosity desplayed by my daughter, despite her own concerns about her financial future.
Of today, on a personal level, I know there’s a plan for a meeting with Camille Messager this afternoon, concerning her project of a shared project – she, for the drawing and I, for the texts. And, most of all, re-establishing my landmarks concerning my own writing.
*
This morning on his facebook page, André Markowicz publishes Douloir by Françoise Morvan, from her collection titled Buée (fog or mist, but also, the word women used in Brittany when doing the washing. I open my copy and find on the page of Douloir, a text I wrote in 2022 I had forgotten. It reads as follows:
Sentenced dto not knowing
In the dream, I am with my sister in a cemetery. We are waiting for my daughter who has agreed with my sister that she would come to see us. While we wait, someone arrives to reserve a space in which he wishes to transfer the remains of a friend who died abroad. The priest tells him it will cost 57,10 – a bit more expensive because of the location, the usual cost being 50$. I ask my sister if, in her opinion, this is a monthly or a yearly tariff and she says she doesn’t know, I don’t dare put the question to the priest who is about to leave since my daughter is giving no signs of life. I want to talk about it with the priest – why my daughter is not coming – is she dead, alive, suffering – my sister says it is useless talking to the priest about it but I inist as he is about to leave and I telle him “I known it is too late but still, we came for my daughter. She isn’t here, and I need to know is…”
and I wake up. I think of my aunt Ann and of the decomposing corpse of her son, my cousin François, who died of an overdose and was found inside à apartment for rent he was squatting. I think of the des man whose bodily humors dripped down on us, drop by drop, from the rotten ceiling in which the disgusting furnished hole when my daughter was 7 months old. I think of all the people waiting to find out if the loved one is dead, alive, wounded, emprisoned …Voilà.
This was in 2022.