
Rêves : bribes éparses; un groupe de jeunes garçons, élèves d’une yeshiva, se promènent, on les accuse d’être des criminels alors qu’ils ne sont que des gamins sans compréhension de ce qui se passe autour d’eux; sur une scène, de faux acteurs à qui il faut apprendre à jouer comme des vrais.
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Nous sommes toutes deux plongées dans du Stefan Zweig, ma fille et moi : elle dans un recueil de ses nouvelles, moi dans le Marie Stuart* qu’elle a apporté avec elle. Livre rempli de jugements masculinistes qui ont fait l’ordinaire des lectures de toute femme de mon âge, lorsqu’elles étaient jeunes. Y abondent des passages comme le suivant : “Malgré leur envergure extraordinaire, ces deux femmes restent toujours des femmes, elles ne peuvent pas surmonter les faiblesses de leur sexe,” leur lutte est donc “petite et mesquine” alors que “deux rois s’expliqueraient nettement, une fois pour toutes et, dans l’impossibilité de s’entendre, se prendraient aussitôt à la gorge; au contraire, la lutte entre Marie Stuart et Elizabeth, c’est une bataille de chattes où l’on rampe et s’épie en rentrant ses griffes, un jeu plein de traitrise et d’astuces.”
Ah, les combats “virils” sont tellement mieux, avec leurs accumulations de cadavres, si impressionnantes, comme on est à même de constater chaque fois qu’on lit les informations du jour. Je lis quand même entre préparations de repas, les promenades étant sévèrement limitées pendant que les orteils se rétablissent.
Mais je n’ai pas grand chose ni à dire, ni à penser, entre lecture de Zweig, jeux du chaton (bien rétabli) et du petit chien, préparation d’une brandade de morue,, d’escalopes à la viennoise, ou de riz frit à la chinoise.
*Stefan Zweig, Marie Stuart, traduction d’Alzir Hella, Le livre de poche,1976.
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Dreams: dribs and drabs; a group of young boys, students in a yeshiva, are taking a walk, they are accused of being criminals when they are nothing but little kids unaware of what is being done around them; on a stage, phoney actors who must be taught how to act like real ones.
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Both my daughter and I are plunged in Stefan Zweig during our reading sessions – she with a collection of short stories and I with the Mary Stuart she brought with her. A book filled with the masculinist judgments that proved to be the usual fare for women of my age when we were young. It is filled with passages such as the following: “Despite the extraordinary stature, these two women remain women nonetheless, they cannot overcome the weaknesses of their sex”, their struggle is thus “small and petty” whereas “two kings would have it out cleanly, once and for all and, if understanding proved impossible, they would grab at one another’s throat; contrariwise, the struggle between Marie Stuart and Elizabeth, is a struggle between two female cats, crawling and spying with claws retracted, a game filled with treachery and tricks.”
Ah, the “virile” battles are so much better, filled as they are with such impressive accumulations of corpses, as can be seen every time one reads the daily news. I go on reading nonetheless between meal preparation, walking tours being severely limited while my toes are in repair mode. .
But I don’t have much to say, nor to think, between reading Zweig, observing the games between the kitten (well recovered) and the little dog, preparation of brandade de morue, weiner schnitzel or Chinese style fried rice.