23 septembre 2024

Rêve : Mon frère me rejoint à l’université où j’étudie, pour me sortir et m’emmener voir de belles choses; le prof qui gueulait à tue-tête juste avant, me sourit et me remet un livre emballé; nous partons avec le livre dont l’emballage est alors à moitié déchiré et la question est de savoir si un monstre est apte à subir une chirurgie (voulant dire, je crois: un monstre est-il capable de changer pour le mieux?).

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Il pleuvait, ma fille n’est pas allée au cinéma et dans la 3e saison de Les Shtisel : une famille à Jérusalem, un Akiva en état d’ébriété raconte l’histoire suivante : à la recherche d’un emploi, un homme se présente devant un directeur de cirque, et lui explique qu’il sait voler dans les airs. Le directeur répond : “peuh ! des mecs capables de s’envoler de leur trapèze, j’en ai des tonnes, je n’ai aucun besoin d’un autre.” “Ah, d’accord,” dit l’homme qui ouvre alors la fenêtre, et prend son envol.

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Sans nouvelles de Haïfa depuis quatre jours; le père de ma fille ne répond pas à ses messages. Nous savons juste qu’il n’est plus à l’hôpital Rambam, mais dans un centre de réhabilitation et que les hôpitaux de Haïfa ont reçu l’ordre de mettre leurs opérations et leurs patients à l’abri, autant que faire ce peut, en raison de la situation gravement détériorée avec le Liban. Pour moi, personnellement, souvenir de 1982, quand je m’inquiétais même de laisser ma fille aller chercher du pain à la boulangerie sans moi, alors que les énormes hélicos militaires remontaient vers le Liban le long du front de mer et les avions de chasse traversaient le ciel – le grondement constant de la guerre, les gens marchant avec le transistor collé contre l’oreille pour entendre les codes d’appels des troupes, et mes collègues au travail disparaissant à mesure de leurs rappels vers leurs unités de combat. “Ein baïot” (pas de souci) me disait l’un d’eux, “tant que les boulangeries, les autobus fonctionnement et les avions volent tous vers le nord” (voulant dire que les autobus n’avaient pas été réquisitionnés pour monter les troupes sur le font libanais, ni les boulangers appelés à leurs unités.)

Difficile de lire les infos sans que ça n’évoque des images très, très précises de la catastrophe en cours.

Mais ne pourrai pas faire disparaître

L’isolement, je ne pourrai jamais

Voler avec tes ailes, te toucher

Les yeux ou voir avec tes yeux.” 

(parmi les derniers vers du poème d’Arséni Tarkovski dont André Markowicz publie la traduction sur sa page facebook, ce matin.)

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Tout, mais tout, est relatif, dans la vie. Exemple: hier soir, je me suis fracturée un orteil en évitant de marcher sur le petit chat. Ça complique un peu l’existence, évidemment, la douleur est désagréable mais supportable et un orteil cassé, d’expérience, je sais que ça se répare tout seul.

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Après le départ de ma fille (et la fracture de l’orteil), j’ai tenté de reprendre la lecture des poèmes de Cesare Pavese, mais c’est peine perdue: son monde et ses mots me sont inaccessibles, je ne saurais dire pourquoi.

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plus tard : ah oui, j’avais noté hier soir – c’est dans une des prières des orthodoxes : “Pourquoi y a-t-il l’obscurité ? Parce que la lumière a besoin de se reposer.”

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Dream: my brother finds me at the university where I study, in order to take me out to see beautiful things: the teacher who was yelling just before smiles at me and gives me a wrapped book; we leave with the wrapping on the book now half torn open and the issue is in knowing if a monster can be subjected to surgery (meaning, I think : is a monster capable of changing for the better ?)

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In the third season of http://e Les Shtisel : une famille à Jérusalem,a very tipsy Akiva tells the following story: looking for a job, a man goes to the director of a circus and explains he can fly. The director: “big deal, guys who can fly through the air from their trapeze, I have tons, I don’t need another.” “Oh, OK, says the man; he opens the window and flies away.

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No news from Haïfa for the past four days; my daughter’s father isn’t answering her messages. All we know is that he is no longer at Rambam Hospital, but in a rehab center and that hospitals in Haifa have ben ordered to move their operations and patients into safety, as best they can, because of the seriously deteriorating situation with Lebanon. Personally: reminders of 1982 when I even worried over sending my daughter pick up bread at the bakery without me, as the huge military copters moved up toward Lebanon along the waterfront, and the war planes streaked by constantly – the constant roar of war, people walking with their transistor radios glued to heir ear to hear the call-up codes for the troops, and my work colleagues disappearing as their unit got called up for combat. “Ein baïot” (no problem) one of them told me, “as longas the bakeries and the bus are operational, and the planes are all flying northward (meaning the the busses weren’t being requisitioned to move the troops up to the Lebanese border, and the bakers had not been called up also.)

Hard to read the news without evocations of very, very clear images of the ongoing catastrophe.

But I will never break

the isolation, I will never manage

to fly with your wings, to touch

your eyes or see with them.”

(among the last verse in the poem by Arseny Tarkovski, the translation of which André Markowicz published on his facebook page this morning.)

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Everything, but everything, is relative in life. Example: last night, I broke a toe while avoiding to walk on the kitten. This makes life a bit more complicated, of course, the pain is unpleasant but bearable and, from previous experience, I know a broken toe repairs itself on its own.

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After my daughter’s departure last night (and the breaking of the toe), I tried to carry on with the reading of Cesare Pavese’s poems but it’s a lost cause: his universe is inaccessible from mine, for reasons I can’t explain.

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Later : ah yes, I’d jotted it down last night for this morning – it’s in one of the prayers of the Orthodox : “why is their darkness? Because the light needs to rest.”

2 comments

  1. Que la lumière ait besoin de repos, je peux le comprendre.
    Pourvu seulement qu’elle nous revienne bien en forme, car il y a (pire que l’obscurité) des ténèbres qui ne se dissipent pas si facilement.

    (oh, cette phrase est aussi confuse que ma pensée… au moins, elle la transcrit bien !

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