19 septembre 2024

Photo Ilana Shamir

Rêve : le petit chien de ma fille était la vedette d’une série télé dans le genre de celle de Les Shtisel, une famille à Jérusalem; elle prononçait be seder (d’accord) avec un accent yiddish (bé seïder), comme ils le font dans la série, et disait Baruch Ha Shem (Béni soit Son Nom) à tous les deux ou trois mots.

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Phrase écrite en blanc sur un volet bleu pastel au Café Plùm de Lautrec : ” Aimer ce qui nous reste. Tout suivra.” Tout ? Je n’en suis pas sûre, mais ça me semble être dans le bon esprit des choses. Peut-être serait-il plus juste de dire: “aimer ce qui nous reste encore et ce qui s’ensuivra”, mais bon. (C’est ce que dit un certain Mathieu, habitant au 23 rue Obscure. Je ne connais aucun Mathieu habitant 23, rue Obscure. Je sais seulement que sa femme, elle, avait refusé d’habiter au 13 de cette même rue; elle l’a quittée depuis. Scénette qui s’est déroulée dans ma tête, en passant, sur la dite rue à Lautrec pendant que ma fille photographiait tout ce qu’elle voyait.)(Depuis que mon appareil photo ne fonctionne plus, je cadre et je “photographie” dans ma tête et, parfois, il s’ensuit des historiettes sans suite.)

Happée par la surface des choses – un aperçu d’ensoleillement sur un versant de collines couvert de tournesols, le panneau déréglé devant la pharmacie annonçant une température extérieure de 83°C, puis de 72°C, quelques minutes plus tard; le pas incertain d’un homme fortement alcoolisé négociant une rue en pente – la façon dont son pied demeure suspendu dans le vide pendant qu’il tangue comme quelqu’un sur une poutre étroite; une odeur pénétrante de lavande, celle, de plus en plus rare, d’une rose, une vraie, dans un jardin. Toutes les choses évanescentes qui ne durent qu’une seconde, puis disparaissent. Ou cette femme, qu’on aperçoit sur la photo ci-haut; lorsqu’elle s’est levée, j’ai vu que la robe rose et blanche à volants qu’elle portait était accompagnée de bas blancs et roses, eux aussi, et de chaussures roses, dans le style de la mode “poupée” des jeunes japonaises.

Une belle journée ensoleillée, pendant que les inondations, les incendies et les guerres faisaient rage ailleurs. Quant à la situation économique, politique et démocratique en France…

Nous marchons tous sur la poutre étroite du moment.

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Dream: my daughter’s little dog was the star of a tv series in the style of The Shtisels, a family in Jerusalem; she pronounced be seder (all right) with a yiddish accent ( bé seïder), as they do in the series and said Baruch Ha Shem (Blessed be His Name) every two or three words.

Sentence written in white on a pastel blue shutter at Café Plùm in Lautrec: “Loving what still remains to us. Everything else will follow.” Everything ? I’m not sure about that, but this strikes me as being in the right frame of things. Perhaps it would be more exact to say “Loving what we still have and all that it will entail” but, that’s OK.(This is what a certain Mathew living at 23, rue Obscure, says. I don’t know a Mathieu living at 23 on such a street. All I know is that his wife refused to live at 13 on this same street; she has left him since. This is just a small scene that played out in my head while walking on said street in Lautrec while my daughter photographed everything in sight. ) (Since my camera has stopped working, I center and “photograph” in my head and, sometimes, bits of story show up with no follow-through.)

I’m grabbed by the surface of things at the moment – a glimpse of sunlight on a slanting field of sunflowers, the out-of-order sign at the pharmacy reporting outside temperature as being 83°C, then 72°C a few minutes later; the faltering steps of a strongly alcoholized man making his way up a steep incline – the way his foot remains suspended in mid-air while he sways like a man on a narrow beam; the penetrating odor of lavender, and that of the ever-more rare perfume emitted by a rose, a real one, in a garden. All the fleeting stuff that streams by second by second, and disappears. Or the woman on the photo above; when she stood up, I noticed she was wearing pink and white stockings to match her pink and white flounced dress, and of pink shoes, in the doll-style of young Japanese women.

A bright, sunny day while floods, fires and wars raged elsewhere. As for the economic, political and the condition of democracy in France…

We are all walking on the narrow beam of the moment.

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