28 août 2024

(Paul Klee – marionnettes – si quelqu’un connaît le © ? Does someone know the copyright ?)

Rêve : arrivée en voiture avec quelqu’un dans le parking d’un centre national – musée ou QG militaire. À l’intérieur, un garde en uniforme, assis à un bureau, vu de dos observant l’espace immense et vide devant lui. Nous sommes là pour fabriquer des sculptures à partir de polenta. (Si nécessaire, en préparer un mélange plus épais.)

*

L’illustration ci-haut, trouvée sur facebook (photographe non identifié). Pour une raison que je ne saurais expliquer, depuis que je la connais, les marionnettes fabriquées par Klee pour son fils me remettent constamment en mémoire les poupées peintes sur des planches de bois servant de public dans la pièce Requiem de Léonid Andréïev.* Dans les didascalies, Andréïev précise que les jeux de sonorisation et de lumière doivent créer l’illusion que ces poupées “parlent, rient et même qu’elles pleurent…Le directeur et les acteurs appellent ces poupées les ‘spectateurs’.

Pour une raison que j’ignore, cette pièce de théâtre m’habite depuis sa première lecture il y a trois ans. Dans la pièce, on doit donner une représentation unique dans un théâtre élaboré à l’intérieur d’une maison abandonnée et, à un moment donné, le commanditaire de la représentation, identifié comme “Sa Clarté”, dit “C’était donc une chambre à coucher ? …Ça me plaît. On peut dire qu’ils dorment encore, et qu’ils voient tout en rêve.”

Le travail de Klee m’a toujours fait ce même effet.

*Léonid Andreïev, Ékatérina Ivanovna suivi de Requiem, traduction d’André Markowicz, Éditions Mesures, 2021

*

J’ai hâte que le petit chat ne tente plus de s’agripper à mes bras ou à mes jambes pour venir se nicher dans mon cou. D’abord, ça fait mal et, en plus, à cause des anticoagulants, je suis couverte de traînées sanguignolentes dont je me passerais bien. S’il est une chose impossible à faire avec un petit chat, c’est d’avoir une conversation raisonnée.

Rangement aujourd’hui et demain – autant que faire ce peut. En principe, ma fille sera ici le 3. (En principe puisque c’est aujourd’hui qu’elle saura si elle a l’autorisation de voyager avec son petit chien; si refusée à nouveau, elle devra remettre son arrivée.) En principe aussi, elle aura un espace privé à deux pas de chez-moi, chez mon amie marionnettiste (si le batteur qui occupait cette pièce veut bien venir reprendre tout son matériel de scène – batteries, sonos, lumières…)

*

Tête à la dérive, encore.

*

Non pas que je perde le nord, je suis juste fatigué de l’été.

On cherche une chemise dans un tiroir, et la journée y passe.

Que l’hiver arrive et que la neige engloutisse

toutes ces rues, ces humains; mais d’abord, la foutue

verdure. Je dormirais dans mes vêtements ou j’attraperais

un livre emprunté, pendant que ce qui reste du rythme alangui

de l’année traverserait la route sur les zébrures habituelles comme

un chien abandonnant son maître aveugle. La liberté

c’est lorsqu’on oublie comment épeler le nom du tyran

et la salive dans ta bouche est douce comme une douceur

de Shiraz, et bien que ton cerveau soit aussi tordu que la corne

d’un bélier,

rien ne goutte de ton oeil bleu-pâle.

Joseph Brodsky, Partie du Discours

*

Dream : arrival by car with someone in the parking lot of some kind of national center – a museum of military HQ. Inside, a guard in uniform sitting at a desk, seen from the back surveying a wide and empty space in front of him. We are there to make sculptures out of polenta. (If necessary, mix up a thicker batch.)

*

The illustration above, found on facebook (unidentified photographer). For a reason I can’t explain, the puppets Klee made for his son constantly remind me of the dolls painted on pieces of wood, serving as audience in the play Requiem by Leonid Andreyev. In the stage directions, Andreyev specifies that the sound and lighting effects must create the illusion that these dolls, talk, laugh eand even cry…The stage director and the actors called these dolls the ‘spectators’.” ci-haut, trouvée sur facebook (photographe non identifié). Pour une raison que je ne saurais expliquer, les marionnettes fabriquées par Klee pour son fils me remettent constamment en mémoire les poupées peintes sur des planches de bois servant de public dans la pièce Requiem de Léonid Andréïev.* Dans les didascalies, Andréïev précise que les jeux de sonorisation et de lumière doivent créer l’illusion que ces “poupées parlent, rient et même qu’elles pleurent…Le directeur et les acteurs appellent ces poupées les ‘spectateurs”.

For an unknown reason, this play has stayed in me since first reading it. In the play, a single representation is to occur inside a theater elaborated inside an abandoned house and, at one point, the sponsor of the representation, idenfied as “His Clarity”, says: “So this was a bedroom? …I like that. We could say they are still sleeping, and that they see it all in a dream.”

Klee’s work has always produced this same effect on me.

*Léonid Andreïev, Ékatérina Ivanovna suivi de Requiem, traduction d’André Markowicz, Éditions Mesures, 2021

*

I’m much looking foward to the day when the kitten will no longer attempt to claw up my arms or my legs to come nestle in the crook of my neck. First of all, because it hurts and moreover, because of the anticoagulants, I’m covered with bloody streaks I could well do without. If there’s one thing impossible to do with a kitten, it’s to have a reasoned conversation.

Tidying today and tomorrow – as much as possible. In principle, my daughter will be here on the 3rd. (In principle since she will find out today if the authorities authorize travail with her little dog; if refused once again, she’ll have to put off her visit.) In principle also, she will have a private space available two houses away from mine at my friend’s house, the puppeteer (that is, if the drummer occupying the space is kind enough to removed all his material crowding the room – drums, sound, stage lights…).

*

My mind is still a-wandering.

*

Not that I am losing my grip; I am just tired of summer.

You reach for a shirt in a drawer and the day is wasted.

If only winter were here for snow to smother

all these streets, these humans; but first, the blasted

green. I would sleep in my clothes or just pluck a borrowed

book, while what’s left of the year’s slack rhythm,

like a dog abandoning its blind owner,

crosses the road at the usual zebra. Freedom

is when you forget the spelling of the tyrant’s name

and your mouth’s saliva is sweeter than Persian pie,

and though your brain is wrung tight as the horn of a ram

nothing drops from your pale-blue eye.

Joseph Brodsky , A Part of Speech

Leave a comment