
Rêves : intérieur, un gamin debout devant un piano portant un trait pour lui indiquer le do de départ, il joue, puis je le prends sur mes épaules, il devient une petite fille et je la transporte comme ça pour lui montrer l’extérieur, les immeubles sont recouverts de tuiles qui font l’effet d’écailles de poisson, comme dans le poème de Brodsky ou comme les capes en peau de poisson que portaient des femmes près du Baïkal; je m’approche d’une grande fenêtre vitrée, que la petite puisse se voir, elle ressemble à l’un des dessins d’enfant peint par Paul Klee, mais en plus coloré. Nous croisons des étrangers, ils ont des visage d’un jaune foncé presque brun, pareil à la moutarde quand elle a vieilli, et nous montre leurs faux papiers d’identité en riant – il faut soit travailler, soit voler, disent-ils, il est con ou quoi, ce gouvernement ? De nouveau à l’intérieur, il y a eu une levée de fonds pour les chats – 1650€, dis-je, c’est beaucoup pour des chats, non ?
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Hier encore, la journée presque entière à traduire vers le français les divers fragments de Partie du Discours de Brodsky depuis la version anglaise. Ma copie du livre sera impossible à prêter avec les ajouts, comme bien des copies de mes livres de poésie, d’ailleurs (bien qu’il n’y ait personne dans les environs qui voudrait les emprunter, de toute façon.)
Regardé un documentaire sur Médiapart hier soit – Les Oubliés de la Belle Étoile – accompagnant des hommes dans la soixantaine tentant d’obtenir une forme de justice quelconque pour les maltraitances subies dans leur enfance dans une “maison de redressement” dirigée par le clergé. Le plus frappant, encore et toujours, c’est comment – que l’écoute soit respectueuse ou pas – le message en revient toujours à la responsabilité du traumatisé de surmonter son traumatisme. Et chaque fois, c’est comme de reconnaître que l’abuseur a bien réussi son coup, se débarrassant de sa turpitude sur l’abusé. Dans ce cas précis, l’attitude de l’évêque est particulièrement blessante; il semble considérer que le fait qu’il ait accepté de les recevoir constitue une forme de compensation qu’ils devraient apprécier, et refuse toute forme de plaque commémorative, au motif que cela pourrait indisposer certains n’ayant pas subi de sévices, eux (comme si il y avait eu des enfants épargnés… )Et puis, mince, lui, l’évêque, il les a bien reçus avec du café et des brioches, si ça n’est pas une forme de compensation, ça, que peuvent-ils vouloir de plus ?
Euh…une forme quelconque de justice, peut-être ? Une écoute véritable, des excuses, même insuffisantes, et le châtiment des coupables ? Tant qu’on n’écoute pas vraiment, rien d’autre n’est possible.
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Les titres, désolants – les tirs ont repris entre Hezbollah et Israël, la mouise à Gaza et en Cisjordanie…
De la petite ville d’où la mort s’est répandue sur la carte,
Les pavés luisent comme écailles sur une carpe…
(Brodsky, Partie du Discours)
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Paul Klee, Buste d’un enfant.
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Dimanche, 25 août 2024.
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Dreams: inside, a little boy is standing in front of a piano on which there is a line to show him the C note to start on, he plays, then I take him up on my shoulders, he turns into a little girl, I carry her this way to show her the outside, the buildings are covered in tiles that look like fish scales, like in the poem by Brodsky or like the capes made out of fish skin that women wore in the Baikal; I approach a large window so the little girl can see herself, she resembles one of the child paintings by Paul Klee, but more colorful. We come across some strangers with faces of a yellow that’s almost brown – like that of mustard when it ages – and they show us their fake IDs, laughing – you either work or you steal, they say, is the government stupid or what? Back inside, there’s been a fundraiser for cats – 1650€, I say, that’s a lot for cats, isn’t it?
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Yesterday again, spent almost the entire day translating toward the French various fragments of Brodsky’s A Part of Speech in its English version. My copy of the book will be impossible to lend with all its inclusions, as is the case for many of my books of poetry as a matter of fact (not that there’s anyone around that might want to borrow them in any case.)
Watched a documentary on Médiapart last night – Les Oubliés de la Belle Étoile (The Forgotten Ones from La Belle Etoile – accompanying men in their sixties attempting to obtain some kind of justice for the abuse to which they were subjected as children in a “reform school” managed by the clergy. What is always the most striking, every time, is how – whether they are heard with respect or not – the message always boils down to the traumatized one’s responsibility to overcome his trauma. And every time, this is a confirmation that the abuser succeeded in loading off his own depravity on the abused. In this specific case, the attitude of the bishop is particularly offensive; he seems to consider that the fact he has accepted to meet with them represents some kind of compensation they should appreciate, and refuses all form of commemorative plaque, claiming that this might offend some who were not subjected to abuse (as if such existed in that environment…). Besides, he claims, he has met them with coffee and pastries, do they not consider this some form of compensation?
Uh… some form of justice, maybe ? True listening, apologies, no matter how insufficient, and retribution for the guilty ? As long as we don’t truly listen, nothing else is possible.
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The headlines -distressing, the poundings have resumed between Hezbollah and Israel, the mess in Gaza and the Western Bank…
In the little town out of which death sprawled over the classroom map
the cobblestones shine like scales that coat a carp…
(Brodsky, A Part of Speech)
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Sunday August 25th 2024