
Rêves: d’abord, une foule se moquait d’un chat; puis, dans le rêve suivant, le chat, la minuscule Miss Rosa en personne, dirigeait tout le spectacle du cirque.
(ce qui n’est pas faux, depuis son arrivée, c’est elle qui détermine les ré-aménagements de mon espace physique en fonction de son champ d’exploration qui s’étend de jour en jour; les plantes causant le plus de soucis en raison du nombre limité de fenêtres disponibles.)
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Mais, au réveil (toujours sur la musique du film The Usual Suspects) : les délégations de négociateurs à Doha prennent la pause jusqu’à lundi, le temps, pour les uns comme pour les autres, de recevoir leurs instructions auprès de leur client principal. La pause; ça me rend malade, et pour les otages israéliens encore vivants, et pour les Palestiniens traités pires que du bétail (parce que le bétail, au moins, avant l’abattoir, on leur assure la nourriture, que je sache, et on ne leur lâche pas des bombes sur la tête, ça gâterait trop la viande.) Mais bon, les négociateurs font la pause et dans ma tête, du moins, il n’y a que des hommes dans ces délégations, sauf, peut-être, une ou deux femmes servant d’interprètes et qui n’ont pas leur propre mot à dire – commentaire tiré d’expériences personnelles à ce titre.)
Du peu qui a filtré hier, Netanyahou aurait donné instruction exigeant que les premiers otages libérés soient toujours vivants. Quelle considération, n’est-ce pas ?
À quel point les journées doivent-elles paraître interminables pour tout le bétail humain prisonnier de la Bande de Gaza pendant que ces messieurs devisent, délibèrent et discourent.
Les discussions reprendront lundi, toujours en l’absence directe d’un représentant du Hamas que les Qatari tiennent informés.
Et d’après ce que je vois dans les grands titres, ce matin : tout le reste à l’avenant.
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Recherche hier soir pour une traduction anglaise de poème de Wilhelm Küchelbecker cité par André Markowicz dans Et si l’Ukraine libérait la Russie ? Je trouve seulement une traduction partielle sautant par-dessus plusieurs vers et plusieurs études littéraires (dont l’une par Nabokov). De toute façon, je n’ai pas la moindre idée de la suite à donner à cet exercice; comme toujours, je traduis ce qui m’intéresse et la notion même de publication n’y figure pas, même sous forme d’ombre floue dans mon paysage personnel.
À ce sujet, hier, sur facebook, je tombe sur une pub pour un programme (payant, je suppose) de “Master Class” – cette fois, avec Margaret Atwood qui parle de ce que l’écrivain doit faire pour maintenir l’intérêt du lecteur. Le seul lecteur présent à mon esprit lorsque j’écris, c’est le lecteur ou l’auditeur intérieur * à qui je racontais mes histoires quand j’étais gamine à une époque où il n’était jamais opportun que je les raconte à d’autres. “Quelle imagination !” disaient-ils. Ce qui voulait dire : “Que de mensonges !” Ça donne pas envie d’y revenir.
*quand il baille ou pense à autre chose, je n’ai pas d’autre choix que d’en faire autant. Pas grave. La “rentrée littéraire” se charge des lecteurs externes, y compris du mien.
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Lors de son passage chez moi cet été, ma fille m’a donné une copie d’un cahier orné de l’une de ses peintures. Je l’ai adopté pour y noter mes rêves, en y rajoutant mes gribouillages et deux citations de ma pièce préférée de Shakespeare, The Tempest. En ouverture, le “full fathom five thy father lies of his bones are coral made…” et en 3e de couverture, le “Be not afeard, the isle is full of noises…” Ensemble, elles encadrent l’espace qu’occupe le rêve dans mon monde. (Nathalie, l’Ivoirienne, ne parle jamais de “rêves”, mais bien de “songes”. Je note, au passage, que l’anglais ne distingue pas entre les deux types de rêves. C’est dommage.)
(La traduction anglaise du poème de Küchelbecker s’ouvre avec les mots “Bitter is the fate of poets of all tribes…” – “amer est le destin des poètes de toutes les tribus,” – pourquoi “tribus”, je ne sais pas.)
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Dreams: at first, a crowd was making fun of a cat; then, in the next dream, the cat, tiny Miss Rosa herself, was directing the whole show at the circus
(which is not untrue, since her arrival, she is the one determining the rearrangements in my physical space relative to her field of exploration that grows daily; the plants being the main concern because of the limited number of available windows.
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But upon waking (still with the music from The Usual Suspects) : the negotiating teams in Doha are pausing until Monday, the time for them all to receive their instructions from their main customer. The pause: it makes me ill, both for the Israeli hostages that are still alive and for the Palestinians treated worse than cattle (because, to my knowledge, prior to the slaughterhouse, cattle receives nourishment, I believe, and doesn’t get bombs landing on its heads, it would spoil the meat). Be that as it may, the negotiators are pausing and, in my mind at least, there are only men in these delegations, except perhaps for one or two women interpreters and who don’t have a single word of their own to mention (a comment inspired by personal experiences in this capacity.)
Of the bit that transpired yesterday, Netanyahu had instructed his team to insist that the first release of hostages must consist of live ones. How considerate of him, yes ? How endless are the days and how futile the struggles for survival for all the human cattle imprisoned in Gaza while the fine gentlemen devise, deliberate and discourse.
Discussions will resume on Monday, still without the direct presence of a Hamas representative who is kept informed by the Qatari delegation.
And from the looks of major headlines, this morning: everything else goes apace.
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A search last night for an English translation of the poem by Wilhelm Küchelbecker quoted by André Markowicz in Et si l’Ukraine libérait la Russie ? (And What If Russia Liberated Ukraine ?). I only find a partial translation that skips over several verses, along with several literary studies (including one by Nabokov). In any event, I don’t have the foggiest notion of what follows on this exercise; as always, I translate what interests me and the very notion of publication no longer figures even as a distant shadow in my personal landscape.
On this topic, yesterday on facebook I came across an ad for a “Master Class” program (against payment, I assume) – this time, with Margaret Atwood speaking about what the writer must do in order to maintain the reader’s interest. The only reader present in my mind when I write, is the inner reader or listener* to whom I told my stories when I was a kid, when it was never opportune to tell them to other people. “Such imagination !” they said – meaning “Such a liar !” This didn’t provide any incentive to repeat the experience.
*when he yawns or thinks of other things, I have no other choice but to do the same. It doesn’t matter – the latest literary season takes care of external readers, including my own.
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During her stay at my place this summer, my daughter gave me a copy of a notebook decorated with one of her paintings. I’ve adopted it to jot down my dreams, adding my doodlings and two quotes from my favorite of Shakespeare’s plays, The Tempest. In opening, the “full fathom five thy father lies of his bones are coral made, those are pearls that were his eyes… and so on“ and inside the back cover, the “Be not afeard, the isle is full of noises…“Together, they frame the space dreaming occupies in my makeup.(Nathalie from the Ivory Coast does not speak of “rêves” but of “songes”, this distinction about types of dreams does not exist in English. Which is unfortunate.)
(The English translation of Küchelbecker’s poem opens with the words “Bitter is the fate of poets of all tribes…” – why “tribes”, I don’t know. )