
Rêves : une ligne de texte, juste à la voir, on voyait bien qu’elle n’était pas correcte, mais à quoi aurait-il servi de le dire ?; une rangée de maisons identiques, agglutinées les unes aux autres, pourquoi n’y avait-il personne pour y remédier ?; un livre, épais. Au réveil: image de lumières de ville reflétées sur l’eau la nuit, musique du film The Usual Suspects –“The greatest trick the Devil ever pulled was convincing the world he didn’t exist…And like that, he’s gone.” (La meilleure blague du Diable fut de convaincre le monde qu’il n’existait pas…Et comme ça, d’un coup, il disparaît.” )
(Le livre lourd, avec une couverture en cuir beige tachée et vieillie, bien sûr, celui qu’a conservé Pavel en quittant la Russie dans Contes d’Exil : La Divine Comédie de Dante que s’efforçait de lire Katia, gamine.)
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(Aperçu hier sur facebook : extrait d’une vidéo où le leader du Hamas, Yahya Sinwar, soulève un petit garçon d’environ 2 ans et demi revêtu de l’uniforme des combattants de la cause, et lui fait tenir une arme de combat. Le visage perplexe de l’enfant, les traits figés par la haine de Sinwar.)
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Jusqu’à récemment, le père de ma fille habitait un 5e étage avec son chien à Nahariya dans le nord d’Israël, dans la zone d’évacuation en raison des échanges de tirs entre l’IDF et Hezbollah au Liban. Il refusait la relocalisation. Puis, il s’est fracturé une rotule et il a accepté de déménager dans un rez-de-chaussée à Haïfa (ou le maire recommande aux habitants de faire provision d’aliments et d’eau, comme si – les connaissant – ça n’était pas déjà chose faite.) Tout projet de rejoindre notre fille à Montréal est en suspens, d’un jour sur l’autre, les vols n’étant plus chose certaine. De toute façon, comme il déteste activement les hivers montréalais…Le dilemme de l’exilé, toujours en état de nostalgie par rapport aux lieux qu’il a dû quitter, dilemme qui le caractérise, auquel la guerre vient imposer ses propres exigences.
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Il y a plus de 120 conflits armés à travers le monde en ce moment. Quand se rajoute un élément de préoccupation personnelle, il est évident qu’on prête une attention plus soutenue aux uns qu’aux autres, ce qui est le cas pour moi, et pour le Moyen-Orient et pour l’Ukraine.
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Ce matin, ce titre dans l’infolettre du Times of Israel : Tal Becker OP-ED: The 10th of Av * Victory is not about the defeat of our enemies, though that’s a necessary component of any long-term strategy. It’s about what we build (Tal Becker opinion/éditorial: Le dixième jour de Av / La victoire n’est pas seulement question de défaite de nos ennemis, bien qu’elle soit un élément nécessaire dans toute stratégie à long terme. Elle est question de ce que nous construisons.) – ( Tisha bè Av – le neuvième jour du mois de Av, selon la tradition, est celui du jeûne le plus strict parmi les quatre d’inspiration prophétique. Pourquoi The Times s’y réfère comme étant le dixième jour, je ne sais pas.)
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Ici, la litière pour chat est installée, la nourriture est prête; la chatoune, elle, se fait attendre, je soupçonne un problème de puces (la maman aime se balader chez le voisin où il y a un hérisson dans le jardin – créature adorable et nécessaire, très prisée par les puces – mais elles ne sont pas racistes).
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Aujourd’hui, entre autres choses : Révision de ma traduction anglaise de Et si l’Ukraine libérait la Russie ? d’André Markowicz. Le problème reste entier pour moi, en ce qui concerne le poème de Wilhelm Küchelbecker cité pp 15 et 16. Autant traduire de la prose ne me pose pas de problèmes insurmontables, autant je perds mes moyens devant la poésie. (Évidemment, sa traduction littérale se fait sans difficulté particulière, là n’est pas la question – le littéral ne respecte en rien ni le rythme, ni les sonorités, ni la métrique, raison pour laquelle tant de poèmes semblent fades ou évidents dans une mauvaise traduction.)
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10:45 la grande exploratrice est arrivée depuis une heure, a grimpé l’escabeau recouvert de livres … Je vais devoir lui trouver le nom d’une des entités tibétaines, en l’honneur d’Alexandra David-Néel, la première européenne à explorer le Tibet alors que la région était encore fermée au monde…
(Pas de réactions allergiques à date. Doigts croisés.)

Dreams: A line of text, just seeing it, you knew it was wrong, but what would have been the point in saying so?; a row of identical houses, stuck together, why was there no one to do something about it?; a book, heavy. Upon waking: the image of city lights reflected on water at night, the music from the film The Usual Suspects –“The greatest trick the Devil ever pulled was convincing the world he didn’t exist…And like that, he’s gone.”
(The heavy book, of course, the one with a faded and stained cover in beige leather Pavel carried when he left Russia in Tales of Exile: the large copy of Dante’s Divine Comedy that Katia attempted to read as a child.)
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(Glimpsed on facebook yesterday: an excerpt from a video in which Yahya Sinwar, Hamas leader, lifts up a small boy of about 2 and a half years dressed in combat gear and has him hold a combat weapon. The perplexed expression of the child’s face, Sinwar’s features, frozen in hatred.)
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Until recently, my daughter’s father lived in a fifth floor with his dog in Nahariya in Northern Israel, in the evacuation zone because of the exchanges of fire between the IDF and Hezbollah in Lebanon. He refused to be relocalized. Then, he fractured a knee cap and accepted to move to a ground floor in Haifa (where the mayor has recommended that the residents make provisions of food and water – as if, knowing them, they had not already done so.) All plans to join our daughter in Montreal are suspended since, from one day to the next, flights are no longer a sure thing. In any event, as he loathes Montreal winters…The dilemma of the exiled, always in a state of nostalgia concerning the places he had to leave, characteristic in his case, dilemma on which war imposes its own demands.
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There are more than 120 ongoing armed conflicts across the world right now. When a personal consideration is added to the mix, obviously you pay closer attention to some than to others, which is the case for me, both in the Middle East and in Ukraine.
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This morning, the following was the title on The Times of Israel newsletter: Tal Becker OP-ED: The 10th of Av * Victory is not about the defeat of our enemies, though that’s a necessary component of any long-term strategy. It’s about what we build – (Tisha bè Av – According to tradition, the ninth day of the month of Av is the day of the strictest of the four fasts inspired by the prophecies. Why The Times refers to it as the Tenth Day, I don’t know.)
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Over here, the litter is installed, the food is ready; miss kitty, on the other hand, hasn’t arrived yet; I suspect a flea problem (the mummy likes to to visit next door where there’s a hedgehog in the garden – a delightful and necessary creature, much appreciated by fleas – but they are not racist.)
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Today, among other things: revision of my English translation of André Markowicz’ Et si l’Ukraine libérait la Russie ? (And what if Ukraine liberated Russia? ). The problem remains unresolved when it comes to the poem by Wilhelm Küchelbecker quoted on pp 15 and 16. As much as translating prose does not present insurmountable problems for me, I’m thoroughly intimidated by poetry. (Of course, its literal translation offers no particular problem, but that’s not the point – the literal does not respect anything of the rythm, of the sounds, of the metrics, reason for which so many poems seem dull or obvious in poor translations.)
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10:45 : the great explorer arrived an hour ago, climbed up the book-laden stepladder. I’ll have to name her after Alexandra David-Néel, the French explorer who entered into Tibet at a time when the region was still out of bounds for Europeans…
(So far, no adverse allergic reactions. Fingers crossed.)