
Rêves: excursion en montagne avec des amis, nous arrivons à une piscine dans laquelle je passe un long moment béni à flotter sur le dos sans rien faire, c’est un endroit où il y a beaucoup de Serbes et de Monténégrins, ma fille est là, petite, je l’embrasse sur la joue; puis je traverse une rue démesurément large et me retrouve à tenter de m’extraire d’un chantier où des ouvriers s’attaquent à une très vieille colonne recouverte de plaques de céramique ressemblant aux ventouses sur les tentacules d’une pieuvre, pendant que je cherche le passage entre les poutrelles; j’aperçois un café et des gens de l’autre côté de la rue, sans parvenir à me dégager.
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Hier soir, j’ai repris Le Château de Kafka après avoir feuilleté un Télérama et lu quelques-uns de ses articles. C’est trop. Trop de tout – de mots, de sujets, beaucoup trop de spectacles, de phrases comme “Coup d’éclat ahurissant” , ou “Entrée fracassante en littérature“, ou “Un chef d’oeuvre”. Trop, tout en devient insignifiant et au nombre de chefs d’oeuvre que nous révèle Télérama, on se demande comment on peut se retrouver noyés dans tant de bêtises.
Et puis, en après-midi, j’avais relu certaines de mes contributions aux ateliers d’écriture auxquels que participe avec de moins en moins d’intérêt, avec l’impression – et pas seulement l’impression – d’y produire des textes sans la moindre valeur, ni pour moi, ni pour les autres. De l’écriture passe-temps, comme d’autres vont à des thés dansants pour le troisième âge, ou à des parties de belotes. Et du trop, il y en a déjà trop. Alors pourquoi continuer d’y aller ? Parce que je ne veux pas blesser l’animatrice qui est une amie, mais après relecture des trucs inutiles que j’y écris, je crois bien que je vais devoir me résoudre à lui dire que je ne veux plus y participer. “Écoute tomber les liens qui te retiennent “, comme l’écrit Apollinaire dans le poème Il pleut.
Pour me retrouver face à… ce que je suis, ici, maintenant.
Août. Que faire de tous ces cahiers, autre que d’en ressentir la brûlure de leur inutilité ? Pour l’heure, je les relis, un à la fois, au cas où un peu de poussière d’or se serait accroché à un mot, une phrase.
Allez.
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Dreams: an outing in the mountains with friends, we arrive at a pool in which I spend a long blessed moment floating on my back without doing a thing, there are many Serbs and Montenegrins there, also my daughter when she was small, I kiss her on the cheek; then I cross an unusually wide street and find myself attempting to find my way out of a construction site where workers are struggling to extract a very old column covered in ceramic plaques resembling the suckers on the arms of an octopus, while I try to find a way through the scaffolding; I can see a café and people on the other side of the street, without managing to free myself.
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Last night, I settled into Kafka’s The Castle after leafing through a Telerama and read a few of its articles. Too much. Too much of everything – words, topics, too many shows, too many words like “Astonishing exploit” or “Smash entrance into literature”, or “A masterpiece”. Too much, too many, it all becomes meaningless and you have to wonder, with all those masterpieces, how comme we’re drowning in so much stupidity.
Besides, during the afternoon, I had re-read some of my contributions to the writing workshop I go to with ever lessening interest, with the impression – and not only the impression – of producing nothing there that’s in the least bit worthwhile. Writing as a pastime, like others go to afternoon ballroom dancing for the elderly or card games. There’s already a surfeit of too much. So why do I keep on going ? Because I don’t want to offend the group leader who is a friend, but after reading the pages of useless stuff I produce there, I may have to bite the bullet and offend by saying I no longer wish to participate. “Listen to the falling of the links binding you” as Apollinaire writes in the poem Raining.
To find myself facing…what I am, here and now.
August. What to make of all those notebooks, besides experiencing the burn of their uselessness ? For the time being, I re-read them, one at a time, on the off chance one of them may contain a word, a sentence with a bit of gold dust clinging to it.
On with it.