5 août 2024

Rêves : Un énorme camion occupait la terrasse du café au bout de la rue, en interdisant l’accès; puis j’étais à installer mes objets personnels dans le logement au 4406 Coolbrook à Montréal, le dernier logement que j’aie occupé avec mes parents et qui apparaît souvent dans mes rêves, à l’abandon; puis, on annonçait à la radio que Jean Chrétien (un ancien Premier ministre canadien) devait faire une déclaration, ce qui n’augurait rien de bon. Je descendais prendre plus de nouvelles à ce sujet, pour découvrir, qu’en fait, il s’agissait de nous annoncer une exposition des oeuvres que peignait Chrétien dans ses temps libres. Je visitais l’exposition en question; il peignait surtout des canards et autres petites bêtes sauvages. Ses canards étaient plutôt réussis. Je remontais à l’étage pour en informer les autres.

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J’avais dans la vingtaine quand j’ai lu Le Château de Franz Kafka. À l’époque, je n’en avais pas retenu grand chose, si ce n’est de son étrangeté. Le relisant une cinquantaine d’années plus tard, le récit me fait l’impression de l’un de ces rêves à travers lesquels on perçoit l’étrangeté, certes, mais l’étrangeté du monde dans lequel se déroule la vie réelle soumise aux régimes bureaucratiques actuelles, quel que soit le régime politique régissant ces structures labyrinthiques.

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Août. Ici, presque tout s’arrête. Ceux et celles qui le peuvent quittent la ville pour ailleurs. Ceux et celles qui restent font de leur mieux pour se maintenir à flot. Chez moi, l’écriture se tarit comme un ruisseau attendant les pluies qui ne viennent pas. Allez, allez…mais les siestes se prolongent et, pour l’essentiel, maintenir les plantes en santé semble représenter le summum en matière d’accomplissement. Ma tête est pleine de petites pousses, les arroser semble être ce que j’ai de mieux à faire jusqu’à ce qu’elles se transforment en mots-images tangibles. Dans L’Horloger des Brumes, le gamin est perdu dans sa contemplation des nuages et la gamine paralysée par le puissant parfum des sous-bois. Les deux, suspendus, je n’ai pas la moindre idée de ce qui va les tirer de leur transe.

Allez. Jean Chrétien et les canards. Le mystère reste entier.

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Dreams : A huge truck was parked on the terrace of the café at the end of my street, blocking its access; then I was setting up my personal objects in the flat at 4406 Coolbrook in Montreal, the last lodging I shared with my parents and which often appears in my dreams, abandoned; then, there was an announcement on the radio saying that Jean Chrétien (a former Canadian Prime Minister) would make a declaration which did not sound promising. I went down to gather more information about it only to discover that, in fact, it was to announce an exhibition of the works Chrétien painted in his spare time. I visited the exhibition; he painted mostly ducks and other wild little beeasties. His ducks weren’t bad at all. I went back upstairs to tell the others.

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I was in my twenties when I first read Franz Kafka’s The Castle. In those days, I hadn’t noted much of anything about it, other than it’s strangeness. Reading it over some fifty years later, the narrative strikes as one of those dreams through which you get a glimpse of the strangeness, yes, but of the strangeness of the world in which our lives are subjected in the current bureaucratic regimes, no matter which political regime is regulating these labyrinthian structures.

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August. Everything stops over here. Those who can leave town for elsewhere. Those who stay do their best to keep afloat. With me, the writing dries up like a stream waiting for rains that don’t come. Come on, come on…but the siestas get longer and, for the most part, maintaining the plants healthy seems to be the maximum in terns of accomplishment. My mind is full of tiny sprouting things, watering them really seems to be the best I can do until they turn into tangible word-images. In The Watchmaker, the boy is lost in his gazing at the clouds and the girl is transfixed by the powerful scent of the woodland. Both suspended there, I have no idea what will pull them out of their trance.

Come on. Jean Chrétien and ducks. They mystery is unresolved.

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