9 juillet 2024

Long enchaînement de ces rêves impossibles à raconter tant ils consistent d’une suite interminable de déplacements en voiture, à pied, à travers des lieux inconnus – routes de campagne, villages inconnus, sentiers de montagne, escalades de falaises, précipices, traversées de décombres, rencontres d’inconnus…

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Fatigue immense. J’ai dormi presque toute la journée, hier, et toute la nuit qui a suivi. Lu et/ou traduit quelques articles, et bloquer deux profils sur la page facebook ‘Maria Damcheva’. Geste que je pose très rarement puisque je refuse nombre de ‘zamis’ au premier contact avec leur page. Mais tant que les gens restent à peu près respectueux des autres et n’éructent pas d’insanités patentes, je préfère savoir ce qui se dit que le contraire. Les deux que j’ai bloquées hier frôlaient la stupidité crasse dans leur adoration totale du Président et leur détestation de tout ce qui présentait le moindre relent de “gauchisme” à leurs yeux; hier, toutes deux ont repris le discours du Président selon lequel cette élection avait “clarifié” le paysage français (faire passer sa propre représentation parlementaire de quelques 351 élus en 2017 à 250 en 2022 et, dorénavant à 150, quelle réussite, n’est-ce pas ?). Allez, me suis-je dit personne n’est obligé de s’imposer une dose de stupidité pareille quand la crétinerie s’offre à nous à plein tube, et de partout. Au-revoir, Mesdames, et bonne continuation chez-vous.

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Cela dit, pendant les moments où je ne jouais pas au loir en hiver, hier, je me disais que cet attachement à un passé mythique qui nourrit tant de discours – y compris l’attachement aux mauvais souvenirs – est clairement une façon de contrer l’anxiété que provoque l’inconnu. Bien sûr, on ne peut rien changer au passé – si ce n’est que d’en fournir une version qui nous convienne – mais, justement, c’est bien ça qui est rassurant. On le contrôle, ce passé, on peut en accentuer les aspects qui nous ont plu, en atténuer les désagréments. Mais surtout, il ne nous expose pas à l’inconnu; ce qui est fait est fait, ce qui est dit est dit et il peut même continuer à nous mordre en plein visage, on le connait, ainsi que la douleur qu’il provoque. Alors que devant soi, le présent ouvre ce chantier-monstre, imprévisible, dangereux, aux contours menaçants.

D’accord, me dis-je, n’aie pas les yeux plus grands que la panse. Continue à faire ce que tu fais déjà, c’est tout ce que tu sais faire, de toute façon. À chaque jour suffira sa peine, sous le regard bienveillant et sans fioritures de celle qui fut La Kalmouke pour moi, pendant l’écriture des Contes d’Exil.

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Long succession of those dreams that prove impossible to narrate, consisting as they do of an endless succession of travels by car, on foot, through unknown spaces – country roads, unknown villages, mountain paths, rock climbing, chasms, travels through ruins, meetings with strangers…

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Immense fatigue. Slept almost all day yesterday, and through the night that followed. Read and/or translated a few articles and blocked two profiles on the ‘Maria Damcheva’ facebook profile. A move I seldom make since I turn down a number of would-be ‘fwends’ at the first sight of their page. But so long as people maintain a certain level of respect for others and don’t come out with astounding stupidities, I prefer knowing what people say than the opposite. The two I blocked yesterday skimmed very close to full-blown stupidity in their total adoration of the President and their hatred of anything exhuding the slightest whiff of “leftism” in their view; yesterday, both of them picked up the President’s outlandish pretence concerning the “clarification” he’d imposed on the French landscape (reducing his own Party’s representation in the National Assembly from 351 in 2017, to 250 in 2022 and, now, to 150, how’s that for success, yes ?). Come on, I told myself, no one has to self-impose a dose of such stupidity, knowing that cretinism is on full display everywhere. So, bye-bye ladies, and happy trails to you.

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That said, in those moments when I wasn’t playing at doormouse in the middle of winter yesterday, I told myself that this attachment to a mythical past that feeds so many discourses – including the attachment to painful memories – is clearly a way to counteract the anxiety provoked by the unknown. Of course, we can’t change anything to the past – other than adapting it to a version that suits us – but that’s precisely what is reassuring about it. We control this past, we can accentuate the aspects we liked, reduce its unpleasantness. Besides, what is done is done, what was said, is said. It can even go on biting us in the face, the pain is familiar, we know everything there is to know about it. Whereas the present opens up before us this monster of a building site, unpredictable, dangerous, with threatening contours.

Well, I tell myself, don’t bite off more than you can chew. Keep on keeping on, that’s all you know how to do anyway. Sufficient unto the day every evil thereof, under the gaze, both kindly and devoid of fuss, of the one who was my Kalmuk during the writing of the Tales of Exile.

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