
Compliqué. Comme il ne s’agit pas d’une page sur laquelle je confie mes états d’âme pour le plaisir de la chose, compliqué aussi de maintenir un minimum d’espace – et physique, et mental – qui ne soit pas entièrement axé sur une présence à la fois si familière et si complètement “autre”; contrairement à moi, les réalités politiques ne l’ont jamais intéressée – ce qui élimine d’emblée tout un pan de mes propres préoccupations et intérêts; et alors qu’elle lisait énormément, la maladie l’a privée d’une partie majeure de sa capacité à se concentrer. Elle fatigue très vite – plus vite que moi, ce qui n’est pas peu dire. Ce qui donne des promenades dans des sujets frivoles débouchant sur des évocations d’événements pénibles qui semblent avoir oblitérés quelque chose que je n’arrive pas encore à nommer.
Le fantôme de ce quelque chose fait surface dans les rêves, mais refuse de se laisser saisir en mots. Nous ne sommes pas dans Hamlet où le fantôme fait preuve de bonnes manières et informe immédiatement son fils à qui il a affaire. En 2024, les fantômes sont beaucoup plus discrets.
Marché du dimanche, suivi d’un repas avec des amis souhaitant rencontrer la visiteuse; suivi d’un après-midi tranquille, je crois; elle a pris froid à bord de l’avion, la toux prend de l’ampleur. Il est beaucoup question de son père, moi, ce sont les paroles dans The Tempest qui m’accompagne – “full fathom five thy father lies..;” ce qui n’a rien à voir, c’est juste pour le réconfort des allitérations.