
Précieuses plages de silence. Assise devant l’écran, sans bouger pour un long moment, question de le savourer. J’ai perdu l’habitude de baigner dans un tel torrent de paroles.Et l’intérêt que suscite cette visite, chez les uns, chez les autres; des personnes dont je n’ai pas eu de nouvelles depuis des années m’appellent, frappent à ma porte. Je me sens bousculée par tant de bonnes volontés (et de curiosité aussi, il faut bien nommer certains enthousiasmes pour ce qu’ils sont.)
Pour l’heure, seule, je savoure le souvenir de deux photos vues hier soir pour la première fois : celles de mon ancienne belle-mère, prises à Haifa quelques temps avant sa mort. Moi, je me souvenais de ses piles de livres en polonais. “Pas seulement en polonais,” me dit ma fille. “Elle lisait aussi en russe, en allemand, en hébreu, et dans une autre langue aussi, je ne me souviens plus laquelle.”
Elle et son père se parlent en anglais, maintenant, elle a oublié son hébreu, dit-elle. Pourtant, au premier coup d’oeil, elle lit l’invocation ci-haut “Barukh ata Adonai Eloheinu melekh ha-olam.” (Béni sois-tu, Eternel, notre Dieu, roi de l’univers). Elle a toujours les icônes que j’avais peintes, un hiver (illustrées ci-haut).
Hezbollah couvre le nord d’Israël de drones. Dans son 5e étage à Nahariya, malade et avec son chien aveugle, son père n’a plus la force de descendre à l’abri lorsque les sirènes se déclenchent. Barukh ata Adonai, mon oeil.
*
Fin de la plage de silence.
Le silence est une bénédiction.
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Amen
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