
Rêve: une infirmière était choisie pour faire partie de l’équipe pour la chirurgie d’une personnalité; elle montait à bord du bus bondé en route pour le bloc opératoire; l’autobus était le 129 sur la Côte-des-Neiges à Montréal, juste à côté de la librairie où j’ai acheté Le Livre de l’Incertitude* de Pessoa avant de quitter le Canada en 2004. Puis une commentateur-analyste de la radio parlait du sport comme occasion de se faire valoir pour les pays pauvres; puis la femme de Sarkozy prenait la pose en bikini.
*Pardon: Le Livre de l’Intranquillité de Bernardo Soares. Traduit par Françoise Laye, chez Christian Bourgeois 1999
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Ici, la journée commence au royaume de l’incertitude. Un message de ma fille dont j’attends l’arrivée lundi (soit dans 4 jours): les vaccins pour son chien ne sont pas aux dates prescrites, il lui faut une dérogation des autorités françaises pour que les autorités canadiennes approuvent le voyage avec le chien. À savoir si elle viendra sans le chien à cette date ou, si elle peut changer la date sur son billet d’avion, plus tard : je ne sais pas. Mais bon, 20 ans sont passés depuis sa dernière visite, alors, quelques jours de plus, quelques jours de moins…L’incertitude, je connais bien, allez hop pour une autre piqure de rappel…
Et puis, toute l’histoire avec cet homme que j’aime bien mais… Dans ma jeunesse, des gens comme lui, on les appelait des “caractériels”. Aujourd’hui, ils ont droit à un diagnostic psychiatrique et les médicaments qui l’accompagnent. Faire affaire avec lui, c’est comme d’être en voiture avec un chauffeur qui s’adonne à des coups brusques de volant, des accélérations suivies de freinages en catastrophe, le tout sur une route étroite qui serpente en montagne. Hier soir, c’était le fond du baril, il abandonnait tout; ce qu’il en sera ce matin, comment le savoir ? Il écrit trop, trop long et trop souvent, il gronde constamment les gens qui ne s’abonne pas à sa publication; quand à ses collaborateurs/collaboratrices, il leur demande ceci ou cela, pour ensuite laisser le ceci ou le cela en plan parce qu’il s’est lancé sur autre chose. C’est extrêmement lassant quand on n’est pas “caractérielle” soi-même ou, du moins, pas de cette école-là.
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Dans les journaux du jour: Poutine menace de fournir des armes à d’autres pays pour qu’ils attaquent l’Occident. On peut espérer que pareille déclaration va finalement activer et la livraison d’armes à l’Ukraine et les préparatifs pour l’étendue d’une guerre que Poutine prépare depuis le début, de toute évidence. Il s’imaginait prendre Kyiv en 72 heures, faire assassiner Zelenskyi et le remplacer par un de ses hommes de main, puis poursuivre tranquillement son rêve de conquête de l’Europe. Son dessein n’est que plus clair maintenant que la seule voie encore ouverte pour lui, c’est une guerre ouverte qu’il tente de provoquer par tous les moyens. Pendant ce temps, son “bon ami” Xi Jinping s’en prendrait à Taiwan et le monde entier serait à feu et à sang, youpi tralala, pour un mec qui faisait des crises de bile à son arrivée à Moscou en découvrant que son adjoint avait quelques mètres de plus que lui dans son appartement, on voit qu’il est inconcevable de ne pas dominer, ne serait-ce que sur un monceau de cadavres.
Le jeu, quand j’étais petite, consistait à occuper le haut du tas de sable en chantant: “I’m the King of the Castle and you’re the dirty rascal !” (Je suis le Roi du Château et tu es le vilain pouilleux!) . Je ne sais pas comment ce jeu s’appelle en Russie, mais il résume l’obsession de Poutine.
(L’illustration s’explique d’elle-même.)
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Dream: a nurse was chosen as part of the surgical team for a personality, she climbed aboard the crowded bus headed for the operating room; the bus was the 129 on Côte-des-Neiges in Montreal, close to the bookstore where I bought Pessoa’s Livre de l’Intranquillité (The Book of Disquiet) just before leaving Canada in 2004. Then a radio commentator-analyst spoke about sport as an opportunity for poor countries to be in the spotlight; then Sarkozy’s wife showed up to pose in a bikini.
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Over here, the day opens in the Kingdom of Uncertainty. A message from my daughter whose arrival I’m expecting on Monday (4 days from now); the vaccines for her dog are not on the prescribed dates, she needs a derogation from the French authorities so that the Canadian ones can approve travel for the dog. Whether she will come on the planned date without the dog or, if she can change the date on her plane ticket, she will come later: I don’t know. But hey, 20 years have gone by since her last vist, so, what’s a few days more or a few days less, at this point…Uncertainty is familiar country, and here we go for a booster shot.
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Plus all the rigmarole with that man I like well enough but… In my youth, people like him were known as “characters” or “difficult”. Nowadays, they are entitled to a psychiatric diagnosis and the medical treatment that goes with it. Dealing with him is like being aboard a vehicle whose driver is given to sudden movements at the wheel, sudden accelerations followed by brutal emergency braking, all while driving along a narrow winding mountain road. Last night, he was in the depths of despair, giving up on everything, what the story will be this morning, who knows? He writes articles that are way too long, way too often, he’s constantly scolding people who don’t sign up for his publication; as for his collaborators, he asks them for this or that, and then leaves this or that in abeyance while he runs after something else. It’s extremely tiring when one isn’t a “character” in one’s own right or, at least, not of that specific flavor.
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In the news today: Putin is threatening to supply weapons to other countries so they can attack the West. One can only hope that such a declaration will finally activate both the delivery of weapons to Ukraine and preparation for the spreading out of a war Putin has been preparing from the very beginning, most obviously. He thought he would seize Kyiv in 72 hours, have Zelenskyi assassinated and replaced by one of his henchmen, then continue his dreamed-of conquest of Europe. His aim is only that much clearer now that the only open road to victory for him is through an open war he’s attempted to set off in every way imaginable. Meanwhile, his “good friend” Xi Jinping would take on Taiwan and the whole world would be a bloodbath, yippy yay, for a guy who had acid reflux when he discovered upon arriving in Moscow that his assistant was allotted an appartement with a few more meters than his own, not coming out on top is simply inconceivable, even it if means being atop a mound of corpses.
When I was small, the game consisted of occupying the top of the pile of sand, singing: “I’m the King of the Castle and you’re the dirty rascal !” I don’t know how that game is called in Russia, but it summarizes Putin’s obsession.
(The illustration is self-explanatory.)
les hasards du hasard font que je me suis replongé dans les illustrations d’Ivan Bilibine, sans rien comprendre à ce que les contes illustrés racontent (le parallèle avec l’actualité reste d’actualité : j’y plonge sans comprendre).
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Le parallèle est fort valable, en effet, parce que pour ce qui est de comprendre l’actualité… Pour ce qui est de cette illustration, il s’agit de Kochtei dit l’Immortel ou le Sans Mort, lancé à la poursuite des amoureux dans le conte Maria Morevna. (Il perdra, et c’est ce qu’on peut souhaiter de mieux aussi, pour le monde en-dehors des contes.)
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