
Rêve: il était question d’un examen que je passais avec succès à partir d’un document retrouvé, je ne me souviens de rien d’autre.
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Terminé la lecture de Les Démons hier soir*. Que les opinions personnelles de Dostoïevski ait été abjectes n’est pas à démontrer. Ce qu’il a saisi ici d’un désastre en formation n’en est pas moins sidérant. Les phrases que prononce Piotr Stépanovitch au chapitre 6 de la 3e partie* sont comme une préfiguration de ce qui s’apprêtait à déferler sur la Russie : “Toute notre action, pour le moment, tient à ce que tout s’effondre, l’Etat et la morale. Il ne restera plus que nous, nous qui sommes destinés à l’avance à prendre le pouvoir; les hommes d’esprit, nous les joindrons à nous, et les imbéciles nous serviront de monture.”
Peu importe ce que Dostoïevski considérait comme “la morale”. Dorénavant, ces mots ressemblent fort au mot d’ordre que se donnent les ultra-milliardaires engagés dans leur course à qui contrôlera les moyens les plus raffinés de désinformation. Leur seule “morale” étant le règne du plus fort sur les autres. Version contemporaine du mythe grec d’Erysichthon, condamné à l’auto-dévoration pour ses outrages sauf qu’évidemment, l’auto-dévoration ici nous concerne tous.
Alors, je devrais ressentir …de la panique ? de la peur ? de la confusion ? Non, rien de tout ça. Mon état d’esprit général ressemble surtout à ce mélange de sidération et de curiosité dans lequel j’étais, cette nuit où l’imbécile de chauffeur de taxi, ayant raté la sortie de l’autoroute, se mit à reculer et que je me retournai pour observer l’approche d’une voiture se dirigeant sur la sienne, en me demandant quelle serait la force du choc. J’ai tendance à réserver mes angoisses existentielles pour les détails; c’est peut-être aussi bien comme ça.
*Dostoïevski, Les Démons, Troisième partie, roman traduit du russe par André Markowicz, Babel Actes Sud 1995
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Ecrit quelque chose hier qui sera insérée dans L’Horloger des Brumes, une fois que j’aurai trouvé la transition y conduisant. Elle me viendra sans doute pendant que je poursuis l’organisation de l’espace pour que ce soit vivable pour deux personnes et un chien du 10 au 24 juin. Entre autres: m’installer un coin dans le salon d’où je puisse travailler à l’ordi pendant que je laisse ma chambre/bureau à quelqu’un d’autre. (L’appartement n’est pas très grand – dans les 45 m carré, au total.)
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Dream: it was about an exam I passed successfully on a document that had been relocated, I remember nothing else.
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Finished reading Dostoyevsky’s Demons last night. No need for a demonstration that his personal opinions were despicable. What he managed to capture of the disaster taking shape is no less stunning for all that. The sentences pronounced by Piotr Stepanovitch in Chapter 6 of the third part read like a prefiguration of what was about to surge over Russia: “For the time being, all of our action consists in making everything collapse, the State and morality. We will be all that remains, we who are predestined to seize power; intelligent men will join us, and we’ll use the fools as our dray horses.”
No matter what it was Dostoyevsky considered as “morality”. Henceforth, this sounds like the watchword between the ultra-billionaires in their race as to which of them will control the most refined means of disinformation. Their only “morality” being the reign of the strongest over the others. A contemporary version of the Greek myth concerning Erysichthon, sentenced to self-devoration for his outrages except that this self-devoration affects us all.
So shouldn’t I feel …panicked ? Afraid ? Confused ? No, nothing of the kind. My general state of mind most closely resembles the mixture of amazement and curiosity I felt, that night when the stupid taxi driver, having missed the exit from the highway, started backing up, and I turned around to observe the car approaching us, wondering how violent the shock would be. I tend to reserve my existential angst for details: which is maybe just as well.
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Wrote something yesterday, to be inserted in The Watchmaker (but haven’t found the transition into it yet). It will probably crop up as I continue making the space liveable for two people and a small dog for the period starting June 10th and ending June 24th. Among other things: setting up a space in the living room from where I can keep working on the computer once my bedroom/office space gets turned over to someone else. (It’s a smallish apartment – 45 square meters or so.)