17 mai 2024

Rêves : n’en restent que quelques images floues en lien avec les mots “chaque instant…contient une étincelle” et avec la traversée par Gilgamesh de l’eau qui donne la mort*, pour atteindre Outa-Napishti, le seul homme qui soit immortel, relu hier soir. Même dans cette version scolaire d’extraits à la langue ultra-simplifiée, les images sont d’une puissance éblouissante.

*une seule goutte sur la main suffit pour faire mourir, selon le récit. (Cette image mentale, venue de 40 siècles dans le passé, est-elle à l’origine du thème de “l’eau de vie” et de “l’eau de mort” dans les contes et légendes russe ?)

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Lecture de la chronique du jour d’André Markowicz aujourd’hui, sur la corruption et la terreur définissant la nature même des armes de base d’un régime comme celui de Poutine (et la présence de cette gangrène, non seulement en Ukraine, mais dans nos sociétés dites démocratiques où l’indifférence et l’avachissement forment les ingrédients d’une petite musique qui n’est même plus en fond sonore, mais répandue partout.)

Relire le Journal de galère d’Imre Kertész, oui. **Ma copie est truffée de passages soulignés, j’ouvre au hasard, je tombe sur celui-ci : “La foi est une question de choix, mais une vie éthique, dépourvue de foi religieuse, l’est tout autant et, à mes yeux, elle est même comme plus héroïque, dans un certain sens, plus digne, elle ne fait pas forcément des gens des assassins pour autant; par contre, la foi ne nous empêche pas de devenir des assassins ou des êtres amoraux, l’histoire montre même que c’est juste le contraire.”

**Imre Kertész, Journal de galère traduit du hongrois par Natalia Zaremba-Huzsval et Charles Zaremba, Babel, Actes Sud 2010.

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L”Horloger des Brumes avance, phrase par phrase.

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(Après quelques hésitations, en illustration, je choisis la couverture de la bande dessinée Prison No 5 de Zehra Dogan de préférence à celle d’une illustration de Koschei l’Immortel par Ivan Bilibin – le vieillard nu, sabre à la main, fonçant à travers les airs sur son cheval. Le traitement en est trop joli et celui de Zehra beaucoup plus proche de la réalité dans sa laideur.)

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Dreams: all that remain are a few fuzzy images related to the words “each moment…contains a spark” and with the crossing by Gilgamesh of the death-giving waters* in order to reach Outa-Napishti, the sole immortal human, in the excerpts I re-read last night. Even in this school version of excerpts in ultra-simplified words, the images are strikingly powerful.

*a single drop of which on a hand was enough to kill, according to the tale. (Is this mental image, from 40 centuries in the past, the origin of the theme of “the water of life” and the “water of death” in Russian tales and legends ?)

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Reading André Markowicz’ facebook column today, on corruption and terror defining the very nature of the basic weapons of a regime such as Putin’s (and the presence of that gangrene, not only in Ukraine but in our so-called democratic societies where indifference and flabbiness form the ingredients of a little music that isn’t a background tune anymore, invading everything, everywhere.)

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Re-reading Journal de galère by Imre Kertész, yes (available in English under the title Galley-boat Log). My copy is filled with underlined passages, I open at random and come across this one: “La foi est une question de choix, mais une vie éthique, dépourvue de foi religieuse, l’est tout autant et, à mes yeux, elle est même comme plus héroïque, dans un certain sens, plus digne, elle ne fait pas forcément des gens des assassins pour autant; par contre, la foi ne nous empêche pas de devenir des assassins ou des êtres amoraux, l’histoire montre même que c’est juste le contraire.” (“Faith is a matter of choice, but ethical living, devoid of religious faith, is also, just as much and, in my eyes, it is even more heroic, in a sense, more dignified, it does not necessarily turn people into assassins for all that; on the other hand, faith does not keep us from becoming assassins or amoral beings, history demonstrates that precisely the opposite is the case.”)

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The Watchmaker progresses, one sentence at a time.

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(After a few hesitations, as an illustration, I chose the cover of Zehra Dogan’s Prison No 5 in preference to an illustration of Kochubey the Immortal by Ivan Bilibin – that of a naked old man, brandishing his sword and flying through the air on his horse. That treatment strikes me as too prettified, and Zehra’s much closer to reality in its ugliness. )

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