
Rêve des plus énigmatiques : Trois feuilles d’arbres différents. Chacune correspond à une composition musicale de compositrices de pays différents au sujet desquelles je dois écrire une dissertation expliquant le rapport entre l’oeuvre et l’arbre en question. Il s’agit d’un travail universitaire. Une fois le travail remis à l’examinateur, je déambule avec quelqu’un dans un long corridor de la faculté de médecine de l’Université McGill, à la recherche du portrait de mon grand-père parmi les photos de sommités médicales tapissant les murs. Et pourquoi ton grand-père serait-il du nombre, me demande cette personne. Parce qu’il fut le premier ‘Canadien-français’ chirurgien cardiaque et qu’il a certainement enseigné en plus de pratiquer, dis-je. (En vrai, il aurait plutôt enseigné à l’Université de Montréal qu’à McGill, mais il s’agit d’un rêve. À preuve: quand je trouve sa photo, elle porte le nom de famille de mon père, alors qu’il s’agit du grand-père maternel.)
Le tout dans le climat de L’homme sans qualités de Robert Musil, lorsqu’Ulrich, marchant sur le trottoir avec sa soeur Agathe lui explique comment le mot “génie” en allemand provient de deux sources différentes: l’une la désignation française du travail de l’ingénieur – génie – comme dans les mots engin, ingénieux, et l’autre, issu non pas du latin genium mais de genius, les deux étant devenus totalement imbriqués l’un dans l’autre. (Si mon souvenir est exact, Agathe ne voit pas trop en quoi cette confusion est intéressante et se moque un peu de son frère.Je suppose que Léonard de Vinci serait le meilleur exemple de la combinaison dont parle Ulrich dans le roman.)
Mais le rapport avec la vie, ici et maintenant ? Aucune idée. Encore moins de rapport avec la souris entrée par la porte ouverte sur le jardin, hier, et qui a traversé ma chambre à toute vitesse comme le lapin dans Alice, pendant que je prenais des notes pour un passage qui surviendra plus tard dans L’Horloger des Brumes (où les habitants auraient été ravis de l’aubaine alimentaire qu’elle leur aurait fournis, ça oui.) Je dois dire que de voir les bestioles comme ça me rend la pensée de les tuer encore plus désagréable, bien que je comprenne très bien que je ne peux pas laisser pareille familiarité aller trop loin.
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Et au travers de toutes les horreurs militaires, hier, deux moments de grâce à mon niveau: l’un, assise dans le jardin (avant le passage express de la souris dans ma chambre), en levant la tête: que du bleu, pas même la moindre trace du passage d’un avion ou d’un nuage. Impression de la Terre, tranquille en elle-même, pour ainsi dire. Et un article fascinant sur Médiapart concernant les acides aminés venus de l’espace. (Oui, bon, à chacun ses fascinations, j’en conviens. Mais quand même : “Les questions encore sans réponse concernant l’origine de la vie restent nombreuses. Par exemple, on retrouve près de quatre-vingt-dix acides aminés dans les météorites, alors que le vivant n’en utilise que vingt. Comment se fait-il que le vivant ne soit pas basé sur tous ces acides aminés ? D’où vient cette sélection ?
Une autre question clé est celle de la symétrie. La plupart des acides aminés existent sous deux formes symétriques gauche et droite, exactement comme nos mains. Or, le vivant n’utilise qu’une seule forme, la droite. Comment cette préférence est-elle apparue ?
L’hypothèse la plus en vogue implique de nouveau… l’espace. Car il existe dans certaines parties de l’univers, par exemple la nébuleuse d’Orion située à 1 350 années-lumière de la Terre, une lumière aux propriétés spécifiques. On l’appelle lumière circulairement polarisée. Et cette lumière est capable de favoriser une forme de molécule au détriment de l’autre.
Autrement dit, dans l’espace, il est possible de créer préférentiellement des acides aminés droite (ou gauche) qui semblent indispensables à la vie. Sur Terre, on n’a pas encore trouvé comment y parvenir.”
Fascinant, non ?
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A most enigmatic dream: three leaves from different kinds of trees. Each one corresponds with a musical composition from a female composer from a different country about which I must write a dissertation, explaining the relationship between the work and the tree in question. It’s a scholarly work. Once handed over to the examiner, I stroll down a long corridor with someone in McGill University’s Faculty of Medicine, looking for my grandfather’s portrait among the photos of medical luminaries covering the walls. And would would your grandfather be among them, asks the person. Because he was the first ‘French-Canadian’ heart surgeon and most certainly taught as well as operating, I answer. (In reality, he would have taught at Université de Montréal rather than at McGill, but this is a dream. As evidence : when I locate his photo, it bears my father’s family name, although this is my maternal grandfather.)
The whole thing in the atmosphere of Robert Musil’s The Man Without Qualities when Ulrich is walking outside with his sister Agatha explaining at length to her how the word “genius” in German flows from two different sources: one being the French designation for the work of the engineer – génie – as in the words engine, ingenious, and the other, not from the latin genium but from genius, both having become totally mixed together. (If my memory serves correctly, Agatha doesn’t really see how this confusion is interesting and makes a bit of fun of her brother. I guess Leonardo da Vinci would be the best example for the combination Ulrich is describing in the novel.)
But the connexion with life, here and now? No idea. Even less connexion with the mouse that entered through the door open on the garden yesterday, and who scampered full speed across my room like the White Rabbit in Alice, while I was taking notes for a passage that will occur later in The Watchmaker (where the inhabitants would have been delighted by the feeding opportunity it would have provided, oh yes. ) I must say that seeing the beasties makes the thought of killing them ever more unpleasant although I fully realize I can’t allow this kind of familiarity to go too far.
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And through all the military horrors yesterday, two blessed moments at my level: one, while sitting in the garden (prior to the express crossing of my room by the mouse), upon lifting my head : nothing but blue above, not even the slightest trace of a cloud or a plane trail. An impression of Earth, quiet in itself, so to speak. And a fascinating article on Médiapart concerning the amino acids from space. (Yes, OK, to each his own fascinations, I agree. And yet: “The still unanswered questions concerning the origin of life are numerous. For instance, one finds almost ninety different amino acids in meteorites, whereas the living only use some twenty of them. How is it that the living is not based on all of these amino acids ? Where does the selection come from ?
Symmetry is another key question. Most of the amino acids exist under two forms of symmetry, left and right, exactly like our hands. However, the living only uses one form, the right. How did this preference appear?
Currently, the most popular hypothesis involves…space, yet again. Because there exists in certain parts of the universe, for instance the Orion nebula located some 1 350 lightyears away from Earth, a light with specific properties. It is called circularlyy polarized light. And this light can favor one form of molecule over another.
In other words, in space, it is possible to preferentially create right (or left) amino acids indispensable to life. On Earth, we have not yet found the way to achieve this.”
Fascinating, no?
Fascinant, oui. Reste a trouver sa place, entre la souris et l’espace.
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c’est tout à fait ça. 🙂
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