
Cette fois, je l’ai vue. Ou, plutôt, je devrais dire : j’en ai vu une, parce qu’à ma connaissance, les souris ne sont pas des solitaires. Celle-ci a filé quand j’ai fait de la lumière dans la cuisine. J’ai donc une idée du point de passage maintenant.
Quant à l’illustration, elle date d’un an. Cette année ? Rien. L’idée de célébrer le 1er mai, Fête des travailleurs, n’est venue à personne. Il règne un tel climat de “à quoi bon ?” que l’idée même a semblé étonner les personnes à qui je l’ai mentionnée. Une personne veut protester contre la condamnation à mort d’un rappeur iranien. Deux ou trois autres en ont uniquement contre la fermeture de la piscine municipale. Quant aux élections européennes… L’autre jour, devant des gens qui en parlaient, j’ai dit, innocemment, qu’avoir le droit de vote en Europe, moi, je voterais pour Glucksman. Dieudonné des âmes perdues ! Qu’avais-je dit là ? “Ah non, jamais ! Quoi ? Ce parisien, ce bobo, ce socialiste de salon ! Tu n’y penses pas ?! En plus, il est en couple avec Léa Salamé !” Euh…oui, et alors ? Tout ça est encore plus rédhibitoire que d’être un misérable petit malfaisant de l’extrême-droite ou un égaré d’une gauche sous hallucinogènes ? On vote en fonction du quartier qu’habite le candidat ? Pour ce qui est des idées qu’il défend, on s’en fout ?
Le climat est un mélange de défaitisme et de quelque chose d’encore plus indigeste: une sorte de petit frisson mauvais à l’idée de découvrir ce monde interdit, vous savez, celui que vos parents vous ont dit être terrible, terrible, surtout l’éviter, et cetera ? Oui, une sorte de frisson à l’idée de découvrir “quelque chose de différent”. Incroyable ? Si seulement…
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Donc, entre souris faisant des galipettes dans la maison et climat d’abandon aux “forces qui nous gouvernent contre lesquelles on ne peut rien”, je me dis que je vais peut-être faire de L’Horloger des Brumes une série de versions différentes. Comme diverses séquences de rêve. Plutôt que de tenter de “lisser” les diverses points de départ déjà tentées, défiler les diverses scénarios que m’inspire ce point de départ d’un groupe de voyageurs devenus prisonniers d’un lieu inhospitalier, suite à un éboulis leur bloquant toute possibilité de fuite. Survivre comment ? À quel prix ?
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6h58. Mis en ligne, ces notes du 1er mai 2024 apparaîtront comme étant du 30 avril, puisque l’horloge de wordpress fonctionne sur un fuseau horaire américain. Bien le bonjour, et vogue la galère.
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This time, I saw it. Or I should say rather : I saw one because, as far as I know, mice are not solitary creatures. This one scampered off when I turned on the light in the kitchen. So I now have a notion of the entry point.
As for the illustration, it’s from a year ago. This year ? Nothing. The notion of celebrating May 1st, the Worker’s Holiday, didn’t come to anyone. There’s such a heavy climate of “what’s the point?” that the very thought seemed to surprise those to whom I mentioned it. One person wants to protest against the death penalty for an Iranian rapper. A few others have nothing else on their minds than the closing of the municipal pool. As for the European elections…The other day, in front of a few people talking about them, I innocently said that, had I the right to vote in Europe, I would vote for Glucksman. Oy vavoy? What had I said? “No way, never! What? That Parisian phoney bohemian, that drawing room socialist? What are you thinking ?! Plus, he’s Léa Salamé’s companion !” Uh…yes, so…? All that is a worse prohibition than being a miserable little evil-maker from the extreme right? Or a so-called Leftist on hallucinogens ? Your vote depends on the candidate’s neighborhood ? As for the ideas he defends, who cares? The mood is a mixture of defeatism and of something even more unsavory: a kind of nasty little thrill at discovering that forbidden world, you know, the world your parents told you was so-so awful, never-go-there, etc ? Yes, a kind of thrill at the thought of “something different”. Unbelievable ? I only wish.
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So, between mice somersaulting through the house and the overall mood of abandon “to forces governing us over which we can do nothing”, I tell myself I should maybe let the Watchmaker from the Fog be a series of different versions. Like various scenes from dreams. Rather than attempting to “smooth” out the various intros already attempted, have the different scenarios stream forth, inspired by the starting point of a group of travellers imprisoned in an inhospitable environment following a rock slide blocking every possibility of escape. Surviving how ? At what cost ?
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6:58 AM. Published, these notes will appear under April 30th because the clock at wordpress is set on one of the American time zones. Top of the morning then, and to the next day of “row row row your boat, gently down the stream…”