2 avril 2024

Rêve : arrivée dans une nouvelle école; regard très rapide sur les élèves, debout près du bureau de la maîtresse qui “m’assigne” à une des élèves pour mon introduction au groupe.

(Bien qu’aucune maîtresse m’ait jamais “assignée” de la sorte, l’arrivée dans une nouvelle classe d’une nouvelle école, l’impression à maîtriser d’être une bête de foire – impression ressentie à 8 occasions différentes dans mon parcours scolaire . Ça fit beaucoup d’acclimatations.)

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Un premier coup d’oeil sur les infos n’a rien de réjouissant : destruction sur destructions, une information de Reuters selon laquelle l’utilisation de la crypto-monnaie est au coeur du détournement des sanctions imposées contre la livraison à la Russie de matériel à potentiel d’utilisation militaire, la bêtise à déploiement sans cesse plus étendu.

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Ici : pénurie d’approvisionnement en médicaments, dont certains considérés essentiels. Aucune idée des effets qu’aura l’arrêt forcé de leur prise quotidienne. La pharmacienne a promis de me contacter dès qu’elle en recevrait.

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Autant me concentrer sur les morceaux de réalités où je peux exercer un minimum sinon de contrôle, au moins de…comment dire, d’autonomie ? En tout cas, c’est la raison pour l’illustration du jour, (et le rêve aussi, sans doute.) Car je n’ai jamais écrit ni livre “pour la jeunesse” ni de récit d’anticipation ou de mondes parallèle. Et je n’ai aucune idée de ce qu’il en sera avec L’Horloger des Brumes qui vient de refaire surface, au contact de deux petits carnets de gribouillis.

Le brouillon très brouillons débute ainsi :

Comment raconter cette histoire ?

Elle se déroule en l’an 2060 de notre ère. Non pas que ses protagonistes soient conscients de cette date, comme telle, ni de son origine. Dans la vallée des brumes, on calcule le temps d’une autre façon.

Non pas qu’il s’agisse d’une histoire pour enfants non plus – ou peut-être que si, qu’est-ce que j’en sais au fond? 

Dans le bric-à-brac de l’Horloger des Brumes, se trouvaient : 

1 – une montre-bracelet Rolex Oyster Perpetual Datejust Superlative Chronometer Officially Certified avec le chiffre 18 inscrit dans une petite fenêtre sous le verre .

2 – La page couverture d’une revue Marie-Claire #199 1.03.1969 montrant une femme portant une robe beige lisérée de blanc et un homme penché vers elle, portant un veston marron. Les deux avec des sourires éclatants et des bouches remplies de dents très blanches. Et la liste suivante : 9 hommes disent pourquoi ils sont infidèles – Menie Grégoire  – Les femmes à part entière – Comment l’Eglise casse les mariages – Le jeu qui sauve l’amour – Collections – L’Art d’acheter un fauteuil – Les régimes. 

3. Un objet d’usage inconnu dans une matière tout aussi mystérieuse que l’Horloger conservait enroulé dans un morceau de tissu jauni. 

4. Des bouts de métal comportant trois trous comme des petits visages – deux trous pour les yeux, un trou pour une bouche étonnée. Des fers à poser sur les semelles, en fait, pour les danseurs de claquette.

5. Un petit livre, précieux comme tout. De la taille d’une grande main avec un fermoir et un ruban marque-page orangé. La couverture bordée d’une empreinte dorée représentait quatre animaux fabuleux se battant deux pas deux.  L’horloger était le seul à pouvoir  en lire des extraits, cette langue écrite s’étant transmise uniquement de père en ifls depuis l’Événement.

À l’arrivée des brumes, l’Horloger lisait un extrait. Par exemple :

Le cordonnier enfin lassé 

d’être toujours si mal chaussé

Se fit amputer des pieds.

Mal lui en prit

Car chaque nuit

Le Fantôme des cors aux pieds

Ne lui laisse aucun répit.

Il en pâtit ?

Eh oui. Bien fait pour lui.

Après huit mois à ressasser ces mots, lorsque les brumes se dissolvaient enfin, il en lisait la seconde moitié :

Bérengère la Première

De son père prit le métier.

Brodequins, chaussures en vair

Elle se fit spécialités.

Ses ouvrages furent exposés

À la Chambre des Métiers

Quel succès pour la Première

Fille aînée de l’amputé !

Ce lieu brumeux ?  Parlons-en  : une vallée enserrée entre des falaises d’une pierre lisse ne donnant prise ni à homme ni à bête, ni même à végétation. Des éboulis en avaient bloqué ce qui avaient été sans doute des routes de passage traversant cette région. Une communauté d’une centaine d’individus y survivait dans des conditions d’autant plus pénibles que, huit mois sur dix, la vallée baignait dans une brume épaisse comme une soupe.

Puis, chaque année aussi,  cette brume introduite par la rivière souterraine disparaissait par longues bandes effilochées.

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Ah oui: au réveil ? La partie de l’hymne national ukrainien qui dit : “nos ennemis disparaîtront comme rosée au soleil”; puis, la partie du quatuor No. 1 op.25 de Brahms dans le rondo alla zingarese (vers les 3:30): mélodie revenue de loin dans le passé.

Dream : arrival in a new school; a quick glance at the pupils, standing next to the teacher’s desk who “assigns” me to one of the students for my introduction into the group.

(Although I never had a teacher “assign” me in this way, the arrival in a new classroom in a new school, the feeling of having to master the feeling of being an animal from the zoo – an impression experienced on 8 separate occasions during my school years. It makes for many acclimatizations.)

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A first glance at the news brings no rejoicing: destruction upon destructions, an information from Reuters according to which the use of crypto-currency is at the heart of the diversion of the sanctions against delivery to Russia of materials with a military potential, stupidity on an ever-widening scale.

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Over here : shortages in various medical supplies, some of which are considered essential. I have no idea of what the effects will be of a forced interruption in their daily intake. The pharmacist has promised to contact me as soon as she receives some.

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I may as well concentrate on those pieces of reality over which I can exert a minimum of, if not control, at least of…how should I say, self-government ? At any rate, this is the reason for today’s illustration (and for the dream also, perhaps). Because I’ve never written a book “for children” or science fiction or tales from parallel universes. And I have no idea what The Fog Watchmaker will turn into; it has just re-surfaced at the contact of two small notebooks of various scribblings.

I can’t really translate it at this point, since it involves various rhymed ditties that mark the passing of time in a enclosed valley somewhere where fog reigns supreme for eight months out of the twelve. If the inhabitants still had access to our calendars, they would know they are living in the year 2060.

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Oh yes : upon waking ? The part in the Ukrainian national anthem that says “our enemies will disappear like dew in the sun”; followed by the part in Brahms piano quartet No. 1 op. 25 rondo alla zingarese (around the 3:30 mark): a melody returning from a far-away past.

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