
Hier, à “pareille heure”, il était 3h20; à cause du “changement d’heure”, il est 4h20. Qu’il soit l’un ou l’autre, le sommeil me déserte.
Réveillée; le rêve a disparu, me laissant sur l’impression de mots dévoyés de leur sens, sciemment, par ceux qui s’emploient à démolir les mondes partagés sur lesquels ils reposent.
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Longues, très longues discussions hier soir concernant quasiment chaque mot de la lettre d’appui à la requête de ré-examen du dossier de la fille de N, l’autre personne présente insistant qu’il ne fallait pas modifier un seul mot dans le modèle de lettre proposé; suivi de la vérification de chacune des 11 pièces en appui à cette demande et le dessin de l’arbre généalogique établissant les liens familiaux des deux petites cousines excisées le mois dernier – l’une de 2 ans et l’autre de 9 ans (dans le cas de cette dernière, la grand-mère a profité d’une sortie de la mère pour procéder à la mutilation). En rentrant chez-moi, exténuée, je relis le début de “Pâques 1906” dans Contes d’Exil, quand Pavel compare le village de Zlatovyek, vu depuis le promontoire, à son impression de regarder le couvercle d’une boîte peinte, boîte dont le couvercle se soulèverait avec l’apparition de Vitaly s’étirant au soleil. La “Pâques 1906″ n’en étant pas une de résurrection.
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Je traduis et mets en ligne sur Facebook les suggestions de l’historien Timothy Snyder de 6 associations recevant des dons pour l’Ukraine, alors que le Congrès américain est à nouveau en vacances, sans avoir voter l’aide promise à l’Ukraine et ce, depuis maintenant 6 mois.
Relire The Road to Unfreedom,* (disponible en français sour le titre La route pour la servitude) c’est réaliser à quel point les leaders occidentaux ont accepté de se laisser rouler dans la farine, soit par complaisance, soit par manque total d’imagination (je veux dire par là un manque total de capacité à imaginer que l’adversaire n’utilise en rien les schémas de pensée qui semblent les bases normales et indiscutables des échanges politiques.) La corruption est une chose, mais la stupidité peut être tout aussi désastreuse. (Un commentaire dans The Guardian ce matin de John Bolton prétendant que Trump est “trop stupide” pour réaliser ses rêves de dictateur. Ce qui est un commentaire plutôt stupide en lui-même, parce que tout indique que Trump est tout à fait assez stupide pour être la marionnette des dictateurs qu’il admire. Une sorte de mini-Mussolini encore plus con que Yanukovitch en Ukraine – dont il avait d’ailleurs hérité du directeur de campagne contrôlé par la Russie, lors de l’élection précédente.)
*Timothy Snyder, The Road to Unfreedom, Russia Europe America, Vintage, 2019
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On m’a invitée à déjeuner aujourd’hui, Pâques oblige; invitation acceptée par courtoisie avec bien peu d’enthousiasme. Mon seuil de tolérance au papotage irréfléchi a été largement dépassé lors du déjeuner de jeudi dernier.Je serais plus encline à regarder germer les semis et interroger le pommier sur son intention de reprendre son bourgeonnement, ou pas (maintenant interrompu depuis un départ trop hâtif en janvier).
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Yesterday, at this “same hour”, it was 3:20 AM; because of the “time change”, it is 4:20 AM. Whichever it may be, sleep deserts me.
Awake; the dream has vanished, leaving me with the impression of words knowingly detached from their meanings by those who are busy destroying the shared worlds on which they rest.
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Long, very long discussions last night over almost every word of the letter in support of N’s request for a re-examination of her daughter’s file, another person insisting that not a word be modified in the template provided; followed by a check of every one of the 11 pieces of evidence supporting this request and the drawing of a family tree establishing the family relationship with the two little cousins who were excised last month – one of 2 years and the other of 9 (in her cs, the grandmother took advantage of the mother’s temporary absence in order to proceed to the mutilation). On returning home, exhausted, I read again the opening words in “Easter 1906” in Tales of Exile when Pavel compares the village of Zlatovyek, seen from the promontory to his impression of looking at the lid of a painted box, one that then opens on the appearance of Vitaly stretching his limbs in the sunshine. The “Easter of 1906” not being one of resurrection.
I translate and publish on Facebook historian Timothy Snyder’s suggestions of 6 associations receiving donations for Ukraine, as the American Congress takes off on vacation again without having voted on the aid promised to Ukraine for 6 months now.
Re-reading The Road to Unfreedom,* is to realize the extent to which Western leaders have accepted to be taken for a ride, either out of complacency or through a total lack of imagination (by which I mean a total inability to imagine that the opponent does not use the same thought patterns that appear to be normal and indisputable foundations to political exchanges. Corruption is one thing but stupidity can be just as disastrous. (A comment in The Guardian this morning from John Bolton claiming Trump is “too stupid” to carry through as a dictator. Which is a pretty stupid comment in itself, because everything shows that he’s stupid enough to be the sock puppet to those dictators he admires. A kind of mini-Mussolini, an even worse dummy than Yanukovitch in Ukraine – whose Russian-led campaign director he inherited in the previous American election.)
*Timothy Snyder, The Road to Unfreedom, Russia Europe America, Vintage, 2019
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I’ve been invited to lunch today because of Easter; an invitation I accepted out of courtesy but with very little enthusiasm. My tolerance level for mindless blathering was largely overrun at the luncheon on Thursday. I feel more inclined to watch seeds sprout and to ask the apple tree what its intentions are concerning proceeding, or not, with its budding (arrested since a too-early start back in January).