30 mars 2024

Rêve: il était question d’une relation amoureuse hors-norme entre un Britannique et un Français. Hors-norme parce que, contrairement aux idées reçues, le Français était tout en réserve en public alors que le Britannique, lui, était extravagant dans ses démonstrations de passion envers le Français.

Aucune idée de ce qui a servi de point de départ à ce rêve dans la réalité, si ce n’est l’écart tout à fait contraire entre mes comportements publics et privés. La journée d’hier a été consacrée à deux choses : rencontres, discussions téléphoniques et rédaction d’un brouillon de lettre aux services de l’Ofpra pour une requête de révision du rejet du droit d’asile de la petite de N; en alternance avec sarclage, désherbage et réflexions dans le jardin. Les discussions autour de ce sujet se poursuivront ce matin – chaque mot pesé, discuté, révisé; rencontre avec N en début de soirée pour finaliser les documents requis. Les chances de réussite de cette démarche ? Estimées à 50%.

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Ce matin, André Markowicz parle du rassemblement autour des parents et du frère d’un jeune , âgé de 17 ans, qui s’est jeté à la mer alors que rien ne laissait supposer une intention pareille. Le corps n’a été retrouvé qu’au bout d’un mois. Je pense à ce mois vécu dans l’angoisse par les parents et à ces mots de “mélancolie souriante” offerts en…comment dire, en “explication”, je suppose à accoler à l’inexplicable. L’abîme insondable du “pourquoi” et, oui, le soutien extraordinaire et la générosité extraordinaire aussi de ce partage, hier, autour de sa mémoire. Le mystère qu’est l’autre, toujours.

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Note à moi-même, hier soir : “Je sais qu’écrire est nécessaire à mon équilibre mental. Il ne s’ensuit pas automatiquement que de me lire soit essentiel à l’équilibre mental de quelqu’un d’autre. Posée en ces termes, la question peut paraître étrange; pourtant, c’est vraiment de cela qu’il s’agit pour moi: lorsque l’exercice est à peu près réussi, l’écriture me donne le sentiment d’être en accord avec moi-même; lorsqu’on me lit sans y adhérer, ça me laisse le goût amer de m’être exposée à tort. Les gens se protègent dans la vie; c’est ce qu’on nous apprend à faire parfois à coups de leçons très pénibles.”

Cette zone fragile d’équilibre entre l’intime et le partagé. Comblée parfois, dans des moments de communion exceptionnelles et inoubliables.

Relisant ceci quelques heures plus tard : je me rends compte que ce blog me sert d’espace de compromis où des personnes ont le choix de lire ces quelques mots, ou pas et où je n’ai pas nécessairement à savoir ce qu’ils ou elles pensent de moi ou de ce que j’y écris.

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Schubert. 2e mouvement du quatuor pour cordes #14 en ré mineur.

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The dream was about an unusual love affair between a British man and a French one. Unusual because, contrary to the usual stereotypes, the Frenchman was very reserved in public while the British one was extravagant in his passionate demonstrations towards the Frenchman.

I have no idea of what served as a starting point to this dream in real life, other than the marked contrast between my public and my private behavior. The day yesterday was devoted to two things: meetings, phone discussions and writing of a draft letter to Ofpra requesting a revision to its rejection of the right of asylum for N’s young daughter; alternating with hoeing, weeding and thinking in the garden. The discussions will continue this morning – each word weighed, discussed, revised: meeting with N this evening in order to finalize the required documents. The chances of success in this procedure? Estimated at 50%.

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This morning, André Markowicz writes about the gathering around the parents and the brother of a youth, aged 17, who threw himself into the sea when nothing suggested he had such an intention. The body was only found after one month. I think of that month lived in anguish by the parents and of the words of “smiling melancholia” offered up as …how can I say, as an “explanation” I guess, applied to the unexplainable. The unfathomable abyss of the “why” and, yes, the outstanding support and the just as outstanding generosity of this gathering, yesterday, around his memory. The ever-remaining mystery of the other, always.

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Note to myself, last night: “I know that writing is necessary for my mental balance. It does not automatically follow that reading me be essential to someone else’s. Examined in these terms, the matter may appear strange; yet, that is truly what it’s about for me: when the exercise is more successful than not, writing provides me with the feeling of being in agreement with myself; when what I write is read without encountering something similar, I’m left with the bitter taste of having exposed myself wrongly. People protect themselves in life; that is what we are taught to do, sometimes through very painful lessons.”

That fragile zone between the intimate and the shared. Occasionally filled in exceptional and unforgettable moments of communion.

Reading this over a few hours later: I realize this space is a kind of half-way house, a compromise where people can choose to read or not and I don’t necessarily need to know what they think about me or what I jot down here..

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Schubert’s string quartet #14 in D minor.

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