Certains rêves sont plus étonnants que d’autres. Celui-ci, par exemple : un commerçant local avait reçu livraison d’unicornes d’une blancheur étincelante. Chaque acquisition d’un unicorne donnait droit à un saladier blanc gratuit. Je me rendais à son commerce pour voir si je pouvais avoir un saladier sans l’unicorne qui, lui, ne m’était d’aucune utilité.

Ce qu’il faut en comprendre ? J’en saurai peut-être quelque chose dans la journée…

À moins que ce passage de L’Origine des Oiseaux ne soient en cause :

“Il n’est pas utile que je raconte avec tous les détails le stratagème grâce auquel je parvins à retourner dans le Continent des Oiseaux. Une bande dessinée le raconterait par un de ces trucs qui marchent à cause du dessin et rien d’autre. (Le carré est vide. Moi j’arrive. J’enduis de colle l’angle en haut à droite. Je m’assois dans l’angle en bas à gauche. Entre un Oiseau qui vole, par la gauche, en haut. Au moment de sortir du cadre, il y reste collé par la queue. Il continue à voler et tire derrière lui tout le carré, qui est fixé à sa queue, avec moi assis, au bout, et je me fais transporter. Ainsi, j’arrive au pays des Oiseaux. Si cette histoire ne vous plaît pas, vous pouvez en imaginer une autre : l’important est de me faire arriver là-bas.”)*

*Ilato Calvino, Cosmicomics, folio, Gallimard 2013

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Oui, il y a souvent nécessité de prendre congé de la réalité. À mon âge, comment puis-je être encore déçue, et par moi-même et par mes semblables ? Non, chaque fois, la déception est la même (je songe ici à l’attitude générale concernant…ben, à peu près tout ce qui se traficote dans les officines du “pouvoir”. Tous les petits arrangement sordides enrobés de mots aussi étincelants que la blancheur de l’unicorne.)

(Dans le rêve, en fait, j’apercevais l’unicorne dans un champ de luzerne qui le recouvrait presque entièrement, sauf pour sa tête chevaline toute blanche et très allongée; mais il n’avait pas de corne.)

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Some dreams are more surprising than others. This one, for instance : a local shop owner had received a shipment of unicorns of a dazzling white. For each purchase of a unicorn, you got a free white salad bowl. I was on my way to his store to see if I could get a salad bowl without the unicorn I had no use for.

What I’m supposed to understand ? Perhaps I’ll find out during the day…

Unless this excerpt of The Origin of Birds in Calvino’s Cosmicomics has something to do with it:

“Detailing the stratagem by which I managed to return to the Continent of Birds is not useful. A cartoon would describe it through one of those deals that works because of the drawing and nothing else. (The square box is empty. I arrive. I slather the upper right hand corner with glue. I sit in the lower left hand corner. A Bird flies in by the upper left. As he is exiting the box, his tail gets stuck in the glue. He goes on flying and pulls the entire square box behind him as it is stuck to his tail, with me sitting in it, and I get carried in this way. Thus do I arrive in the land of the Birds. If this story doesn’t suit you, you can always imagine another: the main thing is that it have me arriving over there.”)

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Yes, there is often need to take a break from reality. At my age, how can I still be disappointed, both in myself and in my fellow human beings? No, every time, the disappointment is the same (I’m thinking here about the general attitude concerning…well, just about everything being cooked up in the back rooms of “power”. All those sordid little deals wrapped up in words as shiny as the unicorn.)

(In fact, in the dream, I caught sight of the white unicorn in a field of alfalfa covering it almost completely, except for its horse-like and very long head; but it had no horn.)