
Dans le rêve, deux personnes s’emparaient chacun d’un coin d’un hangar en tôle et se mettaient à le soulever et à l’agiter comme on ferait d’une balançoire; je leur criais d’arrêter avant qu’elle ne vole en morceaux.
Et je sais bien que le hangar peut aussi bien être l’une des constructions humaines si fragiles qu’on appelle démocraties que le hangar dans lequel se réfugie, par la force des choses, le personnage Ethel Garrett dans Là où les Enfants S’amusent. Ethel est comédienne de profession et lorsque je l’ai quittée hier, elle était à se rappeler la pièce de Samuel Beckett, Oh les beaux jours . Elle s’apprêtait à se souvenir l’avoir connue d’abord sous son titre anglais de Happy Days (lui inspirant la chanson Happy Days Are Here Again) – car Beckett écrivait parfois d’abord en anglais, et d’abord en français. (Personnellement, je ne connais la pièce qu’en français, mais la version originale est disponible sur youTube, alors je vais la regarder…avec Ethel, pour ainsi dire.)
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La rencontre avec la députée au sujet de N et de ses 5 enfants a été reportée à 16h aujourd’hui. Entretemps, N a obtenu un sursis de 15 jours supplémentaires avant de devoir quitter le logement qu’elle occupe; elle et moi irons voir l’avocat à Toulouse mardi pour voir laquelle des approches juridiques a les meilleures chances d’assurer une protection à ses enfants. Pendant que la recherche de logement se poursuit et, surtout, la recherche d’une personne disposée à signer un bail dont nous assumerons collectivement le paiement des mensualités.*
*rajout, 3 heures plus tard : éclaircie majeure sur cette question, une personne en instance de divorce offrant sa résidence à N et ses enfants jusqu’à la fin de l’année scolaire – le collectif prenant en charge les dépenses y afférentes. Déjà, je respire beaucoup mieux.
Je lisais hier dans Médiapart que des zélés dans le Pas-de-Calais, ont pris de l’avance sur l’adoption de la loi. Le 115 (numéro d’appel pour les logements d’urgence) pratique déjà la “préférence nationale” en refusant de loger des “sans papier.” Le hangar de tôle subit des secousses de plus en plus fortes.
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Deux ans que ça dure. Je veux dire l’Ukraine. Deux ans que les forces du Mal s’emploient à déliter, non seulement la résistance des Ukrainiens, mais la volonté des alliés de se tenir debout. Comme le serpent dans Mowgli, il se pratique différentes techniques d’hypnose collective, avec, tout nouveau dans l’arsenal, les ‘fake’ – images, vidéos, discours – truqués et confondants d’exactitude. Une lutte pour nos âmes, comme l’appelle l’historien Timothy Snyder, et quiconque possède nos âmes nous impose ses politiques.
Oui, le dragon meurt dans la pièce de théâtre d’Evguéni Schwartz illustré ci-haut; mais il ne meurt pas avant d’avoir disséminé les graines de “dragonitude’ dans chacun. La lutte sera féroce et elle durera longtemps, si résistance il y a. Tout, absolument tout, se joue sur la résistance.
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In the dream, two persons had grabbed hold each of one corner of a shed made of metal sheeting, they had lifted it and were swinging it back and forth as would would a swing; I was yelling at them to stop before it flew off in bits.
And I knew full well that the shed could just as well be one of those oh-so fragile human constructions known as democracies, as it could be the shed in which is sheltering – by dint of circumstance – the character of Ethel Garrett in Where the Children Play. Ethel is a professional actress and when I left her yesterday, she was remembering Samuel Beckett’s play Oh les beaux jours. She was about to remember having known this play in English first, under it’s title of Happy Days (bring back the memory of the song Happy Days Are Here Again) – because Beckett sometimes wrote first in English, and sometimes, first in French. (Personally, I only know the French version, but I see the original is available on youTube so I will watch it…with Ethel, so to speak.)
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The meeting with the deputy concerning N and her 5 children has been moved to 4PM today. In the meantime, N obtained a respite of 15 additional days before having to leave the appartment she’s in at the moment; she and I will go see the lawyer in Toulouse on Tuesday to see which of the legal approaches carries the best chances of insuring the protection of her children. While the serach continues for new lodgings and, mostly, the search for a local someone willing to sign a lease, the monthly payments of which we will take on collectively.*
*Update three hours later : major clearing on this issue, someone who is divorcing has offered up her home for N and her children until the end of the school year – the collective will handle related expenses. I’m breathing more smoothly already.
Yesterday, I read on Médiapart that zealous ones in Pas-de-Calais have moved ahead of the adoption of the bill. The folks at 115 (phone number for emergency shelter) are already applying “national preference” by refusing shelter to those “without papers”. The metal shed is experiencing every-stronger shaking.
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It’s going on two years. I mean Ukraine. Two years during which the forces of Evil have been at work disintegrating not only Ukrainian resistance, but the will of the Allies to stand up and deliver. Like the snake in Mowgli, various techniques of crowd hypnosis are at work, with, the brand new member in the arsenal of fakes – images, videos, speeches – of confounding exactness. A battle for our souls, the historian Timothy Snyder calls it, and whoever owns our souls imposes his politics on us. Yes, the dragon dies in Evgueny Schwartz’s play illustrated above; but it only dies after spreading seeds of “dragonhood” in everyone. The battle will be fierce, and long-lasting, should the resistance hold. Everything, absolutely everything, depends on resistance.