
Deux images de rêves : avec une louche, dans l’une, je retirais d’une casserole ce qui était parfois des douzaines d’ oeufs dans leurs coquilles, parfois des châtaignes, que je transférais dans le plat de quelqu’un; certaines des coquilles ou des châtaignes étaient calcinées mais ça ne semblait pas déranger la personne qui les recueillait. L’autre image: je faisais un grand ménage dans une cuisine collective double – deux cuisines en parallèle, avec une porte au milieu allant de l’une à l’autre. La deuxième n’avait pas été rangée depuis très longtemps, ou peut-être jamais.
(Puis, je lis le poème-du-dimanche-paraissant-le-mercredi sur carnets paresseux Revoilà le point du jour qui contient le mot pouacre que je ne connaissais pas du tout, avec le sens de sale, de vilain et, oui, franchement, ces oeufs et/ou châtaignes cramées dans le rêve étaient cela même, pouacres.)
Ce qui, par association d’idées, me ramène au mot “chevanche” lue hier soir dans le Dit La Paix de Rutebeuf, (mot ancien désignant “ce qui est nécessaire pour subsister”). Et vraiment, ce pouacre correspond bien à ce que Rutebeuf transmet de ces poème de l’infortune.*
Mais aussi, ce qui me frappe en lisant les traductions de ces poèmes du 13e siècle par Françoise Morvan, c’est à quel point le monde dont parle Rutebeuf me fait penser au “grunge” de l’univers des squats et des squatteurs; le mot grunge étant peut-être l’équivalent contemporain du pouacre en question.
*Rutebeuf, Le Dit de la Grièche d’Hiver et autres poèmes de l’infortune, Traduction de Françoise Morvan, illustrations des Chat Pelés, Les Éditions Mesures, 2023.
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La réunion d’hier concernant l’éventualité d’un sorte de collectif d’auteurs locaux pour une promotion commune de leur travail m’a confirmé que la proposition ne me convenait pas; je comprends fort bien que pour certains, beaucoup plus jeunes que moi, qui tentent de vivre et même, d’élever une famille sur la vente de leurs livres, la formule puisse avoir de l’intérêt. Ça n’est pas mon cas, de un; de deux, mise à part une situation de collaboration réelle parce qu’on adhère, d’une façon ou d’une autre, à l’univers particulier d’autres créateurs, je ne vois pas comment un projet fondé uniquement sur un objectif comme celui-là peut réunir des univers aussi disparates sur une même plate-forme. Si moi, personnellement, je n’éprouve aucune envie d’acquérir l’un des titres des auteurs représentés sur une telle plate-forme, pourquoi irai-je à l’âge de 78 ans cette année, gaspiller sur un tel projet un gramme du temps précieux qui me reste ? Donc, je n’en serai pas et si l’entreprise connaît un certain succès et atteint les buts recherchés, j’en serai bien contente pour eux, et puis voilà.
Pour l’heure, entre la recherche d’uh toit pou N et ses 5 enfants, et mes révisions en suspens, il y a largement de quoi m’occuper. Quelle est l’expression déjà ? Qui trop embrasse mal étreint ? C’est cela même.
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Two images from dreams: in one, I was ladling out of a saucepan what were sometimes dozens of eggs in their shells, at other times chestnuts, and transferring them into someone else’s bowl; some of the shells or chestnuts were burnt to a crisp but that didn’t seem to bother the person receiving them. The other image: I was proceeding to a serious cleaning in a double collective kitchen – two kitchens running in parallel with a door in the middle connecting them. The second one had not been cleaned in a very long time, perhaps even never.
(I then read the Sunday-poem-appearing-on- Wednesdays Revoilà le point du jour on carnets paresseux’ blog; it contains the word pouacre I did not know at all, with the meaning of dirty, grubby and, yes, frankly, those burnt eggs and/or chestnuts were truly pouacres.)
Which bey association brings me back to the word mot “chevanche” I read last night in le Dit La Paix de Rutebeuf, (an ancient word meaning “what is essential for subsistence). And truly, this pouacre matches up well with what désignant “ce qui est nécessaire pour subsister”. And truly, this words pouacre conveys what Rutebeuf is transmitting in these poems of infortune.
But also, what strikes me as I read the translations of this poems from the 13th century, is how much the world Rutebeuf talks about reminds me of the “grunge” of the world of squats and squatters; the word grunge being, perhaps, the contemporary equivalent to this word pouacre.
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Yesterday’s meeting concerning a kind of collective for local authors wishing to promote their self-published work was a confirmation that the proposal does not suit me; I fully understand that for some, much younger than I, who are attempting to subsist and, even, to raise a family with the sale of their books, the formula may be of interest. Such is not my case, for one. For another, except in the case of a deep and solid collaboration between creators whose worlds are copacetic, in one way or another, I don’t see the interest in a project resting solely on the objective of greater sales can combine a rag-tag of different notions on one platform. If I, personally, would not be interested in buying a single work by other authors represented on such a platform, why the hell would I, age 78 this year, spend any of my remaining and precious time on such a project. So I will not be part of the enterprise and should it achieve a certain success and provide others with what they are seeking, I’ll be pleased for them, and that will be the size of it.
For the time being, between the search for a roof for N and her 5 childfren and my revisions in abeyance, I have enough on my plate to keep me occupied. What’s does the expression say ? Grasp too much, lose everything ? Exactly.
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surprise et fierté mêlées, de retrouver ici ma Pimprenelle entre un rêve d’oeuf-chataigne bouilli et Rutebeuf. 🙂
ne rien perdre de son temps et arriver quand même à “trop embrasser”, voilà un dilemme partagé !
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oh que oui, surtout quand on est de la “race” ) avec tendance à ratisser large – que faire, sinon se dire comme les enfants que les journées ne seront jamais assez longues, ni les nuits non plus, pour ce qu’elles amènent de mélanges étonnants 🙂
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Rien n’est assez long pour ratisser suffisamment. De mon côté, heureusement, la fatigue m’arrête périodiquement et m’oblige a macher et digérer ce que j’entasse.
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