13 février 2024

Les réunions. Il fut une époque dans ma vie où le rythme en était bien plus soutenu qu’il ne l’est ces jours-ci. Il n’empêche : sans doute n’ai-je plus l’énergie que j’avais alors mais, en plus, je fatigue très vite lorsque les discussions s’égarent dans des méandres qui ne mènent nulle part, bref, je me débrouille beaucoup mieux seule, ou en petit comité.

Quant à la réunion qui se profile ce matin (de 10h à midi, me dit-on), je n’en attends vraiment pas grand chose : il s’agit d’une première rencontre d’écrivains dont le seul lien est d’habiter un même territoire, afin de parler de la “visibilité” d’oeuvres n’intéressant en rien les maisons d’édition. Que dire ? Pas grand chose, je crains, mais il y aura certainement une ou une autre personne pour dire pas grand chose avec beaucoup de mots. C’est une des formes de torture qui se pratique le plus fréquemment dans les réunions.

Pendant ce temps, l’écriture reste en suspens. Et les réponses à divers messages concernant d’autres réunions, aussi.

*

Les moments bénis où le temps quitte celui des horloges: au réveil, en ombres chinoises contre le ciel pâlissant, deux pigeons se faisant la cour alors qu’au-dessus d’eux, passe un vol effiloché de canards sauvages.

La lecture d’un fragment d’élégie

...on aurait dit qu’un églantier parlait

de sa voix rouge, fraîche, aromatique…*

Viatiques à l’ouverture d’une journée aussi imprévisible que toutes les autres. 

*Anna Akhmatova, Les Élégies du Nord et autres poèmes, Choix, traduction et présentation d’André Markowicz, Les Éditions Mesures, 2023.

*

Meetings. There was a time in my life where their numbers were greater than they are these days. No matter: I undoubtedly no longer have the energy I had then but, to top it off, I tire very quickly when discussions get lost in meanderings that go nowhere, briefly stated, I manage much better alone, or in small groups. 

As for the meeting scheduled for this morning (from 10 to 12, I was told), I really don’t expect much from it: it will consist of a first meeting of writers whose sole connection is that of living in the same region, in order to discuss the “visibility” of works that don’t interest publishing houses. What is there to say? Not much, I fear, but there will certainly be one or another participant who will say not much with a lot of words. It’s one of the forms of torture most frequently practiced in meetings. 

Meanwhile, writing remains in abeyance. As do answers concerning other meetings.

*

Moments when time leaves the clock version of itself: upon waking, in profile against a lightening sky, two pidgeons in courtship while above them, a frayed flock of wild ducks go by. 

The reading of a fragment of an elegy in which “it’s as if a sweet-briar spoke with its red, fresh, aromatic voice…” 

...on aurait dit qu’un églantier parlait

de sa voix rouge, fraîche, aromatique…*

Sustenance as I set out for an day as unforeseeable as every other. 

4 comments

  1. Je compatis. Je sors de trois heures de réunion où chacun son tour s’est évertué à répéter ce que les précédents avaient dit avec d’autres mots et sans aucune information nouvelle… mais avec énormément de sérieux.
    Sur une scène, cela ferait un spectacle drôle et cruel !

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    • C’est assez fascinant (si on en a le temps): l’un dit ABC; le second affirme être totalement d’accord avec ABC, et même il a mentionné ABC lors de la rencontre de XYZ et s’étonne que…: le troisième : “sans parler du ABC tel que défini dans ma conférence du Trente-six du mois d’ entembre, dont je rappelle qu’il…(sono: ronflements s’élevant du fond de la salle…) 🙂

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