10 janvier 2024

Dans le rêve: un long moment consacré à l’un des personnages de Là où les enfants s’amusent, à l’identité du tueur de la jeune fille et à ses motivations, pendant que je suis étendue dans une chaise longue à observer la structure d’une très grand pin (40? 50 mètres ?) avec une seule branche charpentière qui émerge du tronc, puis se dresse en parallèle à celui-ci.

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Rencontre avec une femme hier à la demande de la patronne d’un salon de thé local : Je serais bien curieuse de savoir comment les juges de la CNDA (Cour Nationale du Droit d’Asile) évaluent les risques d’excision sur une gamine de 5 ans en provenance de la Côte d’Ivoire, pour en arriver à la décision que le risque n’est pas assez sérieux pour justifier un droit d’asile à sa mère et à ses 5 enfants. Je ne sais pas si l’un ou l’autre de ces juges s’imaginent ce que sera la vie de cette femme et de ces enfants obligés de retourner vers une famille traditionaliste qui leur en fera tous voir, oh combien, pour leur tentative de fuite; et comment cette femme, elle-même excisée par sa mère à l’âge de six ans, empêchera cette dernière de procéder pendant qu’elle-même, ayant quitté un bon emploi pour mettre ses enfants à l’abri, tentera de se refaire une vie dans des conditions d’opprobre et de rejet par sa communauté. Sûrement que les trois juges qui l’ont entendue le 9 janvier, et lui ont signifié le refus le 30 du même mois n’ont pas eu ces considérations à l’esprit. Dorénavant, de trois, ils seront seuls qui devra entendre, juger, et motiver sa décision (de refus dans la plupart des cas) sur deux audiences par jour. Cette dame et ses cinq enfants…il en coule beaucoup d’eau sous un pont en une seule journée.

Certains d’entre nous ferons notre possible pour l’aider. Pas sûre du tout que cela suffise. Mais chacune de situations comme celle-ci illustre le gouffre séparant les abstractions de la réalité.

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Sans surprise aucune, mon commentaire sur un site payant répandant la propagande russe incitant les Français à se désolidariser de l’Ukraine reçoit la volée de bois vert prévisible. Inutile d’y répondre. Je lis énormément de commentaires découragés chez les soutiens; ceux-là me préoccupent bien davantage. Le ‘à quoi bon?’ est au moins aussi destructeur puisqu’il indique à quel point le travail de sape progresse. Mais comme disait l’autre: rien de tel que la survenue d’un problème additionnel pour re-équilibrer la charge sur son dos (vrai jusqu’au moment où la charge devient impossible à soulever, mais nous n’en sommes pas là, nul besoin d’anticiper.)

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Samedi. Hâte de voir si l’avis de livraison du colis depuis les Les Editions Mesures se confirme. Si oui, je vais devoir dégager une deuxième étagère dans la petit bibliothèque qui leur sert de résidence. (Ecrit le sourire aux lèvres.)

Dans l’illustration ci-haut, on le voit mal, mais le “bâton de pouvoir” montre une main qu’on voit bien, sans distinguer ce qu’elle tient délicatement : un oeuf. Force et protection.

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In the dream: a long moment spent thinking about one of the characters in Where the Children Play, at the identity of her killer and his motives, while I lie in a deck chair observing the structure of a very tall pine tree(40? 50 meters ?) with a single main branch emerging from the trunk and rising parallel to it. 

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Meeting with a woman yesterday at the request of the owner of a local tea shop : I would be curious to know how the judges at the French National Tribunal on the Right to Asylum evaluate the risks of excision on a five-year old girl from the Ivory Coast, so as to decide that the risk is not serious enough to justify granting asylum to the mother and her 5 children. I don’t know if one or another of these judges imagines what will be the life of this woman and of her children forced to return to a traditionalist family that will make them all pay for their attempt to flee; nor how this woman, who was subjected to excision at the age of six by her own mother and left a good job in order to shelter her children, will manage to keep her mother from proceeding while she struggles to rebuild her life under conditions of opprobrium and rejection by her community. Surely, the three judges who heard her on January 9th and signified their refusal on the 30th of the same month had none of these considerations in mind. Besides, from now on, the hearings will be in front of a single judge who will have to hear, judge and motivate the decision (refusal in most cases) on two different hearings every day. This woman and her five children…so much water flows under the bridge in a single day.

Some of us will do our best to help her. I’m not at all sure it will be sufficient. But every such situation illustrates the deep chasm between abstractions and reality.

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Utterly unsurprising, my comment on a paid website spreading Russian propaganda inciting the French to dissociate themselves from Ukraine gets the predictable drubbing. Answering such is useless. I read an enormous amount of discouraged comments by supporters of Ukraine; those worry me much more since each ‘what’s the point ?’ indicate how much the mining of energies is progressing. But as someone said once: there’s nothing like the addition of an extra problem to redistribute the weight on your back (true, until the weight becomes impossible to lift, but we haven’t reached that point yet, there’s no need to anticipate.)

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Saturday. Eager to see if the postal notice for the receipt of a parcel from Les Editions Mesures holds true. If so, I’ll have to clear an extra shelf on the small bookcase that serves as their home. (Written with a smile on my face.)

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(In the illustration above, one can see the hand in the “power stick” but not what it is holding gently: an egg. Strength and protection.

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