9 février 2024

Rêves très longs, très détaillés, que j’ai notés ailleurs (ils occuperaient sinon tout l’espace ici). L’essentiel en étant le reflet pendant que je dormais de ce que je ressens très fortement éveillée: une forme de sidération devant le découplage entre le quotidien, local, meublé de plaisirs et de préoccupations sans grande importance et les monstrueux désastres en cours. Est-ce justement à cause de leur monstruosité qu’on préfère les tenir loin de nos pensées, pour ne pas contaminer le monde des habitudes confortables, un monde fait de petites satisfactions, de râlage et d’énervement quasiment rituels contre les décideurs et une espèce de célébration de l’impuissance qui nous soulagerait de toute responsabilité dans le déroulement des événements en cours ? Je ne fais pas exception en la matière, c’est bien pour ça que j’en suis consciente.

Ça me fait penser à la fois où un imbécile de chauffeur de taxi, ayant raté la sortie, a reculé sur l’autoroute; je m’étais retournée sur le siège et je voyais approcher les phares d’une voiture derrière le taxi, question de voir quelle serait la force de l’impact, parce que je préfère toujours savoir, même lorsque je suis littéralement impuissante à éviter ce qui vient. (Grâce à l’autre chauffeur, les dégâts furent gérables, ce qui ne ressemble en rien à la situation actuelle.)

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Le soir, je relis très lentement Le Refus d’Imre Kertész*, notant que je suis encore plus d’accord maintenant avec les passages que j’ai soulignés que je ne l’étais lors de la première lecture.

Et je reçois un avis de livraison imminente d’un colissimo en provenance des Editions Mesures, nouvelle qui me réjouis comme à l’annonce de l’arrivée d’amis avec lesquels avoir des conversations intelligentes. 

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Là où les enfants s’amusent : hier, j’ai effectué des virages importants dans la quatrième partie – celle de Moïra et des gamins, Karim et les autres. Virages qui me paraissent plus intéressants dans leurs développements possibles que dans la première version. Les récits se déroulent fin 2015 et début 2016.

*Imre Kertesz, Le Refus, Babel, Actes Sud, 2001

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Very long and detailed dreams that I noted down elsewhere (or else they would have taken up allthe space here). The essential aspect in them being their reflection, while sleeping, of what I experience strongly while awake : a kind of amazement at the uncoupling between the daily local stuff, consisting of pleasures and worries that aren’t all that important and the monstrous disasters taking place. Is it because of their very monstrosity that we prefere to keep them far away from our thoughts, so as not to contaminate the world of comfortable habits, a world made up of small satisfactions, of kvetching and nervous outbreaks of an almost ritualistic nature against the decidors, and a kind of celebration of a powerlessness that relieves us of all responsibility in the unfolding of current events. I am no exception in this case, which is why I’m aware of it.

It reminds me of the time when a dummy of a taxi driver, having missed the exit, backed up on the highway; I had turned around on the seat to see the approaching headlights of the car behind the taxi, so as to see how strong the impact would be, since I always prefer knowing, even when literally powerless in avoiding something. (Thanks to the other driver, the damages turned out to be manageable, which is in no way similar to the current situation.)

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In the evening, I re-read slowly Imre Kertesz’ Le Refus (Fiasco in English), noting that I agree even more now with the sections I had underlined at first reading, a while back.

And I receive a postal notice of the imminent arrival of a parcel from Editions Mesures, news that delights me as would the arrival of friends with which to have intelligent conversations.

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Where the Children Play : Yesterday, I proceeded to important switches in the fourth section – that of Moira, Karim and other children. Switches that strike me as more interesting in their developments than what I wrote in the first version. The events take place in late 2015 and early 2016.

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