
Ah, vraiment, assez.
Après la “jolie histoire” sur facebook de Jaccottet au sujet de Mandelstam récitant du Pétrarque au goulag, je publie une mise au point; quelqu’un de commenter que “les deux histoires ne sont pas contradictoires.” Parce que cette femme s’imagine vraiment qu’on se balade comme ça dans un camp de transit, le ventre tordu par la faim et les orteils gelés à vanter la Laure de Pétrarque et à tirer les larmes des yeux des autres prisonniers ? Bon, j’arrête mais, vraiment, je ne suis guère d’humeur à “faire comme si” on pouvait encore se raconter pareilles sornettes et les compléter avec des risettes avec voeux de bonheur et d’amitié éternelle. Je n’ai jamais été fervente des coupes de champagne et cris de joie de la Saint-Sylvestre; cette année, jusqu’à la pensée me semble scandaleuse.
Réveillée depuis 4h du matin, la tête vide, à la recherche du moindre fil de pensée utile. Rien. Et bien, qu’il en soit ainsi. L’année fut moche 2024 ne s’annonce pas plus chouette, bien au contraire.
Alors, je vais sortir les vidanges, balayer le sol, aller acheter quelques fruits au marché et espérer un éclairci dans ma tête. Mais, vraiment, j’aimerais tant que nous soyions tous meilleurs que nous sommes.
Aussitôt qu’une pensée potable se présentera dans ma tête, je promets de la rajouter ici en post-scriptum.
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Post-scriptum : en début de soirée, après plusieurs heures sur Là où les enfants s’amusent, je replonge dans Le Maître et Marguerite de Boulgakov* en grande partie en raison de ses mots dans la préface selon lesquels, malgré les apparences, ”le thème profond (en) serait, malgré tout, la confiance.“
*MiKhaïl Boulgakov, Le Maître et Marguerite, traduit du russe par André Markowicz et Françoise Morvan, éditions inclute/dernière marge 2020
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Oh, enough already.
After Jaccottet’s “pretty story” on facebook about Mandelstam reciting Petrarch in the gulag, I published a clarification that someone commented with “the two stories are not contradictory”. Because the woman commenting with those words truly imagines someone can wander about just like that in a transit camp, stomach wracked by hunger and toes frozen, praising Petrarch’s Laura and drawing tears to the eyes of the other prisoners? All right, I’m stopping but, really, I’m in no mood to “act as if” one could still come up with such nonsense and play kissy-kissy with best wishes for happiness and eternal friendship. I never was a great one for glasses of champagne and cries of joy on New Year’s Eve, but this year, even the thought strikes me as scandalous.
Awake since 4 AM, with an empty head, searching for the slightest thread of a useful thought. Nothing. Well, so be it. The year was lousy and 2024 does not augur any better, quite the contrary.
So I’ll put out the trash, sweep the floor, pick up some fruit at the market and hope for a clearing in my head at some point. But I do wish we were all a lot better than we are.
As soon as a decent thought deigns to show up in my head, I promise to add it as a P.S.
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PS In the early evening, after several hours spent on Where the Children Play, I dig into Bulgakov’s The Master and Margarita again, in large measure because of the words in the preface according to which, appearances to the contrary, “ the basic theme would be trust, despite everything.”
Vider les vidanges,,oui. Comme les traditions d’ouvrir la porte et de balayer la maison de tout le passé de l’année qui se termine. Pour faire place à ce qui se presentera…
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Voilà. Très juste.
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