
“Mais non, mais non,” a dit le pharmacien mardi, en m’injectant un vaccin (covid) dans le bras gauche et l’autre (grippe) dans le bras droit. “Vous ne sentirez rien du tout.” Faux. Archi-faux. En fait, il voulait dire que les douleurs musculaires,les frissons incontrôlables, la fatigue, le mal de crâne et le mal de gorge seraient beaucoup beaucoup plus intenses sans les vaccins. J’espère simplement que l’effet va s’atténuer aujourd’hui.
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Un “ami” facebook a recommandé le livre Désappartenir – psychologie de la création littéraire de Sophie Képès* que je viens de lire. S’inspirant de sa propre histoire familiale fort peu réjouissante, elle y explore l’influence des traumatismes d’enfance dans l’écriture de nombreux auteurs allant de Tchekov, Tolstoï, James Joyce, à Marguerite Duras, Joyce Carol Oates…et j’en passe. Ces traumatismes ne sont pas difficiles à trouver – abandons, viols, incestes, maltraitances verbales et physiques…
Mais au final, je retiens surtout une réflexion qui intervient au début du livre : bien qu’il soit indéniable ques pareils événements aient suscité des névroses (qu’on les nomme comme on voudra), nombreux sont ceux et celles qui en ont subi autant, en sont restés marqués à vie…sans devenir écrivains pour autant. Le maintien des facultés créatrices malgré les traumatismes et malgré les névroses qu’ils suscitent sont nécessaires pour que l’écriture devienne le mode d’expression que privilégie quelqu’un. Je considère cette distinction comme cruciale. (Je ne me souviens plus dans lequel de ses livres, Jorge Semprun raconte comment il s’est finalement mis à écrire après avoir entendu un autre survivant des camps raconter son enfer d’une façon tellement ennuyeuse qu’il s’est dit “non, là, ça n’est pas possible, ça n’est pas comme ça qu’il faut en parler.” )
Et puis, de l’enfance si pénible d’un Tchékhov, par exemple, le plus exceptionnel, c’est l’oeuvre qu’il a pu produire à l’âge adulte.
*Sophie Képès, Désappartenir – psychologie de la création littéraire, Maurice Nadeau éditeur, 2023
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Phrase par phrase, petit caillou par petit caillou, L’Horloger des Brumes avance. Je dois dire que je ne m’attendais pas du tout à l’interprétation de “la couseuse” sur ce qu’elle appelle “le matin de la fin du monde.” En plus, si le gamin connaissait l’existence des chèvres, il comparerait le rire de la vieille femme à leur béguètementJ’en apprendrai sans doute davantage, mais pour l’heure, je retourne me coucher. Je n’ai pas l’énergie requise pour commenter les inepties de Macron.
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“Not at all, not at all,” the pharmacist said on Tuesday while injecting one vaccine (covid) in my left arm and the other (flu) in the right one. “You won’t feel a thing.” Wrong. Totally.What he meant was that the muscular pains, shivers, fatigue, headqche and sore throat would be much stronger without the vaccines. I just hope the side effects will taper off today.
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A facebook “friend” recommended a book titled Désappartenir – psychologie de la création littéraire (Unbelonging – the psychology of literary creativity) by Sophie Képès which I’ve just read. Inspired by her own less than jolly family history, she explores the influence of childhood trauma on the writing of several authors ranging from Chekhov, Tolstoï, James Joyce, to Marguerite Duras, Joyce Carol Oates…and several others. Such trauma are not hard to find – abandonment, rapes, incest, verbal and physical abuse…
But finally, I mainly note a reflection that occurs early on in the book: although it is undeniable that such events provoked neuroses (call them what you will), many other people were subjected to the same, were deeply marked for life by them…but didn’t become writers for all that. The retention of creative faculties despite the trauma and despite the neuroses they trigger are required for writing to become someone’s privileged mode or expression. I consider this distinction crucial. (I forget in which of his books Jorge Semprun mentions how he finally settled down to writing after hearing another camp survivor describing his hell in such a boring way that he said to himself “no, this just won’t do, that’s not how you should talk about it.”)
Also, despite Chekhov’s terribly painful childhood, what impresses most is the work he produced as an adult.
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Sentence by sentence, tiny pebble by tiny pebble, The Fog Watchmaker moves on. I must say I didn’t expect “the seamstress’s” interpretation of what she calls “the morning of the end of the world.” And if the boy knew about kids, he would compare the old woman’s laughter to their bleating. I’ll probably learn more about it, but for now, I’m going back to bed.