
Loi sur l’immigration :À toutes celles et tous ceux qui ont choisi la France en croyant à ses principes, cette loi inique annonce, non seulement que la majorité de ses élus les renient, mais qu’elle bafoue aussi tous les Français pour qui la France était ce qu’elle affirmait être. L’ennui, pour beaucoup d’entre eux, c’est qu’ils n’ont jamais pris conscience de la fragilité de la bulle dans laquelle ils ont vécu. Le choc sera terrible au réveil.
Je devrais me réjouir d’apprendre que j’aurai encore droit à l’aide au logement parce que ça fait plus de 10 ans que je suis en France ? Me réjouir du fait qu’on découpe les étrangers en catégories, comme des rondelles de saucisson ? Qu’on élève la mesquinerie au rang de valeur nationale prioritaire ?
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Ah, misère. Lundi, une cinquantaine d’enseignants ont manifesté à Albi, en soutien de l’enseignante qui doit être entendue aujourd’hui par le substitut du procureur dans cette sombre histoire d’une plainte portée par des parents selon laquelle elle aura “agressé” leur fils en lui lançant un stylo en plein visage. Plainte qui n’a rien à voir avec les faits, basée uniquement sur la version du gamin dont les parents ne se sont même pas donnés la peine de vérifier avec la maîtresse, laquelle elle n’a reçu aucun soutien de la part de l’inspectrice de l’Académie de Toulouse. Or, l’article dans La Dépêche inverse complètement la réalité: les enseignants auraient manifesté en soutien…aux parents de l’élève en question. Petit rappel des faits : les gamins se lançaient des gommes pendant le cours. Quand leur maîtresse leur a dit d’arrêter, le gamin a dit qu’il ne “lançait” pas sa gomme, qu’il la “passait” à son copain. Voulant démontrer la différence entre “lancer” et “passer”, l’instit’ lança son stylo sur sa table…et le stylo rebondit pour atterrir sur les lunettes du gamin en question, sans lui causer le moindre dommage, ni à ses lunettes. Et les parents de prendre la parole de leur petit chéri, sans vérification aucune, et d’aller porter plainte à la gendarmerie.
Pleurer ne servirait à rien, mais j’ai insisté auprès des enseignantes que je connais qu’une réplique s’impose pour corriger cette mésinterprétation totale de leurs gestes… et de celui de l’instit’. Je déteste que les menteurs s’en tirent sans conséquence et que les innocents doivent supporter leurs injustices. Non seulement ces parents ont-ils contribué à une erreur judiciaire, mais ils ont appris à leur enfant qu’il pouvait raconter un énorme bobard et s’en tirer indemne. Je suis certaine qu’il retiendra la leçon.
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J’ai rêvé de la femme du boulanger dans L’Horloger des Brumes, histoire que je découvre en l’écrivant. C’est toujours comme ça, en fait. Ce sont les mots qui tracent le chemin, qui mènent la danse. Mais qu’est-ce qu’elle était rabougrie, la pauvre habitante de la Vallée des Brumes. De tout coeur, j’espère que son gamin va réussir son évasion, de un, et que le monde qu’il découvrira, de l’autre côté de l’éboulis qui les maintient prisonniers, vaudra la peine des efforts qu’il mettra pour l’atteindre. Au moins aura-t-il gagné la possibilité d’autre chose, ce qui est peut-être ce qu’on peut avoir de plus précieux.
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Immigration Bill : To all those who chose France believing in its principles, this iniquitous law announces not only that its elected members flaunt those principles, but that it also tramples on those native-born French people for whom France is what it claims to be. The lousy part, for many of them, is that they never were aware of how fragile was the bubble in which they lived. The shock will be terrible when they wake up.
As for me, I should rejoice over the fact I will remain eligible to rental assistance because I’ve resided in this country for more than ten years ? Rejoice over the fact foreigners are being sliced into categories like cured sausage? That the lowest forms of pettiness are being raised to the rank of national values?
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Oh, misery. Albi, on Monday, some fifty school teachers demonstrated in support for the teacher who will be heard by the prosecutor’s substitute today based on the murky story of a complaint filed by parents, according to which she would have “attacked” their son by throwing a ballpoint pen in his face. A complaint that has no connection with the facts. Yet, the article in La Dépêche reverses reality completely: the teachers would have demonstrated their support…for the parents of said youngster. A brief recap: the kids were throwing erasers at each other in class. When the teacher told them to stop, this boy claimed he wasn’t “throwing” his eraser, he was “passing” it to his buddy. In order to demonstrate the difference between “throwing” and “passing”, the teacher threw her ballpoint pen on her table…and the pen bounced off and into the boy’s glasses. No harm done to the kid or to his glasses. The parents took their precious darling’s word for it, and lodged a complaint at the gendarmerie.
Crying would be useless, but I insisted to the teachers I know that they must reply and correct this total misstalement of their actions… and of the teacher’s. I hate it when liars get away with it and the innocent have to bear their injustices. Not only have those parents contributed to a miscarriage of justice, they’ve taught their child he can tell a huge lie and get away with it. I’m sure the lesson won’t be lost on him.
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I dreamt of the baker’s wife in The Fog Watchmaker, a tale I’m discovering as I write it. In fact, that’s always the case. The words create the path, the words lead the dance. But oh how stunted she was, this inhabitant of Fog Valley. With all my heart, I hope her kid will manage his escape, for one, and that the world he will discover, on the other side of the landslide imprisoning them will be worth the trouble he’ll take to reach it. At least, he will have gained the possibility for something else, which may be one’s most precious possession.