
Manquait plus que ça: le Times of Israel rapporte que l’armée israélienne a fait des “essais concluants” sur l’efficacité du pompage de l’eau de mer dans les tunnels à Gaza. Assurant, bien sûr bien sûr, prendre toutes sortes de précaution pour ne pas inonder ceux où ils croient que se trouvent des otages israéliens du Hamas, bien sûr, bien sûr. Quant aux substances toxiques, les bombes et autres trucs du genre et leur contamination des sols, quant à la salinisation de ces derniers, quant à leur effondrement éventuel, écoutez, Netanyahou l’a dit: jusqu’au bout sur notre Messerschmidt et que les Palestiniens et le monde en prennent pour leur rhume.
Il pleut là-bas, soit dit en passant. Tentes improvisées, recherche de nourriture, mort, blessures, sentiment d’abandon, perte du peu qu’on possédait…on s’étonne que les Palestiniens ne chantent pas les louanges d’Israël???
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Dans un tout autre ordre d’idées : peut-être est-ce en raison du nombre de nymphes et autres créatures transformées en arbres dans Les Métamorphoses que m’est revenu ce plus ancien de mes souvenirs, un qui date de bien avant la pratique des mots, dans cette petite ville au joli nom de Château d’Eau où j’ai vécu mes premières années.
Je dois être très jeune à l’époque – dans ma première ou au tout début de ma deuxième année de vie. C’est l’hiver car je suis emmitouflée, incapable de bouger. Je suis probablement couchée sur un traineau tiré par un adulte, car mon regard plonge vers le haut, capté par la procession de ces hautes présences vertes qui défilent silencieusement des deux côtés. Des conifères, probablement des sapins, je suppose maintenant. Mais ces mots sont inexistants pour moi à l’époque et sans importance, de toute façon. Ce qui s’imprime, ce sont ces présences silencieuses, vivantes et silencieuses qui défilent, énigmatiques et bienveillants* (évidemment, c’est le traineau qui se déplace et non les arbres, mais là aussi, il s’agit d’explications entièrement postérieure à ce souvenir-sensation-impression.)
*Une heure plus tard, je reviens sur ce texte parce que le mot “bienveillant” me semble inexact – trop fort, d’une certaine façon, les présences l’étant en elles-mêmes, hors de toute expression langagière.
Qui est peut-être à l’origine du choix que j’ai fait de nom pour ma fille – en hébreu, son nom signifie “arbre”.
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Et puis, la lecture hier soir d’un tout petit livre (à peine quelques 150 pages) par Thomas Brail, L’Homme Qui Sauvait Les Arbres * qui lui me ramène à mon lieu de lecture préféré lorsque j’avais dans les 9-10 ans – le grand pin au bord du lac, avec sa disposition de branches parfaites pour s’y installer pendant des heures, le dos appuyé contre le tronc avec ses bercements quasi imperceptibles, le clapotis des vagues et l’odeur du pin…divine, je ne vois pas d’autre mot qui convienne.(Evidemment, cela voulait dire de la résine de pin dans les cheveux et sur les vêtements, mais j’aimais aussi la résine de pin.)
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Hm…et le fait qu’il n’y ait pas d’arbres dans la vallée qu’habite L’Horloger des Brumes…hm… et le gamin de 12 ans du boulanger qui doit recevoir son nom d’adulte durant cette “Saison Claire” ? Double et triple hm…
*Thomas Brail, L’Homme Qui Sauvait Les Arbres, Arthaud Poche, 2022
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As if this needed to be added to the mix: The Times of Israel reports that the IDF’s trial runs of pumping seawater in Hamas’s tunnels have proven successful. Specifying, of course, of course, they are taking all kinds of precautions so as not to flood those where they believe Hamas may be holding Israeli hostages, of course, of course. As for the toxic substances – bombs and other such stuff polluting the soils, as for their salinization, as to their eventual collapse, listen, Netahyhu has said it: we are fighting all the way on our Messerschmidt and may the Palestinians and the rest of the world take this as a toddy for their cold.
It’s raining over there. Improvised tents, the search for food, deaths, wounds, the feeling of abandonment, the loss of whatever little one owned…and people are surprised that the Palestinians are not praising Israel to the skies???
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In a totally different train of thought : it may be the number of nymphs and other creatures transformed into trees in The Metamorphoses that nudged back into recollection this, my oldest memory way before I used words in that little town with the pretty name of Château d’Eau (Water Castle, prettier than Water Tower, definitely).
I must be very young at the time – in my first or at the very beginning of my second year of life. It’s winter I’m swaddled into immobility and probably lying down on a sled pulled by an adult because my gaze is plunged into the sky, caught by the procession of those tall green presences filing by silently on both sides. Evergreens, probably fir trees, I now suppose. But those words were non-existent for me at the time, and unimportant anyway. What is imprinted are those silent presences, living and silent filing by – enigmatic and kindly* (of course, it’s the sled that was moving and not the trees, but here again, these are explanations that occur much later than this memory-sensation-impression. )
*An hour later, I return to this text because the word kindly strikes me as incorrect – too strong, in a way, the presences being thus in themselves, outside all expressive wordplay.
Which may be at the origin of the name I chose for my daughter – in Hebrew, her name means “tree”.
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And then, the reading last night of a small book (barely some 150 pages) by Thomas Brail, L’Homme Qui Sauvait Les Arbres (The Man Who Saved Trees) that brought me back to my favorite reading spot when I was 9-10 years old – the tall pine tree by the lake with its perfect structure of branches allowing to settle in it for hours, the back resting against the trunk with its barely perceptible swaying, the gentle lapping of the waves and the smell of pine – divine, I see no other words that applies. (Yes, of course, this also meant pine pitch in hair and on clothes, but I liked pine pitch too.)
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Hm…and the fact that there are no trees in the valley inhabited by the Fog Watchmaker…hm…and the 12 year old son of the baker who is to receive his adult name during this “Bright Season”? Double and triple hm…