Cette nuit, dans l’un des rêves, je faisais partie de l’équipe de campagne électorale de Zelenskyi; ma tâche consistait à corriger les fautes d’orthographe dans les communiqués. Puis, dans un autre, un inconnu se tenait devant moi avec deux poulets plumés; il m’apprenait qu’il allait les débiter à la scie.

*

Le fait de prendre plaisir à l’incroyable profusion de plumages colorés chez les oiseaux; de chanter en accompagnement au concerto pour violon de Beethoven; de réfléchir aux petits gâteaux qu’on pourrait offrir à des amis pour Noël.

Puis, après un regard sur les informations, le fait de ressentir pire qu’un remord – car quel remord peut-on ressentir devant des plaisirs si peu condamnables ? – non, pire que le remord, l’horrible béance qui s’élargit sans cesse entre l’incontrôlable et le réalisable.

*

Les Métamorphoses d’Ovide. Son Jupiter me fait penser à une sorte d’Elon Musk qui aurait trouvé le secret de l’immortalité.  Qu’en faire d’autre que d’ emmerder les autres  en se payant du bon temps à leurs dépens ?  Mais tous ces dieux et déesses font vraiment une mauvaise réputation à la vie éternelle – quelque chose comme un rave party sans fin à l’Hôtel California – vous savez, celui où on peut régler sa note tant qu’on veut, mais on ne peut jamais partir.

*

Je ne suis pas Juive. Conséquemment, selon le haut rabbinat, ma fille ne l’est pas non plus, malgré son nom tout à fait hébreu et son père, Juif israélien. Si j’étais restée en Israël avec elle, aurait-elle dû faire son service militaire obligatoire? Je crois que oui, bien que je n’en suis pas certaine. Mais ce fut la raison pour laquelle je suis partie, imaginant encore à l’époque qu’il m’était donné d’exercer des choix la favorisant. Quand je pense au poids qui s’est abattu sur les “gauchistes” là-bas – c’est-à-dire, plus simplement, sur des gens qui ne supportent pas de restreindre leur humanité aux autres occupants du camps retranché autour d’ eux – je n’ai rien d’autre à leur offrir qu’un geste parfaitement inutile : allumer à ma fenêtre les huit bougies avec la neuvième, face à une nuit vide de toute activité passante.

*

Non, je n’ai pas de projet défini d’écriture en ce moment. Dans le vide du projet complété et de celui qui n’a pas encore commencé.

In one of the dreams last night, I was part of Zelenskyi’s re-election team; my job consisted of correcting spelling mistakes in the press releases. Then, in another, a stranger stood in front of me, holding two plucked chickens; he told me he would carve them up with a saw.

*

The fact of taking pleasure in the unbelievable abundance of colorings in bird feathers; of singing along to Beethoven’s violin concerto; of thinking about the cookies one might offer friends for Christmas.

Then, after a look at the news, feeling something worse than remorse – because what remorse could there possibly be in such harmless pleasures? – no, worse than remorse, the horrible yawning gap that keeps widening between the uncontrollable and the feasible.

*

Ovid’s Metamorphosis. His Jupiter reminds me of a kind of Elon Musk who would have discovered the secret to immortality. What else could he do with it, if not to screw up others’ lives by having a good time at their expense? But all of them really give eternal life a bad reputation – something like an endless rave party at the Hotel California. You know – the place from which you can check out anytime you wish, but you can never leave.

*

I’m not Jewish. As a consequence, according to the High Rabbinate, neither is my daughter, despite her oh-so Hebrew name and the fact her father is an Israeli Jew. Had I stayed in Israel with her, would she have been called up for mandatory military service ? I think so, although I’m not sure, but that was basically the reason why I chose to leave, back then, still imagining at the time that it was in power to make decisions that would benefit her. When I think of the weight that has landed on the “Leftists” in the country – meaning quite simply, those who do not restrict their humanity to the other occupants of the entrenched camp around them – I have nothing else to offer them but the useless gesture of lighting the eight candles with the ninth one, at my window facing a night devoid of any sign of activity.

*

No, I don’t have a definite writing project at the moment. In that empty space between the finished project and the one still to appear.