8 décembre 2023

C’est dommage de devoir contredire Ovide, mais c’est comme ça. Dans Les Métamorphoses, après le déluge, lui, il ne lui reste pas Noé et sa femme, tous deux âgés dans les 600 ans, pour repeupler la terre. Non, il lui reste Deucalion et Pyrrha, d’âges indéterminés, et le repeuplement se fera en lançant des cailloux derrière eux – les cailloux étant les “os de la Grande Vieille Mère”, selon la déesse Thémis. C’est ainsi que Deucalion interprète l’ordonnance de la déesse, parce que, dit-il : “Ou mon intelligence me trompe ou les oracles religieux ne commandent jamais d’acte barbare.

C’est bien triste à dire mais, personnellement, j’ai plutôt l’impression que c’est franc le contraire : tous affirment que c’est Dieu Lui-même – ou son Messager – qui leur ordonne de trucider tous les autres qui n’ont rien compris. À croire que leur “Dieu” ne sert strictement à rien d’autre et qu’Il n’était même pas foutu de réussir cette fameuse créature “à son image et à sa ressemblance”.

Mais bon. (Je vais piocher dans Les Métamorphoses,* de temps en temps, question d’échapper au présent grâce à la distanciation. La librairie en avait une copie à 8,20€, avec un glossaire pour la liste des dieux, déesses, nymphes et autres “enfants sauvages des nuages“.)

*Ovide, Les Métamorphoses, traduit du latin par Marie Cosnay, Le livre de poche, 2020.

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Inattendu : lors du mini-salon du livre où ne s’étaient présentés que quelques rôdeurs égarés, j’avais remis copie des Contes d’Exil à une visiteuse, une comédienne que je connais depuis des années. Coup de téléphone, hier: je découvre qu’elle fait des lectures à Radio Albigès et qu’elle souhaite en lire des extraits le 14 décembre; ce qui serait suivi d’une entrevue radiophonique en janvier.

J’accepte et je remercie, bien sûr. Je ne sais pas pourquoi, mais je reste toujours étonnée, plus qu’autre chose, quand les Contes trouvent leurs lecteurs. Émue aussi, mais surtout étonnée. Un peu comme si quelqu’un d’autre avait suivi les cailloux du Petit Poucet, en fait.

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Question écriture, pas trop certaine de la direction à suivre. Trop de cailloux sur trop de sentiers, d’une certaine façon.

Et cette question sans réponse : qu’avait donc “vu” Ovide pour que l’empereur l’exile aux confins de l’empire ad perpetuum ? Que trouvait-on à Tomes, Roumanie, en l’an 3 après Jésus-Christ ?

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It’s a pity having to contradict Ovid, but that’s how it goes. In The Metamorphosis, after his Deluge, we are not left with only Noah and his wife, both approximately 600 years old, to repopulate the earth. No, he is left with Deucalion and Pyrrha, of indeterminate age, and the repopulation will occur through the dropping of pebbles behind them – the pebbles being “the bones of the Great Old Mother”, according to the goddess Themis. This is how Deucalion interpret’s the goddess’s order because, he says: “Either my intelligence betrays me or the religious oracles never order the committing of barbarous acts.”

Sad to say but, personally, I rather get the impression that it’s exactly the opposite: all claim that it’s God Himself – or his Messenger ) ordering them to kill off all those others who haven’t understood a thing You’d think that their “God” has strictly no other use and that He was not even able to do a decent job on that creature “in his image and resemblance”.

But there you have it. (I’ll be digging into The Metamorphosis, from time to time, as a way of escaping the present thanks to distancing. The booksotre had a copy for 8,20€, including a glossary for the list of gods, goddesses, nymphs and other “wild children of the clouds”.)

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Unexpected: at the mini book fair where only a handful of lost wanderers had drifted by, I had given a copy of the Tales of Exile to a visitor, an actress I’ve known for several years. A phone call yesterday: I discover she does readings on Radio Albigès, and that she wishes to read excerpts of the Tales on December 14th. This would be followed by a radio interview in January.

I thank her and accept, of course. I don’t know why but I’m always amazed more than anything else, when the Tales find their readers.Touched also, but amazed, mainly. A bit as if someone else had followed Tom Thumb’s pebbles, in fact.

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Writing-wise, not too clear in my mind which direction to follow. Too many pebbles in too many paths, in a way.

And this question with no answers: what was it that Ovid had “seen” that made the emperor send him into exile at the outer limits of the empire, ad perpetuum? What could you find in Tomes, Romania, in the year 3 A.D. ?

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