28 novembre 2023

Mais alors, me dis-je en ouvrant les yeux, d’où viennent les nuages en hiver, quand les arbres n’ont plus de feuilles ?

Je ne connais pas la réponse, évidemment.

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Très long rêve sur le “statut” d’étranger. Car c’est bel et bien un statut, quasi-invisible, si on a la même couleur de peau que le milieu d’accueil et qu’on en parle couramment la langue. Il n’empêche. On n’a pas les mêmes souvenirs d’enfance, ni les références aux événements cocasses ou tragiques du lieu, ni l’habitude du climat spécifique des acquis – sorte de climat intangible qu’on peut imiter à la rigueur, mais sans que l’observateur interne ne cesse de noter tous ces détails qui sont tout simplement des évidences si on est “du lieu.”

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Un des participants à l’atelier d’écriture amène chaque fois des livres et des revues qu’il a lus et ne tient pas à garder. Hier, j’ai ramené à la maison un livre sur la corruption totale des grandes instances traitant du climat et qui ont partie liée avec les industries le plus polluantes. Je l’ai déposé très rapidement parce qu’il ne suffit pas de dire, ni de démontrer, ni de prouver. Le désastre est si énorme que c’est comme nous demander de visualiser 8 milliards de personnes, individu par individu. Et puis, bien sûr, à mon âge, on peut se souvenir du temps où un trajet en voiture résultait en un pare-brise littéralement couvert d’insectes écrasés, mais si on n’a jamais vécu cela ? ou jamais vu un animal qui vivait caché de toute façon, ni vu un lion autrement qu’en cage, comment visualiser ce qui n’est plus ?

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grippe, je crois. Moulue, fiévreuse, pas de cirque aujourd’hui.

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But then, I say to myself upon opening my eyes, where do clouds come from in winter, when the trees no longer have leaves?

I don’t know the answer, obviously.

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Very long dream on the “status” of foreigner. Because it is a real status, quasi-invisible if you happen to have the same color of skin as the new environment and speak its language fluently. Still. You don’t have the same childhood memories, nor the references to the comical or tragic events that took place here, nor are you accustomed to the specific climate of the “known” – a kind of intangible climate one can imitate, if need be but without the observer ever stopping taking note of all those details taht are nothing but obviousness for those “from here”.

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One of the participants in the writing workshop always comes with books and magazines he has read and doesn’t wish to keep. I came home yesterday with a book on the total corruption of the international bodies complicit with the biggest climate polluting industries. I put it down very quickly because the whole point isn’t in saying, demonstrating, proving. The disaster is so enormous that it’s like expecting people to visualize, person by person, 8 billion people. And of course, at my age, you can recall the days when a car ride resulted in a windshield splattered with bugs, but what if you’ve never experienced that? Or never seen an animal that always lived in hiding anyway, or never seen a lion other than in a cage? How can you visualize what isn’t anymore?

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Flue, I think. Aching all over, fever. No circus today.

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