25 novembre 2023

(Alechinsky)

Je recherche un texte que j’ai écrit il y a un mois ou deux de cela – visite à un hêtre dans un sous-bois à St-Antoine-sur-Richelieu, sorte de symphonie de présences silencieuses; texte que j’aimerais bien envoyé à ma fille mais je ne le trouve plus dans mon fouillis – le rangement n’est pas l’un de mes traits caractéristiques. Plus tard, peut-être, si j’arrive à me souvenir du titre que je lui avais donné.

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Sur facebook, mon étonnement ne fait qu’augmenter. Chez mes “amis”, une seule personne fait mention de la libération des premiers otages enlevés par le Hamas. Une seule. Mention que je suis seule à commenter. Me revient un titre de journal lu hier qui mentionnait “the fracking of attention” La comparaison me semble très juste: l’attention dispersée, réduite en miettes comme c’est le cas du sous-sol par la fracturation hydraulique. Rien ne se connectant plus à rien d’autre. Voltiges de bouts de signification sans rapport entre eux.

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Je relis Crime et Châtiment. Puissance et justesse d’évocation.

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Avec Ovda ’80, il arrive que deux ou trois heures de relecture de quelques paragraphes ne donne qu’une seule modification. Le temps que j’y consacre me regarde puisque personne n’attend mes textes. (Surprise l’autre jour en lisant quelque chose publiée chez Folio – de toute évidence, la “correction” avait été faite par…un correcteur informatisé. Ce qui donnait des contresens comme un personnage en train de “lire” plutôt que “rire” et le fameux problème de l’absence d’accord de genre dans les pronoms personnels.)Dire, lire, mire, pire, rire, sire, vire…oui, bof, tu disais ?

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Boisé à l’intérieur d’une érablière. Une sorte de cathédrale, les hêtres élevant leurs fûts à distance les uns des autres. Lumière filtrée. Oreille appuyée contre un tronc. La note des fibres, presque plus basse que la note la plus grave sur une contrebasse.

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I go searching for something I wrote a month or two ago – a visit to a beech grove in the woods of St-Antoine-sur-Richelieu, sort of symphony of silent presence; a text I would have liked to send to my daughter, but I can’t find it in my clutter – order is not one of my defining features. Later maybe, if I can remember the title I gave it.

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On facebook, my astonishment keeps on growing. In my “friends”, only one person mentioned the liberation of the first of Hamas’ hostages. A single one. I was the only person to comment. Which reminds me of a headline read yesterday mentioning “the fracking of attention“. The comparison strikes me as very apt: attention scattered, reduced to crumbs, just as is the case for the soil under hydraulic fracture. Nothing connecting with anything else anymore. Bits of meaning fluttering about, unrelated between themselves.

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I’m re-reading Crime and Punishment. The power and aptness of the evocations.

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With Ovda’80, it happens that I spend two to three hours re-reading a few paragraphs, only to make a single change. The time I spend on it is my own business, no one is waiting for my writings. (The surprise the other day, in reading something published by Folio – clearly, the “correction” had been done by… an automatic system. Which led to nonsense such as a character reading (lire) instead of laughing (rire) and the usual problem of mismatching of genders in the personal pronouns. Dire, lire, mire, pire, rire, sire, vire…ya, whatever, you were saying ?

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A grove inside a woodlot of sugar maples. A kind of cathedral, beech trees raising their shafts at a distance from one another. Light filtering through. Ear up close against a trunk. The note from the fibers, almost lower than the deepest note on a bass.

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