Hier, j’ai rajouté une sorte de post-scriptum à Ovda ’80. Les mots sont ceux de David, le narrateur, et se lisent comme suit :

« וְאָתָא חוּטְרָא והִכָּה לְכַלְבָּא, דְּנָשַׁךְ לְשׁוּנְרָא, דְּאַָכְלָה לְגַדְיָא, דְּזַבִּין 

אַבָּא בִּתְרֵי זוּזֵי, חַד גַּדְיָא,חַד גַּדְיָא.

Puis vint le bâton qui battit le chien 

qui mordit le chat 

qui mangea le chevreau 

que père avait acheté pour deux zouzim

Lundi 20 novembre 2023

Je viens de relire ces notes, retrouvées dans un vieux carton au fond du « placard-débarras » dans la chambre d’amis. Gad, le petit-neveu de Rafi va s’installer dans cette pièce pour quelque temps, question que les esprits se calment un peu chez-lui. Ou pas. 

Sur Canal 12, je viens de visionner le très grand connard du Otzma Yehudit, Almog Cohen, traitant un parent d’otage de « soutien du Hamas » pour son opposition au rétablissement de la peine de mort.

Je ne crois plus du tout à la possibilité d’une réelle sortie de crise.  Je ne vois pas comment tout n’irait pas de mal en pis. 

Il y a 12 ans déjà, le gouvernement avait accepté la libération du soldat Gilad Shalit, détenu par Hamas depuis 2006 , en échange de 1 027 prisonniers Palestiniens. Du nombre, plusieurs – sinon tous – sont maintenant des cadres du Hamas.

Le 7 octobre, il y à peine plus d’un mois, quelques 1 400 Israéliens ont été massacrés à l’aveugle – hommes, femmes, enfants, bébés, tués à bout portant ou brûlés vivants.

Aux dernières nouvelles, Hamas et d’autres groupes terroristes à Gaza détenaient entre 230 et 260 otages – hommes, femmes, enfants de tous âges. Leur  libération n’occupe que la 3e place dans la liste des priorités du gouvernement Netanyahou. Nombre de civils tués à Gaza ? Hommes, femmes, enfants, bébés ? On ne sait plus. Dans la dizaine de milliers ou peut-être beaucoup plus.

Et nos extrémistes religieux nous accusent, nous, les « gauchistes » d’être responsables d’une politique d’apaisement. Alors qu’ils ont financé Hamas pendant des années en s’imaginant que le retour du bâton ne viendrait jamais ? 

Rafi est sorti cueillir Gad à la gare routière. Je suis assis dans le salon devant la télévision éteinte; posés à côté de moi,  le vieux carnet d’arpenteur-géomètre et le cahier épais sur les genoux où je note ce genre de post-scriptum.  

Sur le mur  au-dessus de la télé : La gravure sur zinc du chien battu par le bâton dans le Had Gadia illustré par El Lissitzky.  Le chien qui avait mordu le chat qui avait mangé le chevreau que mon mère avait acheté pour deux zouzim; le bâton frappant le chien, qui sera brûlé par le feu; le feu que l’eau éteindra, que le taureau boira; le  taureau que le shoshet abattra avant d’être abattu à son tour par l’Ange de la Mort.

Et s’il reste encore , quelque part dans l’univers, quelque chose de l’esprit du chevreau que mon père acheta pour deux zouzim, cet atome de conscience sait que nous sommes loin, très loin de l’arrivée du Très Haut qui anéantira  l’Ange de la Mort. »

*

Mais comme on dit: “Ein bayot, ha kol be seder” (Pas de problème, tout baigne.)

*

Yesterday, I added the following post-scriptum to Ovda ’80. The words are those of David, the narrator :

“וְאָתָא חוּטְרָא והִכָּה לְכַלְבָּא, דְּנָשַׁךְ לְשׁוּנְרָא, דְּאַָכְלָה לְגַדְיָא, דְּזַבִּין 

אַבָּא בִּתְרֵי זוּזֵי, חַד גַּדְיָא,חַד גַּדְיָא.

 Then came a stick and beat the dog 

that bit the cat

 that ate the kid 

that father bought for two zuzim.

Had Gadya

Monday November 20 2023

I’ve just read through these notes I found in an old cardboard box at the back of the « junk closet » in the guest room. Gad, Rafi’s great-nephew will settle in this room for awhile, until tempers cool off a bit at home. Or don’t.  

I’ve just watched on Channel  12 that very great piece of shit from Otzma Yehudit, Almog Cohen, calling a relative of a hostage « one of Hamas’ allies » because of the man’s opposition to the re-establishment of the death penalty.  

I no longer have the slightest faith in a real exit from the crisis. I can only see things getting even worse.  

Twelve years ago already, the government accepted the liberation of  soldier Gilad Shalit, held hostage by Hamas since 2006 , in exchange for 1 027 Palestinians. Of that number, some – if not all – are now cadres of Hamas.  

Some 1,400 Israelis were slaughtered at random by Hamas on October 7th – men, women, children, babies, shot, burned alive. In the latest news, Hamas and other terrorist groups in Gaza are holding between 230 and 260 hostages – men, women, children of all ages – and their liberation stands in the third place in the Netanyahu government’s list of priorities. Number of civilians killed in Gaza ? Men, women, children, babies ? We don’t know anymore. In the ten thousand, or perhaps more. 

And our religious extremists accuse us, « leftists » of being responsible for a policy of appeasement when they were the ones financing Hamas for years. Figuring the stick would never come back to hit us ?  

Rafi  has gone off to pick up Gad at the bus station. I’m sitting in the living-room in front of the TV I just turned off; next to me, the old land surveyor’s notebook and the thicker notebook on my knees in which I’m jotting this down as a postscript of sorts.  

On the wall above the TV: El Lissitzky’s  zinc on paper engraving of the dog who bit the cat who ate the kid my father bought for two zuzim in the Had Gadya; the dog then beaten by the stick that will get burned by the fire; the fire that will be quenched by the water the oxen will drink before the shoshet slaughters him, prior to being slaughtered himself by the Angel of Death.  

And if there remains somewhere in the universe something of the spirit of the kid my father bought for two zuzim, that atom of consciousness knows that we are far, very far away from the arrival of the Holy One who will annihilate the Angel of Death. ” 

*

But as we say: “Ein bayot, ha kol be seder” (No problem, everything’s fine and dandy.)