
À la poste qui est aussi la banque, la seule bonne nouvelle, c’est qu’ils ont enlevé les affiches exécrables se proclamant “Ma French Bank”; j’y retrouve trois stagiaires (non payés), une employée et une profusion de bornes informatisées et, à la fin d’une longue transaction, je découvre qu’un envoi en Belgique coûtera plus cher que le livre, l’employée me remet ensuite le bout de papier ci-haut (auquel je dois répondre sur internet, me précise-t-elle.) Ah, l’ingénierie sociale, quel secteur prometteur de croissance éonomique, n’est-ce pas ?
J’y retourne ce matin pour d’autres envois, la charmante personne en Belgique m’ayant confirmé qu’elle est prête à payer 32€ au total pour un livre en coûtant 15€. Que dire, autre que merci, et soigner la dédicace ?
Chose certaine, cela dit, on ne publie pas à compte d’auteur en s’imaginant faire des mille et des cent. Recouvrer ses coûts d’impression et d’envoi, c’est déjà bien – surtout après un beau dérapage sur la première impression. Heureusement, je n’entretenais guère d’illusions ni de gloire ni de richesse en me lançant dans cette aventure.
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Plus j’y pense, et plus je trouve ça dingue. Quoi donc ? Le fait que plus la guerre se prolonge, plus les désastres humains et environnementaux s’accumulent et plus les voix s’élèvent pour que ça s’arrête, je ne sais pas moi, comme par un décret divin. Stop ! Chacun dans sa chambre ! On ne joue plus ! Comme si après pareille accumulation d’horreurs, l’envahisseur accepterait gentiment de se retirer en chouinant qu’on ne l’a pas traité correctement vu tout le désastre qu’il pouvait encore causer, (et qu’il est sûr de reprendre à la première occasion).
Le bon sens serait plutôt de donner un maximum de soutien à l’agressé, mais apparemment quand il s’agit de relations internationales, le bon sens n’est rien d’autre qu’une vue de l’esprit. La seule réaction sensée que j’aie entendu émanant de l’auguste assemblée générale de l’ONU étant le coup de sang du délégué Letton . En même temps, pareille déclaration est une expression de frustration et le ton légèrement amusé avec lequel le président d’assemblée le remercie dit bien comment on peut vouer la délégation russe aux géhennes tant qu’on voudra, “the show must go on”. Les valeurs morales, l’éthique…des notions tellement passées, vraiment.
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Sur facebook ce matin, ce message d’une réfugiée du Haut-Karabakh:
“J’ai pensé mettre le feu à ma maison, mais je n’ai pas aimé – j’ai lavé la vaisselle, je les ai arrangées sur les étagères, comme si j’attendais des visiteurs… Cette année la récolte des (dates) est très bonne
. Les turcs vont les manger. Je leur ai laissé une lettre, je leur ai écrit que dans cette maison vivaient des gens honorables, qui s’en sortaient avec la sueur sur le visage, pour la garder propre. Je les ai suppliés d’arroser les fleurs. »
… a écrit une réfugiée de l’Artsakh – Haut-Karabakh …en septembre 2023…
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At the Post Office which is also a bank, the only good news is that they have finally taken down those detestable posters proclaiming it “Ma French Bank“. I come across three (unpaid) apprentices, one staff member and a slew of computerized self-service machines. At the end of a long transaction where I discover that the cost of mailing to Belgium is more expensive than the book itself, the employee hands me the bit of paper shown above,( a satisfaction survey to be filled out on internet, she specifies). Ah, social engineering, what a promising field of economic growth, yes ?
I’ll be back there again this morning for more mailings, the charming person in Belgium declaring herself ready to pay a total of 32€ for a 15€ book. What else can I say but thank you, and add a carefully-scripted message.
That said, one thing is certain, you don’t self-publish imagining you will rake in a fortune. Covering your printing and shipping costs is already an achievement – especially when you goof badly on the first run. Luckily, I didn’t entertain illusions of fortune or fame when I threw myself into this adventure.
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The more I think about it, the crazier it seems to me. What ? The fact that the longer the war goes on, the more human and environmental disasters accumulate, and the more voices rise up so it will stop, I don’t know, as if by divine decree. Stop ! Each of you back in his room ! No more fun and games ! As if following such an accumulation of horrors, the invader would nicely accept to go home, complaining he wasn’t treated correctly because there was so much more havoc he could create (and that he’s sure to start up again at the first opportunity).
Common sense would rather be to provide maximum support to the attacked one, but when it comes to international relations, common sense is nothing but a mental construct apparently. The only sensible reaction I heard issuing forth from the august UN general assembly was the rant by the Latvian delegate. At the same time, such a declaration is an expression of frustration and the slightly amused tone of voice of the Chair thanking him says how you can damn the Russian delegation to hell all you like, but “the show must go on” .Moral values, ethics… such old fashioned notions.
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This morning on facebook, this message from a refugee from Upper Karabakh :
“I gave some thought to burning the house down, but didn’t like it – I washed the dished, put them on the shelves, as if awaiting visitors …This year the harvest (dates) is very plentiful
. The Turks will eat them. I left them a letter, I wrote that in this house lived honorable people who got by with sweat on their faces, to keep it clean. I begged them to water the flowers.”
… wrote a refugee from Artsakh – Upper-Karabakh …in september 2023…