
Evidemment, une fois récupérées mes copie de Contes d’Exil chez l’imprimeur à Toulouse, j’ai attendu le car de 15h45…à ma librairie préférée, Ombres Blanches. Où je suis tombée sur ce livre; je n’ai pas pu résister lorsque j’ai constaté que la préface était de Iégor Gran, le fils de Siniavski, qui se charge de faire publier le travail d’écriture de son père. Dans sa préface, Gran écrit: “En 1960, quand il écrit Graphomanie et Le Verglas, mon père à trente-cinq ans. Il sait qu’il est en sursis d’arrestation….Dès que le KGB déchiffrera l’identité de l’insolent…Cinq ans plus tard, ils y arrivent enfin. Son procès en 1966 avec son comparse Youli Daniel, a une résonance mondiale. Graphomanie et Le Verglas se retrouvent à côté de lui sur le banc des accusés, dans les plaidoyers surréalistes du procureur général qui cherchent à prouver que ces textes de pure fiction sont de nature à calomnier le régime…Impossible de trouver autre chose à lui reprocher : Andreï Siniavski est une professeur de lettres, spécialiste de Pasternak et de Maïakovski…”*
(Le titre est d’une ironie féroce, en “hommage” aux commentaires lénifiants qu’on peut entendre dans des ateliers d’écriture…)
* Andreï Siniavski, C’est bien écrit ! traduction du russe de Sonia Lescaut, Les éditions du typhon, 2023.
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Métro Argoulets. Avec mon caddie chargé de livres, j’emprunte l’ascenseur jusqu’au niveau de la sortie. Presque arrivée, apparaît au-dessus de moi le visage d’un petit bonhomme dans sa poussette. On se fait des yeux, on se sourit. Les portes s’ouvrent. Une grande et belle jeune femme me dit: “Lucie ! Tu ne me reconnais pas ?”
Ma foi…c’est Sara, la jeune réfugiée albanaise que j’ai eue en accompagnement scolaire, il y a déjà dix ans de cela. Une histoire compliquée comme seules les administrations savent en créer. Elle a finalement obtenu sa nationalité, et se débat toujours avec les papiers pour ses parents; elle fait le boulot qu’elle a toujours voulu faire : aide-soignante dans une résidence pour personnes âgées. J’en suis contente pour elle mais aussi pour les personnes dont elle prend soin. Nous échangeons les numéros de téléphone, elle me fait promettre de la contacter lors de ma prochaine visite à Toulouse. Pendant tout ce temps, bébé Ibrahim, 1 an, me coule des sourires portés sur des yeux de velours.
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Bref rendez-vous en visioconférence cet après-midi avec un représentant anglophone du Kyiv Independent, pour voir en quoi je pourrais leur être utile en tant “qu’ambassadrice” (titre attribué à leur abonnés.)
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Of course, once I’d picked up my copies of Tales of Exile at the printer’s in Toulouse, I waited for the 3:45 bus …at Ombres Blanches, my favorite bookstore. Where I came across this book; I was unable to resist when I realized the preface was by Iégor Gran, Siniavski’s son, who is handling the publication of his father’s work. In his preface, Gran write: “In 1960, when he wrote Graphomania and Black Ice, my father was thirty-five years old. He was in abeyance of an arrest…As soon as the KGB would have figured out the identity of the impudent one…Five years later, they succeeded at last. His trial in 1966 with his sidekick Yuli Daniel resonated world-wide. Graphomania and Black Ice were with him in the box of the accused, in the surrealistic arguments of the prosecutor who attempted to prove that these texts of pure fiction were such as to discredit the regime…It was impossible to find anything else against him: Andrey Siniavski was a literature professor, a specialist of Pasternak and Mayakovski…”
The title (It’s so well written !) is a ferociously ironic take on the kind of soothing praise one can sometimes hear in writing workshops…
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Métro Argoulets. My cart loaded with books, I take the elevator from the train level to the exit. Almost there, appears just above me the face of a little lad in his stroller. We make eyes at each other, smile. The doors open. A tall and beautiful young woman says: “Lucie ! You don’t recognize me ?”
Goodness… It’s Sara, the young Albanian refugee I coached in French, some ten years ago. A complicated story, the kind only administrations know how to create. She’s finally obtained her French citizenship, is still fighting over papers for her parents; she’s in the job she always wanted: nursing aid in a home for the elderly. I’m glad for her, but also for the people she nurses. We exchange phone numbers, she makes me promise I’ll get in touch at my next visit to Toulouse. During this whole time, 1 year-old baby Ibrahim sends me smiles uplifted on velvet eyes.
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Brief videoconference with an English speaking member of The Kyiv Independent this afternoon, to see how I can be of help as an “ambassador” (the title bestowed on their subscribers.)