
Dit simplement, la rédaction, à la demande d’autres personnes, d’une lettre au maire me fait l’effet d’un pensum pour deux raisons. La première: le sujet même de la fermeture des piscines municipales ne me touche aucunement de manière essentielle; la seconde : la lettre elle-même me fait l’effet d’un geste inutile puisque le maire et son entourage feront bien ce qu’ils ont décidé de faire, de toutes façons. Mais j’ai accepté (et les autres étaient bien contents de se décharger du pensum qu’ils venaient d’approuver), alors malgré toutes mes procrastinations, je devrai bien leur remettre le quelque chose promis pour aujourd’hui.
Je regarde les deux valises avec lesquelles je suis arrivée dans ce pays avec une terrible envie de m’en saisir, même vides, et de partir avec puisque, au final, les valises elles-mêmes sont peut-être ce qui représente au mieux une quête à laquelle la seule réponse se résume peut-être au fait de faire route vers ailleurs. Enfant, c’était toujours la meilleure partie : bagages bouclés, ancienne maison disparaissant dans la lunette arrière de la voiture, et ce temps suspendu du trajet vers autre chose. Je ne suis pas très portée sur les racines.
Partir. (Même à la vitesse de l’ escargot ? Même. Pour l’heure, c’est dans ma tête que le déplacement doit se faire. Femme, écris cette foutue lettre, et passe à autre chose.)
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Stated simply, writing upon request a letter to the mayor strikes me as tedious for two reasons. The first: the topic itself of the shut-down of the swimming pools does not move me particularly in any essential way; the second: the letter itself strikes me as a useless gesture, since the payor and his entourage will do what they bloody well choose to do in any event. But I accepted (and the others were most pleased to load off the tedium they had just approved) so, despite all my procrastinations, I’ll have to hand in what I promised for today.
I look at the two suitcases with which I arrived in this country with a terrible urge to grab them, even empty, and to set off with them since, in final analysis, the suitcases themselves are perhaps what best represent a quest to which the only answer is probably summarized by the fact of moving on to somewhere else. As a child, the moving on was always the best part: baggages packed, former home fading away in the car’s rear window, and that suspended time of travelling toward something else. I’m not a strong one for roots.
Leaving. (Even at a snail’s pace ? Even. For now, it’s inside my own head that the leaving must take place. Woman, write the bloody letter and move on.)