
Mardi dernier, à la fin de son premier cours de français, la dame d’Afrique du Sud s’est dite étonnée par la quantité de livres chez moi, quantité pourtant fort modeste comparée à ce dont j’ai dû disposer en quittant le Canada, il y a de cela une vingtaine d’années maintenant. Sous-entendu dans son étonnement: comment, avec des. revenus aussi limités…La réponse est simple: question de préférences et de priorités. Je n’ai pas de voiture, ne fume ni ne bois, sorties restaurant et cinéma rarissimes, je préfère lire, c’est tout.
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De retour d’une réunion hier soir, je me dis que s’il est une chose à laquelle je ne m’habituerai jamais, c’est la manie qu’ont les Français de parler tous en même temps, en toutes circonstances. Résultat: un brouhaha dans lequel personne n’écoute plus qu’une personne à la fois (celle la plus proche) pour ensuite tenter de se lancer dans l’espace sonore général pour capter l’attention des autres. Pas la façon la plus efficace de s’organiser.(De ce magma, j’ai accepté de tenter de produire un texte pour lundi, je ne peux que me souhaiter ‘bonne chance’.)
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Malgré ses multiples ramifications et floraisons, je ne vois aucune raison de croire qu’en tant qu’espèce, nous soyons en train de devenir de plus en plus con. Nul besoin, la coupe étant déjà pleine à cet égard. Mais il semble incontestable que les conséquences de l’accumulation de nos conneries deviennent de plus en plus intolérables. À cela, il n’y a pas d’autre solution que de les assumer, du moins, je n’en connais pas d’autre.
Autant que faire ce peut, le faire en évitant de gaspiller son énergie en rage et indignation impuissantes. Les systèmes et les humains sont constamment à s’adapter aux conditions environnantes. Il en est de même pour la propagande. Trouver les meilleures façons d’en contrer les effets sur soi-même et sur ceux et celles qui nous environnent suffit plus que largement, sans se répandre d’avance en hoquets, camouflets et bafouillages de vaincus.
Contrer le mal, autant que possible. Préserver sa capacité d’apprécier la vie. Refuser d’être dépossédée du plaisir de vivre; respecter son droit et celui des autres de vivre dignement, douleurs et chagrins inclus. Vivre, quoi.
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Last Tuesday after her first French lesson, the lady from South Africa said how surprised she was by the quantities of books at my place, quantities I consider quite modest considering the books I had to dispose of when I left Canada some twenty years ago. Implied in her reaction the question of how I manage with my limited income…The answer is simply a matter of preferences and priorities. I don’t own a car, don’t smoke or drink, restaurant and cinema outings are rare, I prefer reading, that’s all.
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Back from a meeting last night. If there’s one thing I’ll never grow accustomed to, it’s the habit the French have of talking all at the same time. As a result: you manage to communicate with your closest neighbor, after which you look for an opportunity in the general hubbub to break into the racket to grab the attention of others. Not the most efficient way to organize. (I’ve accepted the task of producing a text for Monday, out of all the flow. Best of luck to me is all I can say.)
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Despite its many ramifications and blossomings, I see no reason to believe that, as a species, we are becoming more and more stupid. No need, the cup already overfloweth in that regard. But it is undeniably apparent that the consequences of accumulated stupidities is becoming more and more intolerable. To this, there is no other solution than to bear up, at least, I know of no other.
As much as possible, bearing up while avoiding to waste one’s energy on rage and powerless indignation. Systems and humans are constantly adapting to prevailing conditions. The same holds true for propaganda. Finding the best ways to counter its effects on one’s self and on those around us is more than enough without spilling over in the blubberings, snubs and chatterings of the vanquished.
Opposing evil, as much as possible. Preserving one’s ability to appreciate life. Refusing to be dispossessed of the pleasure of living, respecting one’s right and that of others to experience pains and anguishes with dignity also. Plain old living, in other words.